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Quimper. La CGT et la CFDT déplorent le blocage de Carrefour

15 novembre 2010, 19:03

Je dis que c’est impossible : Il faudrait que presque TOUS participent, sinon, ils sont morts ! Et combien de militants auront été virés avant de parvenir à regrouper 20% du personnel ?

Désolée, encore une fois, je suis en désaccord profond avec ce que tu dis.

C’est drôle d’ailleurs que finalement tu me fasses la leçon avec peu ou prou les mêmes arguments qu’un Chérèque sur les salariés qui ne peuvent pas se permettre de faire grève et de perdre u n ou deux jours de salaire etc etc. (mais qui se garde bien avec son syndicat bidon, de mettre en œuvre de quoi rendre possible d’autres actions là où on pouvait genre débrayage, grèves tournantes etc).

Au sacro-saint "principe de réalité" qu’avancent tous les réformards et collabos pour SURTPOUT ne rien faire en planquant leur manque de classe derrière la vie des autres, je préfère opposer le pragmatisme et l’efficacité vers des objectifs atteignables, même si parfois c’est difficile, pour avancer, patiemment. La Lutte, sa qualité ,son organisation ne se mesurent pas en nombre de semaines mais en années, en décennies même.

Si tu as raison de souligner qu’on ne déclenche rien en terme d’action type grève ou blocage si on n’a pas au moins 20 % des salariés avec soi de façon "sûre", c’est du suicide on ne peut pas faire ce genre d’action tu as tort sur ton défaitisme, et cela signe pour moi un manque de pratique syndicale quotidienne ou de formation militante ou les deux, désolée de te le dire , car n’ y a t il a RIEN d’autre à faire en attendant de pouvoir les construire, ces 20 % et plus de lutteurs qui pourront un jour, bloquer le Carrefour avec des soutiens extérieurs ?

Tu ne crois pas que tout est lié ? Action quotidienne de terrain, de longue haleine, et augmentation de la syndicalisation, élévation du niveau de la lutte ?
Surtout dans des périodes d’accélération des luttes comme celle que nous traversons, qui sont des moments opportuns pour faire adhérer et former "sur le tas" !

BIEN SUR, le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui c’est que majoritairement, dans de très nombreux endroits, ces 20 % de syndiqués militants soit nous ne les avons pas (et pourquoi, hein ?....) soit nous les avons largement, mais ils sont tournés vers la collaboration de classe et le "dialogue social". Bien sûr ! On n’a pas ce qu’il faut pour lutter au moment où nous en aurions besoin. Merci, oui, si c’est ce que tu dis, je crois que tous les militants engagés sérieusement dans la dernière lutte qui a eu lieu (et a encore lieu à certains endroits de façon consistante) s’en sont rendus compte.

N’importe quel militant sérieux peut le faire, ce constat.

Mais il serait intéressant de l’analyser aussi, de se demander d’où ça vient et ce qu’on peut faire pour pallier à cette situation dramatique, essayer d’en sortir.

En favorisant la lutte par délégation ? En disant, comme toi, "20 % de grévistes dans ce genre de boites ce n’est pas possible" ? C’est FAUX et archi FAUX, il y a des Carrefour, des Monoprix...où récemment, on a vu exactement l’inverse de ce que tu dis ! On a vu aussi récemment la lutte des employés de la boulangerie Paul dans un centre commercial de la région parisienne, et j’en passe.

Alors s’il te plait, ne dis pas "ce n’est pas possible". C’est trop FACILE de le dire. Ce qui est DIFFICILE c’est de lutter contre la difficulté justement ,sans baisser les bras. Ça on est d’accord ! Mais si notre tache était facile nous serions 50 ou 80 % de salariés syndiqués non ?

Si on suit ton raisonnement, mon cher Philaouer, cela signifie qu’il faut faire une croix définitive sur le développement du syndicalisme dans TOUTES les PME et TPE du privé et notamment des commerces et des services où il n’existe pas de syndicat ou alors pas de syndicat "fort" (c’est à dire à même de faire respecter ses syndiqués par le patronat), parce que ce que tu dis s’applique à TOUT LE MONDE dans ce cas.

