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Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) se "prépare" pour 2012

25 mai 2010, 16:38

Nathalie Arthaud, le visage intello de LO

Vendredi 13 Mars 2009

Pour succéder à la mythique Arlette Laguiller, Lutte ouvrière a choisi une prof jeune et jolie. Mais pas moins doctrinaire.

de Mariana Grépinet

A Lutte ouvrière aussi, on croit au changement dans la continuité... Le 8 décembre dernier, lors d’un conseil national tenu à huis clos, Nathalie Arthaud, 39 ans, prof agrégée enseignant l’économie et la gestion à des élèves de terminale technique du lycée Albert-Camus de Rillieux-la-Pape, était nommée porte-parole de son parti. Elle succédait ainsi à Arlette Laguiller, 69 ans le 18 mars, retraitée, ancienne employée du Crédit lyonnais. Entre les deux femmes, la ressemblance va bien au-delà de la coupe de cheveux. Pour toutes les deux, le communisme révolutionnaire reste une idée neuve. Il n’est marqué ni par les rides ni par la complaisance. Ainsi, nous annonce Nathalie Arthaud, pas question pour elle de s’allier avec les autres forces d’extrême gauche pour les prochaines élections européennes qui vont marquer son entrée dans la vie publique.

Quand elle était petite, elle rêvait de devenir coiffeuse. Alors, les remarques sur sa coupe toujours comparée à celle d’Arlette la font sourire plus qu’elles ne l’agacent. Quand elle nous ouvre la porte de son deux-pièces dans le centre-ville de Vaulx-en-Velin, Nathalie Arthaud a soigné son look : un petit haut vert pomme assorti à une veste en velours et à un foulard chatoyant. Deux pans de mur de son salon sont couverts de livres, surtout des romans, classés par pays. Ses goûts se révèlent plutôt éclectiques, de Kundera à Carlos Fuentes en passant par Victor Hugo et le « très rafraîchissant » Prévert, ou encore Tom Wolfe, Marjane Satrapi et Tracy Chevalier. Et les classiques du marxisme, dans tout ça ? « Rangés dans ma chambre qui fait office de bureau », nous rassure-t-elle. Une vraie « petite bibliothèque de travail », avec, pêle-mêle, Engels, Lénine, Rosa Luxembourg, Jules Guesde, Victor Serge et même le dernier ouvrage de Besancenot sur le NPA... Elle n’écrit pas encore, ce qui ne l’empêche pas de « rédiger beaucoup » : discours, prises de parole... Sur la table basse faite de planches de récup, deux vachettes colorées, souvenir d’un voyage au Mexique. A côté, un grand miroir à l’ancienne, posé à même le sol. Un fauteuil beige Ikea et deux canapés dégotés dans une brocante et retapissés par une amie de la famille, « une ouvrière de chez Jourdan, licenciée, très douée de ses mains ». Apposé sur l’un d’eux, un tableau offert par un copain, représentant les grèves de 1995 contre le plan Juppé, les toutes premières de la jeune prof d’éco.

Nathalie a passé son enfance à Peyrins – un village de la Drôme, près de Romans – avec son père, garagiste, sa mère, « qui lui donnait un coup de main à la comptabilité », son frère et sa sœur. A la maison, on ne parle pas politique. La bonne élève qui a toujours aimé l’école découvre Lutte ouvrière au lycée. Elle a 18 ans. « J’étais révoltée, attirée par l’humanitaire », se souvient-elle. Elle dévore le « Manifeste du parti communiste » et, convaincue qu’il faut changer la société, s’engage. « Militer, ça voulait dire distribuer des tracts, organiser des réunions, vendre le journal, coller des affiches... Enfin, c’est vrai qu’aujourd’hui je ne colle plus trop d’affiches. » En 2005, elle est désignée porte-parole du parti pour la région Rhône-Alpes. Puis elle remporte haut la main l’espèce de compétition organisée entre les différents représentants régionaux.

Depuis quatre ans, elle siège aussi au conseil municipal de Vaulx, dirigé par les communistes. Elle aime cette ville accueillante, qui ne compte pas moins de quarante nationalités et 60 % de logements sociaux, et apprécie la « bonne entente » avec les élus du PC dont elle partage les problèmes « de gestion du quotidien », ou « comment maintenir l’existant quand l’Etat supprime les financements ». Elle vit à un jet de pierre du quartier du Mas-du-Taureau, un des plus défavorisés de la banlieue lyonnaise. « Ce n’est pas le quartier de barbares qu’on voudrait faire croire », décrit-elle en pointant les tours et en regrettant que la cité ne soit pas desservie par le métro.
Fan d’Amy Winehouse et d’Ayo

Elle fête aujourd’hui ses 39 ans et en paraît presque dix de moins lorsqu’elle souffle ses bougies, entourée de quelques amis, tous adhérents de LO. Depuis deux semaines, elle jongle avec les meetings à travers la France et ses cours d’économie et gestion dispensés aux terminales, section technique, du lycée Albert-Camus à Rillieux-la-Pape. « Je me sens bien dans mon enseignement. On a les élèves le plus en difficulté. Ce sont les plus curieux et, en même temps, ceux qui rejettent le plus l’école », insiste-t-elle. Le proviseur, Jacques Laprée, se réfugie derrière son devoir de réserve, mais couvre d’éloges cette enseignante « qui, au-delà de ses idées politiques, transmet de vraies valeurs aux jeunes ». Avec « trente-trois élèves par classe et un programme à assurer », Nathalie n’a pas le temps de leur parler politique. Depuis qu’elle est médiatisée, ils commencent à lui poser des questions, lui demandant par exemple si les journalistes lui transmettent les questions avant de l’interviewer ! Le grand événement de la semaine précédente, c’est l’apparition d’une marionnette à son effigie dans les « Guignols de l’info » sur Canal +. Elle ne s’attendait pas à ce que ce soit si rapide. « C’est un investissement, glisse-t-elle avec un sourire espiègle. Ils doivent penser qu’ils vont pouvoir l’utiliser pendant quelques années... » Coïncidence amusante, elle avait visité avec une classe les coulisses de l’émission lors d’un voyage à Paris.

Fan d’Amy Winehouse et d’Ayo, son dernier coup de cœur musical, la nouvelle porte-parole de LO est une sportive qui aime courir autour du lac de Miribel et, surtout, jouer collectif. Au volley-ball, lorsqu’elle était au lycée en section sport-études en aviron, et en politique évidemment. « Comme le veut la tradition », elle reverse à son parti les 116 euros d’indemnités qu’elle reçoit au titre de conseillère municipale. Professeure agrégée, elle gagne 2 100 euros net par mois : « Je ne fais pas partie de la frange la plus exploitée des travailleurs, admet-elle, mais je me sens travailleuse – travailleuse intellectuelle – comme des millions d’autres. » Même si son engagement lui prend beaucoup de temps, presque tout son temps, en vérité, elle continue à avoir une vie en dehors du parti.

Si elle n’est pas mariée, c’est parce qu’elle préfère l’union libre. Et si elle n’a pas d’enfant, parce que, « honnêtement, dans l’immédiat, ce ne serait pas tenable », elle n’a pas fermé la porte à cette éventualité.

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