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Pour une guérilla sociale durable et pacifique (par Philippe Corcuff)

3 novembre 2010, 07:43, par Copas

texte assez réac et consistant à repousser tout ce qui peut être efficace.

Nous rangerons donc notre ami parmi ceux qui sont pour tout sauf la grève générale, sa préparation méthodique (en en donnant une version caricaturale)

la prise en compte des difficultés à la préparation, la centralisation organisationnelle, devient une ode aux faiblesses du mouvement actuel.

La comparaison avec le Mai rampant italien est aussi prématurée que la comparaison avec le Mai 68 français, car pour l’instant nous ne connaissons nullement la durée de ce mouvement.

Et ce n’est pas ainsi qu’il faut construire, l’adversaire n’a pas la même pugnacité.

la question de l’unité et de l’organisation du mouvement est traitée de la pire des façons, c’est également là, après le "tout sauf la grève générale" en "tout sauf l’organisation démocratique, unie et centralisée"

Mais l’insistance sur la pluralité du mouvement n’est-elle pas contradictoire avec le souci d’« unité » ? Peut-être que notre façon habituelle d’envisager le rapport entre le commun et le pluriel, à partir du vocabulaire de « l’unité », de « l’unification », voire de « la centralisation », est également inadaptée. Cela tend à écraser le Multiple sous hégémonie de l’Un.

C’est à dire que les faiblesses de l’organisation du mouvement social sont érigées en vertus, laissant en cela les questions de centralisation du mouvement, seules à même de faire plier l’adversaire, entre les mains de petites équipes directionnelles des syndicats, largement inadaptées, qui ont jeté dans le mur depuis 20 ans le mouvement populaire.

Personne ne croit que les choses sont aisées, mais si il y a une faiblesse du mouvement à compenser c’est bien son organisation unitaire, démocratique et centralisée dans l’action afin d’étendre le mouvement et de ne pas faire en sorte que des secteurs partent les uns après les autres ou que plus personne ne bouge car chacun attendant l’autre.

Ce texte est un condensé de ce qu’il ne faut pas faire, il est réducteur et enfermant le mouvement sur ses interdits (pas de grève générale, pas de centralisation du mouvement, etc).

Les tentatives actuelles de centralisation, de coordinations des AG, des équipes intersyndicales, les batailles justement pour favoriser ce qui a manqué et qui manque encore, vont à l’inverse de l’esprit de ce texte.

Tentatives de partages des ripostes idéologiques, de circulation des infos (nous sommes toujours en deçà et l’info ne circule pas (pour l’anecdote, à un moment du mouvement , des cheminots ont repris le boulot à certains endroits parce qu’ils pensaient être isolés au moment même ou des centaines de boites du privé annonçaient leur participation, montrant en cela que l’info ne circule pas du tout sur l’essentiel).

La coordination réelle, la centralisation de la bataille sur tous les plans est un enjeu et un travail à effectué pour gagner.

Nul ne sait si il est maintenant trop tard sur cette bataille, il y en aura d’autres alors qui s’appuieront sur ce mouvement là pour partir encore plus haut. Encore faut-il partir de ce qui se passe pour travailler sur les faiblesses.

Notre ami tacle sur tout ce qui peut faire progresser.

Les termes de guérilla sociale et durable font très rouge dans le décor, mais au détail le texte est une panoplie de l’endiguement et du contingentement du mouvement social.

Travailler dedans c’est des fois ramer à contre-courant des phénomènes dés-agrégateurs.

La prise en compte des obstacles qui pour l’instant barrent la route à la victoire ne doit pas ériger ces faiblesses en vertus.

Un très très très mauvais service au mouvement social est rendu par cette orientation, même si on peut en comprendre l’impressionnisme et la compréhension des difficultés rencontrées.

Unir et centraliser est un enjeu majeur , c’est une bataille. Il faut la gagner . Que cela se fasse par la démocratie et l’action tombe sous le sens, mais il n’en demeure pas moins que qui ne centralise pas n’a rien au final, car d’autres s’en occupent .

Ne pas avoir cette volonté c’est estimer naturel que la centralisation se fasse par des équipes dont justement les limitations et les faiblesses sont connues.

Le pouvoir de la base ne doit pas s’arrêter en bas !