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Quimper. La CGT et la CFDT déplorent le blocage de Carrefour

15 novembre 2010, 15:01

C’est marrant certains commentaires qui s’arrogent l’apanage de la connaissance de la réalité des hyper et super, des travailleurs là bas..

...moi, par exemple, il semble évident pour certains que je parle sans connaître...

On pourrait en parler longtemps et beaucoup mais hélas mille fois hélas je n’y connais rien, moi, aux réalités salariales et syndicales de ces lieux d’exploitation... remarque certains ici pourraient nous édifier sans doute, par leurs connaissances, et leurs analyses, non ?

J’ai jamais participé à rien ni rien fait comme actions syndicales, ni dans ma branche, ni ailleurs, j’ouvre ma grande gueule sans savoir , c’est sûr, là encore...

Je vois moi , au contraire de ce que disent certains dans ce fil une discussion plutôt intéressante, avec deux ou trois conceptions du syndicalisme et de l’action de classe frontalement opposées et qui me semblent irréconciliables. Je mets de côté les quelques provocateurs habituels qui ne sont là anonymement que pour foutre la merde et casser de la cégète parce que c’est tellement bon, ou ceux qui viennent défendre leur boutique (on attaque la gé-ni-ale idée du NPA local donc, on sort les gri-griffes hein)...

Mon pivot militant ça a toujours été de faire en sorte de travailler sur le long terme, de faire changer les consciences, de parvenir à rendre confiance aux salariés, avant tout en eux mêmes et dans l’action de masse car seule l’union la plus majoritaire possible des salariés d’une boite, sur la base de revendications les plus élevées et les plus réfléchies, construites, par les salariés eux mêmes, fait la force face aux patrons et à leurs clébards, pour qu’ils s’investissent de plus en plus , se prennent en main, pour qu’un jour dans la boite on puisse avoir une grosse mobilisation, quand de besoin, jusqu’à présent ça a toujours mieux marché qu’autrement.

Évidemment ce n’est pas toujours très gratifiant en terme d’ego révolutionnaire, mais ça l’est beaucoup pour l’avancée de la conscience de classe dans des endroits qui sont des déserts syndicaux.

Et j’ai beau lire et relire les commentaires qui tentent de justifier cette action, je ne comprends toujours pas leur façon de concevoir la lutte de classe sur les lieux d’exploitation.

Je ne vois que du blabla , des principes vagues, des envolées lyriques , aucune réponse concrète, pour des gnes qui pourtant prétendent connaitre les réalités de ce type de boite, c’est souvent un peu court, et pourtant certains proposent d’avoir une "vraie discussion" sur le sujet, mais ne mettent pas leur proposition à exécution, c’est fort dommage. Je suis pour ma part tt a fait d’accord pour l’avoir !

Par contre j’ai trouvé cet article , intéressant :

Contre la loi sur les retraites et le travail les jours fériés, des manifestants ont empêché les clients de passer, pendant plusieurs heures, hier. De quoi déclencher la fureur des commerçants.
Reportage

Manifestants mécontents

Colère. Tout le monde est en colère au centre commercial Carrefour, hier matin. D’abord, les soixante-dix manifestants qui bloquent tous les accès avec des feux de palettes et des caddies entre 9 h et 12 h. Membres du nouveau parti anticapitaliste (NPA), force ouvrière (FO), Solidaires, confédération nationale du travail (CNT) ou simple militants « non affiliés », ils fulminent contre « la loi sur les retraites », « la haute finance », « le gouvernement », « le climat social dégradé », « le travail le dimanche », « le volontariat déguisé imposé par la grande distribution les jours fériés »...

Commerçants horripilés

Le problème, c’est que leur courroux rend furieux à leur tour les commerçants indépendants du centre commercial. « Comment on fait, nous ?, tempête Stéphane Le Carreres, gérant de la cafétéria Casino. Nous allons perdre toute la marchandise préparée ce matin. J’ai huit salariés. Payé double et contents de venir. Les empêcher de travailler, c’est grave ! » « Ces gens-là, ils croient toujours avoir raison ! On ne peut pas discuter avec eux », enchaîne, tout autant affligé, Alan Le Valligant, boucher traiteur. Hors d’eux, ces deux commerçants préfèrent fermer boutique pour la journée.

Caissières dépitées

Plus loin, le directeur du Carrefour, Guy Le Goec, bouillonne lui aussi. Il rappelle que « la vingtaine d’hôtesses de caisses qui travaillent aujourd’hui sont volontaires. » Vrai ?

