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A Mazarine : Je ne commémore pas la mort de votre Papa, ne m’en veuillez pas..

9 janvier 2011, 19:50, par Alain Chancogne

1)j’ai seulement dit que tout n’est pas à jeter, bien au contraire, dans le 1er septennat de FM

..Qui dit cela de n’importe quel Président ?
Pas moi en tous cas qui ai pu bénéficier pour mon premier de mes trois divorces des dispositions du" consentement mutuel" de l’avocate unique , etc..Grâce à Giscard.

On évoque ici la Tontamania de retour, , cette capacité de se draper du "mitterrandisme" comme étendard de la nostalgie d ’un temps " que les moins de20 ans ne peuvent pas connaitre"

On feint d’oublier le FRIC ROI, , la" Françafrique des sales coups , léguée au fiston , espèce de Foccart médiocre, les suicides de Gossouvre et Béré , les écoutes, et je n’ose évoquer ce que le droit de"cuissage" apporta à certaines dont nous tairons les noms..
..
Toi tu dis, je te cite, "bien au contraire" ce qui semble relever d’un "globalement positif" qui me navre..

De quel droit , qui plus est, quand on a été président 14 ans, faudrait il n’évoquer que deux trois lois prises au début du premier septennat.

Davantage par besoin stratégique, calcul, recherche d’état de grâce que soutien à une classe, à un des côtés de la barricade

Et aussi, surtout... parce que nous avions lutté

Car je conteste ce que tu assènes

2) "les acquis sont ceux des luttes" , non , non et non : on l’a bien vu avec les retraites ; dans la 5ème république c’est le président qui fait la pluie et le beau temps , on peut le regretter mais c’est comme ça.

Pour les retraites, je n’ai pas compris

Tu parles de la dernière période ?

.. Moi, j’y ai vu des mesures en lien étroit avec les besoins du Capitalisme que Tonton n’a pas plus menacé que Blair ou Zapatero..

Je m’autorise a rappeler que les mesures qu’a prise le gouvernement Mauroy de Mitterand sur la retraite à 60 ans..ce n’est pas venu d’un cerveau élyséen en recherche d’Amour populaire..

Ce serait oublier NOS luttes d’avant 81, nos grêves, nos manifs..

Ce qui d’ailleurs renvoie aujourd’hui au besoin de ne compter sur aucun Sauveur suprème, "ni Dieu, Ni Tonton, ni tribun."

Et, en ce qui me concerne à évoquer cette calamiteuse noria autour de la tombe de l’ex Président..car , de fait, il a représenté ,pour certains, l’addition des 3 dangers que stigmatise Pottier dans l’internationale..

Pardon,............. mais j’espère quand même qu’on va pas faire ici une pétition pour que les restes du plus gradé des Bigames de la 5° République ..soient admises au Panthéon ?

Maintenant si tu veux un côté "positif" je pense à sa pugnacité dans la douleur et sa lutte contre le cancer.

Mais ce combat me renvoie à cette scène insoutenable de son dernier Réveillon.
.

C’est Benamou qui raconte :

http://www.denistouret.net/textes/Benamou.html.

A table.

Lui à la sienne, nous à la nôtre. Les huîtres arrivent, des centaines d’huîtres plates, pas trop salées, comme il les aime - il a téléphoné depuis Assouan pour s’en assurer. Seul dans son coin, il se penche sur son plateau. Il en aspire une, deux, trois, quatre, cinq, prenant à peine le temps de souffler. Il est concentré sur la tâche, ne se laisse pas distraire par les conversations, ou par des convives qui, de la grande table, tentent d’attirer son attention.

Son plateau terminé, il marque une pause, ferme les yeux, et rejette la tête en arrière, pour laisser passer une onde de douleur. On lui apporte d’autres huîtres, il se redresse et se remet aussitôt à l’ouvrage avec la même ardeur. Il descend ainsi plusieurs plateaux, puis s’effondre, traversé par un spasme plus violent que les autres. Cela dure si lontemps qu’on le croit assoupi. .
..
C’est l’heure des ortolans.

Pas de réveillon sans ortolans, avait fait savoir le Président avant de partir pour l’Egypte. Je croyais que les Ortolans étaient des voisins landais qui viendraient avec les Emmanuelli. Je ne m’étais pas tout à fait trompé. Les ortolans sont des oiseaux du Sud-Ouest, des petits bruants à la chair tendre, dont la chasse est interdite. Les meilleurs braconniers du pays revendent à prix d’or ces "petits oiseaux" - c’est leur nom de code. Emmanuelli doit avoir ses réseaux.

Le Président entend "ortolan", il se redresse. Le gendarme qui fait le service exhibe avec une solennité gaillarde le plat tant attendu. Une douzaine d’ortolans - il n’y en a pas pour tout le monde, on devra se débrouiller. Quelques convives déclinent l’invitation, car, ils le savent, c’est une épreuve.

On vous sert la bête entière, brûlante, avec ses os et ses viscères, toute chargée de son jus et de son sang. On vous tend ensuite une épaisse serviette de coton, un large morceau de drap blanc. Et là, il faut faire comme eux, ces hommes qui, brusquement, tous ensemble, glissent la tête sous leur serviette. C’est une dizaine de taches blanches, une drôle d’assemblée de fantômes qui suçotent pendant que les femmes parlent à voix basses.

Et, comme eux, il faut disparaître pour se retrouver face à face avec l’oiseau perdu au milieu de l’assiette. Il faut alors prendre la tête de l’ortolan brûlant dans sa bouche et la broyer, la faire craquer franchement sous les dents. Puis vous attaquez les ailes, petites ailes si peu charnues, et, après la tête et les ailes, il faut trouver les deux pattes, s’en saisir et enfourner le corps de l’oiseau. Ce petit corps, il faut le mettre tout entier dans sa bouche, d’un seul coup, et mâcher cette boule, et avaler ce jus, et broyer ces os, et faire cela comme un homme, comme un chasseur, comme un Landais. Ne pas faiblir, on ne doit rien recracher.

François Mitterrand ressort le premier de dessous la serviette fumante. Chaviré de bonheur, l’oeil qui pétille, le regard plein de gratitude pour Emmanuelli. Autour de la table, on le fête, sans lui et ses ortolans, le réveillon n’eût pas été complet. Mitterrand le remercie encore, de loin lui fait des signes de la main. Emmanuelli se met à expliquer quand, comment, par quelle filière lui sont venus ces ortolans. Emmanuelli, héros des Landes, un instant.

Il reste un ortolan. On s’en indigne, d’autant qu’ils étaient comptés. On le propose à la cantonade. Le gendarme circule à nouveau avec sa cassolette et le malheureux oiseau qui nage dans l’huile.

Le Président se porte volontaire. Ceux qui viennent de subir l’épreuve le regarde stupéfaits.

Et voilà le Président qui replonge sous sa serviette. Un long moment, on l’entend s’occuper de l’animal dans un silence absolu. L’opération terminée, il se rallonge, jette doucement sa tête en arrière, extasié.

Ibidem, p. 25/26/27. (L’anectote "des ortolans", contestée par certains proches de Me François Mitterrand, est confirmée par M. Roger Hanin dans son livre Lettre à un ami mystérieux, Grasset, Paris 2001).

Cordialement

AC