Je sais de quoi je parle , c’est mon cas. Je sais ce que c’est de créer un syndicat en partant de rien, dans un désert syndical, en ayant les tauliers sur le dos, et quand je dis créer un syndicat, pardon, je veux dire créer au moins, pour commencer, une véritable section syndicale, qui fonctionne. Je SAIS que c’est dur (et pire que ça même), mais je SAIS aussi que c’est POSSIBLE.

Maintenant je sais AUSSI qu’il y a des choses qui sont impossibles à réaliser dans cette configuration avant un certain temps et avant d’avoir atteint une certaine taille, ça s’appelle construire le rapport de forces et le mesurer, en permanence, l’évaluer au plus juste pour ne pas envoyer tout le monde dans le mur. Ça veut dire qu’il n’y a rien à faire en attendant ? NON. Ca veut dire qu’on doit rabattre son caquet, ne pas prendre ses désirs pour la réalité, mettre son mouchoir sur ses aspirations profondes à la révolution (tu crois que je ne les ai pas, moi ?) momentanément pour CONSTRUIRE, patiemment, de quoi y arriver. Car l’essentiel c’est d’atteindre son but au moment le plus opportun.

Combien de fois j’ai entendu dernièrement en AG des "kamarrrrrrades" ultra révolutionnaires qui cependant, n’avaient pas encore trouvé moyen ni de constituer une section (quelle qu’elle soit !) dans leur boîte, ni de réaliser et de differ des tracts , ou ce genre de choses " à la con", mais étaient prêts , soi disant, à aller "faire péter l’Elysée" !? A chaque fois, ça me fait sourire. MEME si je SAIS quelles sont nos difficultés réelles, en "bas" et en "haut" !

Il ne s’agit pas pour moi non plus de sombrer dans l’angélisme ou l’utopie inverse du "tout est possible il suffit de le vouloir" hein...

Rome ne s’est pas faite en un jour, je te le rappelle, et puis, avant 1917 il y a eu 1905, avant la révolution cubaine, il y a eu la Moncada, avant 1871, 1848 etc etc ! Cent fois sur le métier il faut remettre l’ouvrage. Faire trois petits pas pour pouvoir en faire un grand. C’est CHIANT, parfois désespérant, mais c’est COMME ça.

J’ai aussi des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, dans d’autres branches que la mienne, comment ça se passe ; j’ai vu, comme vous tous, l’échec, relatif sans doute, tout n’est pas à jeter, mais échec AUSSI quand même, ne mâchons pas nos mots, double échec, sur la revendication immédiate et pour l’avenir, dans de nombreux endroits et au niveau de la force "nationale", à quelques exceptions très intéressantes à analyser, qui ont d’ailleurs en général une explication commune (un travail militant patient, de masse, de longue haleine ,quotidien, sur des revendications de boites , de classe, portées par le plus de salariés possible, comme à Marseille ou dans le bassin Alésien , par exemple) de la dernière séquence de lutte contre la réforme des retraites.

A ton avis, la lutte par procuration la lutte par délégation le "c’est pas possible " que tu nous sers là, tu ne crois pas que c’est pour quelque chose dans cet échec même relatif ? Les sornettes de Chérèque et Thibault sur les pauvres salariés qui ne peuvent ni se syndiquer ni faire grève ni donner de tracts ni rien ? donc bien sûr, et bien, on envoie au front les "avant-garde" hyper remontées (en espérant secrètement que comme les mineurs de Longwy, elles se feront bien péter la gueule et le reste et que comme ça on aura un peu plus la paix chez les réformards sans tous ces casse-burne, hein ?), mais SURTOUT on ne fait rien d’autre ! On n’organise rien d’autre ! (ah si pardon, on accepte cette saloperie de loi du 20 aout 2008 et on promeut ce concept à la con de "représentativité" ...)

A force de dire "il faut la grève générale" qui était en l’état actuel des force,s des organisations parallèles, des consciences etc... inatteignable de la sorte, les dirigeants ont fini par prendre au mot "ah mais les caissières de Monoprix , les employées de bureau de l’étude machinchose, ne peuvent pas se lancer dans une grève générale", ce qui est VRAI ! MAIS ne pouvaient ils faire AUTRE CHOSE AUTREMENT ? Bien sûr que si !

Seulement voilà, tout ce qui n’était pas "grève générale et blocage insurrectionnel avec découpe de têtes de bourgeois et pendaisons de banquiers à la Lanterne" pour certain-e-s était nul à chier, vendu, bidon et collabo. Pendant que les abrutis du camp d’en face, les collabos habituels justement, nous proposaient "à la place" des rondes, des pique-nique le dimanche et des portés de brassard de soutien en allant travailler !