« Vrai, confirme l’une d’entre elle. On a le choix. Alors je ne comprends pas très bien pourquoi ils font ça. Il y en a qui se sont levées tôt ici ce matin, vous savez. Pour rien. C’est malheureux. » Une de ses collègues nuance : « C’est vrai, on est volontaire, payé double et on a même la possibilité de rattraper la journée. Mais ce n’est pas toujours le cas. Alors, moi, je suis plutôt contente. Bloquer, c’est le seul moyen de faire ch... »

Employé solidaire

Même discours de l’employé d’un autre commerce, chiffonné de devoir travailler ce 11 novembre : « Je bosse parce que le patron nous a dit « vous bossez aujourd’hui », point barre. Je n’ai rien choisi. Alors je suis d’accord avec les manifestants. C’est toujours les mêmes qui profitent et les petits qui trinquent. »

Clients partagés

Colère, colère... Du côté des clients aussi, ça barde. Beaucoup font demi-tour en constatant les blocages aux ronds-points. Mais d’autres décident de franchir les barrages à pied. Là encore, il y a ceux qui partagent l’exaspération des manifestants à l’égard des injustices sociales qui secouent le pays. Et ceux qui se rangent plutôt du côté des commerçants excédés. « Si ça m’énerve ? Oui, ça m’énerve !, s’empourpre une dame. Qu’on agisse d’accord, mais qu’on bloque un pays, c’est inadmissible. Il y en a qui ont envie de travailler. La France va mal, Monsieur ! »

Il y a de l’irritation dans l’air. Du vent et de la pluie dans tous les esprits. Même le ciel, dehors, s’y met. Tout le monde est en colère... Même si tous les poils ne sont pas hérissés dans le même sens.

http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Colere-a-tous-les-rayons-chez-Carrefour-hier-_-1583747------29232-aud_actu.Htm

Je note donc deux choses qui confirment ce que je pense dans ce reportage (aussi valable comme article que celui qui démarre ce fil, n’est ce pas (c’est la même source ! Ouest france ne peut pas être accepté quand il déchire la CGT et rejeté quand il dit des choses qui dérangent certains "bloqueurs", non ?) :

Évidemment on ne peut pas être dupe du volontariat des caissières présentes. Non pas qu’il soit forcément contraint par la force, mais il l’est par la nécessité économique. On ne va pas, j’espère, s’engrainer là dessus et me faire dire ce que je n’ai pas dit, les réalités sociales de ces travailleurs je les connais, nos difficultés à les mobiliser et à les entraîner dans l’action aussi...

Point positif, je trouve : il existe manifestement un petit terreau pour monter des actions
+ de masse et concertées avec les salariés et du Carrefour et du centre commercial.

Il y en a manifestement dans le Carrefour (mais ça on le savait puisqu’il existe au moins deux sections syndicales), et il y en a (combien et à quel stade ?) dans les commerces de la galerie marchande qui peuvent même le cas échéant être "adhérent isolés" via les UL.

Le reportage montre que cette action a en effet été incomprise par certaines salariées du Carrefour, la plupart des personnes citées du Carrefour parlant bien de volontariat (en nuançant à l’occasion comme la deuxième caissière interviewée), d’autres appuient moralement le blocage (le salarié dans un commerce extérieur au super) MAIS ne poussent pas le curseur jusqu’à l’engagement et au soutien actif (pareil pour les caissières).

DONC je maintiens :

 il n’y a eu AUCUN salarié de la galerie ni du Carrefour participant, ce qui me pose donc bien un gros problème quant à la réalité de l’action militante au long court sur cette zone (voire, le cas échéant, les actions des UL , contrairement à ce qu’insinuent certains ici je ne cherche pas à défendre "mon syndicat" à tout prix).

 en termes de "bénéfices" syndicaux et de lutte de classe, cette action me semble quasi nulle : incompréhension de certains salariés, soutien moral passif mais sans engagement d’autres, sans lien sur le site dans son ensemble...ce qui me pose un problème qu’on rencontre dans de nombreux endroits de ce genre, sur la question des "syndicats de sites", des unions syndicales, des unions locales, de la place des sous traitants et sous traités etc....

Ah oui , tout ça, la question de "comment on organise le syndicalisme aujourd’hui sur des "sites"", ce sont des questions chiantes et très difficiles à résoudre mais je ne vois pas comment ce type d’action nous fera progresser dans le bon sens car elles n’apportent aucun début de réponse.

 je dirais pour finir et revenir à ces deux conceptions du syndicalisme qui s’affrontent ici : que veut on ? faire progresser les consciences de classe, favoriser l’émancipation des travailleurs par eux mêmes, ou favoriser la lutte par délégation/procuration ?

Nous avons eu cette discussion au cours d’un congrès des syndiqués du commerce et des services récemment justement ; c’était pendant la lutte contre la réforme des retraites, certains camarades proposaient que tous les délégués présents aillent en délégation au MEDEF. D’autres (et parmi ces "autres" oh incroyable, des caissières !!) leur ont fait justement remarquer que ce genre d’action ne servait à rien et qu’au bout de plusieurs semaines de conflit sur les retraites, ils n’avaient toujours pas réussi à faire dans leurs boîtes ne serait ce que des heures de débrayage plusieurs fois par semaine, ni même de grève suivie, et que le mieux serait de commencer par là. Qu’on ne pouvait pas se défausser du travail (chiant et dur) dans sa boite ne faisant des a"actions coups de poing" isolées et sans les principaux concernés... J’étais là en observatrice "invitée", sur deux jours, j’ai écouté, c’était très intéressant et les paroles de tous ces salariés syndiqués m’ont beaucoup interpellée.

Avec cette action ,il me semble qu’ on est complètement dans la deuxième conception du syndicalisme, celle qui nous a justement foutu dans la merde pour les retraites, la lutte par procuration, et comme toujours, donc, dans ces cas là, je suis contre. Ni lutte par délégation, ni mépris de la démocratie ouvrière et syndicale ne nous sortiront de l’ornière dans laquelle nous sommes.

LL