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> Communiqué suite à l’accident d’Avricourt du 7-11 lors du blocage du train de déchets nucléaires

15 novembre 2004, 21:19

A la mémoire de Sébastien L’Union Locale CNT de Nancy et ses environs s’associe à la douleur des proches de Sébastien Briat tué dimanche 7 novembre au cours d’une action contre le transport de déchets nucléaires.

Sébastien, militant antinucléaire, était pleinement investi dans la création de la section étudiante du syndicat CNT-éducation de Nancy. Aussi, c’est avec douleur que nous saluons la mémoire d’un de nos jeunes militants. En dépit des circonstances, l’UL CNT dénonce le transport de matières dangereuses qui se systématise et se banalise, raison pour laquelle les militants, dont Sébastien, avaient organisé l’action de blocage du train nucléaire. L’UL CNT dénonce les conditions de sécurité du convoyage, conditions soit-disant maitrisées, ainsi que l’obstination des gouvernements à poursuivre sur la voie du nucléaire. UL CNT Nancy et ses environs.

Ce texte n’est ni une confession, ni une agression, nous voulons seulement rétablir la vérité des faits. » Cinq jours après la mort de Sébastien Briat, le militant antinucléaire, 22 ans, tué dimanche près d’Avricourt en Meurthe-et-Moselle lors d’une action contre un train de déchets nucléaires se rendant au centre d’enfouissement de Gorleben (Allemagne), ses camarades ont décidé de raconter les circonstances de l’accident. « La part de responsabilité de chaque protagoniste doit être établie. Y compris la nôtre », écrivent-ils dans un communiqué transmis à Libération.

Leur version contredit la thèse du procureur de la République de Nancy, Michel Senthille, selon laquelle Sébastien Briat se serait enchaîné aux voies via un tube glissé sous le rail et n’aurait pu se libérer à l’arrivée du train qui roulait, d’après les premiers éléments de l’enquête, « à environ 100 km/h ». « Sébastien a été percuté alors qu’il quittait les rails. Son bras n’est pas resté bloqué à l’intérieur du tube », assurent les militants. « Contrairement à ce que ce drame peut laisser transparaître, en aucun cas notre acte n’était irresponsable et désespéré », insistent-ils. « Cette action était non-violente, réfléchie et volontaire », « parfaitement planifiée », et respectait « des procédures d’arrêt éprouvées ».

Entraînement. Treize personnes y ont participé, dont trois qui avaient déjà bloqué un convoi, en novembre 2003, à quelques kilomètres du lieu de l’accident. Le groupe avait repéré deux sites (dans la Meuse et à Avricourt). Ils ont choisi le second, après avoir pris connaissance de l’itinéraire du train affrété par la Cogema, et se sont répartis en trois groupes : 3 « guetteurs » postés à 15 km d’Avricourt, 2 « stoppeurs », munis de fumigènes placés 1 500 m avant l’endroit retenu pour immobiliser le train et 8 « bloqueurs ». Ces derniers se sont cachés en lisière de forêt après avoir dissimulé dans le ballast les tubes permettant à quatre d’entre eux de s’enchaîner. Le dispositif était placé à la sortie d’une courbe, avec une visibilité réduite à 250 m : « Cet endroit était plus dangereux que d’autres, mais nous nous étions entraînés à une évacuation d’urgence de l’ordre de quelques secondes. »

Quelques minutes avant l’accident, les guetteurs ont vu passer le convoi précédé par l’hélicoptère d’escorte. Mais, alors que les actions des militants antinucléaires sont fréquentes dans ce secteur, l’appareil, qui venait de passer deux heures à survoler le train immobilisé par un blocage réussi à Laneuveville-devant-Nancy, a cessé sa surveillance pour se ravitailler en carburant. Les stoppeurs, qui comptaient sur lui pour les avertir de l’approche du train, ont été surpris et, « comme il était convenu, [ils] ont renoncé à arrêter le convoi car il était accompagné de véhicules de gendarmerie le précédant à vive allure sur le chemin les séparant de la voie ».

« N’ayant pu être arrêté par les militants, ni averti par l’hélicoptère », le conducteur du train a découvert les manifestants au dernier moment. Démenti. Selon ses camarades, Sébastien Briat, allongé au milieu des voies, aurait pu se relever avant d’être percuté ou happé par la locomotive. « Nous n’étions pas cadenassés et nous avions la possibilité de nous dégager rapidement de ces tubes. Sébastien a réussi à sortir. Il y a une enquête ouverte, elle ira dans le sens de la vérité », affirment les militants, qui devraient être réentendus par les gendarmes. Injoignable vendredi, le procureur de la République avait démenti mardi cette version, qui n’était alors qu’une rumeur : « 

Tout permet de penser qu’il n’a pas pu se libérer du dispositif. » « Nous n’avons pas décidé d’arrêter ce train par immaturité ou par goût de l’aventure, concluent les militants. Sébastien n’est pas mort au volant en rentrant ivre de discothèque, mais en agissant pour faire entendre ses convictions. Et c’est sans conteste pour cela que son décès ne sera jamais, pour nous, un fait divers. »

Union Locale CNT de Nancy