Et Merde. On a vu le résultat ! Y’a rien d’autre entre ces deux extrêmes ? BIEN SUR QUE SI ! y’avait une voie plus juste. Mais tellement plus compliquée, tellement moins "révolutionnnaaaiiirree".

Par ailleurs, je ne veux pas faire de leçon d’histoire et je usis pour ma part fort aise qu’on n’en soit plus là quand même (c’est à dire à se faire tirer dessus par l’armé en cas de grève) mais bon, si nos arrières arrières grands parents avaient réfléchi comme ça, on n’aurait sans doute pas eu la création de la CGT en 1895 - tu penses que le patronat était moins féroce à l’époque ?

Sans parler de la CGT, simplement, rappelons la criminalisation du droit de grève !Rappelons les Canuts, rappelons la grève des mineurs de Carmaux (on leur avait envoyé l’armée et je crois que la syndicalisation n’avait pas bonne presse à l’époque...),

Et les chefs de caisse, les chefs de rayon, les salariés employés dans le magasin mais pas par le magasin, on en fait quoi, on les syndique ? (Ah, tiens, on pourrait faire de l’entrisme dans la distri, envoyer des militants aguerris avec la garantie d’un emploi permanent, non, Parce que j’ai lu quelque part ailleurs que l’héroisme syndical n’était plus d’actualité :-) )

Mais c’est la question que je pose plsu haut justement Philaouer ! C’est la question de tous les sites "multipro" ! C’est la question de l’organisation des travailleurs, au mieux de leurs intérêts de lutte !

Toi tu choisis de répondre n’importe quoi en plaisantant sur ton entrisme etc. donc tu choisis de soulever le problème mais de surtout ne pas faire l’effort d’y répondre. Pourquoi ? Pour toi ce problème est plus intéressant s’il reste un problème que si nous parvenions à la résoudre ? Tu roules pour qui ou pour quoi au juste alors ? Je pense qu’encore une fois, il y a d’autres solutions. Et que ça , ça demande de vrais débats car c’est une situation d’exploitation particulière, et généralisée à l’ensemble du territoire. De la même manière pour les ZI, les ZC, comment organise t on les salariés et leurs syndicats dans les zones ? L’UL du centre ville est elle suffisante ?

Je trouve ça assez "drôle" finalement, au sens étrange, que les personnes qui parlent le plus de révolution soient souvent celles qui défendent avec le plus d’acharnement la lutte par délégation et se comportent en nihilistes féroces qui vous disent et vous promettent que "rien n’est possible" et qu’on ne peut pas faire.

Moi je dis que sans doute , au Carrefour de Quimper et dans la galerie commerçante attenante, pour l’instant on ne peut pas faire la révolution ni dresser des barricades , ça me semble évident , mais que entre ça et RIEN avec les salariés, et bien il y a de la marge et comment.

Et que vu ce qui nous attend ENCORE comme luttes à venir, et bien on n’a pas fini de devoir travailler comme des fourmis, à construire le rapport de forces, à organiser et mobiliser les salariés concernés ds lieux d’exploitation eux-mêmes, parce que si face aux attaques contre la Sécu, on s’y prend comme contre la réforme des retraites, ça va mal se passer AUSSI.

Et ce n’est pas la peine, pour ce faire ,de "sacrifier" quiconque ou quoi que ce soit.

Ce n’est pas la peine, justement, de transformer le syndicalisme en saccerdoce ou en foi de missionnaire (même s’il en faut un peu) pour parvenir à cela. Il faut du travail oui, de l’acharnement oui, de la FORMATION aussi, et notamment JURIDIQUE, mais aussi, bien sûr, syndicale (comment on fait un tract, comment on le distribue, comment on organise une assemblée etc) il faut se saisir de TOUT nos maigres outils mais avancer dans l’organisation pour ne pas revivre encore ce que nous venons de vivre.

Et pardon mais encore une fois, ce ne sont pas des blocages de zones ou de centres avec ZERO salarié impliqué du lieu d’exploitation qui vont arranger nos bidons, parce que c’est tout faux comme raisonnement dès l’origine.

Voilà.

LL