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Tunisie, Egypte, Yémen, à ceux qui nous parlent d’incertitudes, voici nos certitudes !

31 janvier 2011, 01:09, par Jean-Paul Legrand

Quand je parle de rupture de contrat (je me réfère à ce que dit Marx quand il caractérise la vente de la force de travail au capitaliste : si il n’ y avait pas la liberté pour l’ouvrier de vendre sa force de travail et au capitaliste de l’acheter, si il n’ y avait pas ce contrat, il n’y aurait pas de capitalisme possible. (cf le Capital Tome I -2ème section - Chapitre VI , l’achat et la vente de la force de travail)*

Lorsque je parle de rupture de contrat c’est donc cette période historique où le salariat prend conscience qu’il peut rompre le contrat avec le capitaliste en s’accaparant les moyens de production, cela signifie que les prolétaires ont décidé de passer à autre chose que le rapport salarié au capitaliste de la vente de leur force de travail. Le capitalisme perdurera tant que les salariés accepteront sa domination. Je parle ici du mouvement général et pas seulement de la Tunisie et de l’Egypte mais aussi de la France...Ce qui ne signifie pas que la bourgeoisie n’utiliserait pas la répression en cas d’insurrection populaire dans l’hexagone mais l’idée est de montrer que la conscience d’appartenance de classe va grandissant et que l’action de millions de gens peut les conduire à décider de ne plus vendre leur force de travail (rupture du contrat) et à s’approprier enfin ce qui leur appartient : les grands moyens de production et d’échanges

Entièrement d’accord en ce qui concerne l’expression "Révolution de jasmin" cela est une expression fabriquée par les médias.

Voici le texte de Marx (extrait), évidemment Marx démontre à la suite que si la force de travail est payée au prix du salaire, elle est une marchandise toute particulière car mise en mouvement elle vaut bien plus que le prix (salaire) accordé par le capitaliste, elle crée de la plus value. Mais si il n’ y avait pas eu la révolution bourgeoise afin de libérer le prolétariat des campagnes, il n’ y aurait pas eu les masses ouvrières nécessaires au prodigieux développement de l’industrie. L’affranchissement de ces masses du joug féodal leur a permis de devenir libres de passer un contrat de travail avec les bourgeois devenus libres d’acheter la force de travail du prolétaire ce qui était impossible sous le féodalisme.

Karl Marx : "La sphère de la circulation des marchandises, où s’accomplissent la vente et l’achat de la force de travail, est en réalité un véritable Eden des droits naturels de l’homme et du citoyen. Ce qui y règne seul, c’est Liberté, Egalité, Propriété et Bentham. Liberté ! car ni l’acheteur ni le vendeur d’une marchandise n’agissent par contrainte ; au contraire ils ne sont déterminés que par leur libre arbitre. Ils passent contrat ensemble en qualité de personnes libres et possédant les mêmes droits. Le contrat est le libre produit dans lequel leurs volontés se donnent une expression juridique commune. Egalité ! car ils n’entrent en rapport l’un avec l’autre qu’à titre de possesseurs de marchandise, et ils échangent équivalent contre équivalent. Propriété ! car chacun ne dispose que de ce qui lui appartient. Bentham ! car pour chacun d’eux il ne s’agit que de lui-même. La seule force qui les mette en présence rapport est celle de leur égoïsme, de leur profit particulier, de leurs intérêts privés. Chacun ne pense qu’à lui, personne ne s’inquiète de l’autre, et c’est précisément pour cela qu’en vertu d’une harmonie préétablie des choses, ou sous les auspices d’une providence tout ingénieuse, travaillant chacun pour soi, chacun chez soi, ils travaillent du même coup à l’utilité générale, à l’intérêt commun."

Juste une remarque par rapport à votre note : la révolution c’est aussi la fête et heureusement, c’est la joie retrouvée de se désaliéner des dominations, c’est la Liberté,l’exercice de la créativité (cela se passe et s’est passé en Tunisie lors de grands rassemblements avec danse, chants, musque, arts plastiques, etc..., la Révolution permet de devenir conscient des capacités collectives des êtres humains et en ce sens elles ont aussi et surtout leurs moments de bonheur, . Sans cette dimension fondamentale les révolutions peuvent devenir leur contraire et sont dévoyées. Il est cependant évident qu’aucune classe dominante ne se laisse renverser et que les sociétés de classe sont irrémédiablement marquées, imprégnées, fondées sur la violence . Mais rien ne résiste à la force de peuples déterminés et unis : toute l’histoire nous le démontre. Tunisie, Egypte, Yemen, ce sont le début de Révolutions toutes porteuses de l’exigence universelle de démocratie qui va se heurter à la classe dominante dans chacune de ces nations et à l’échelle mondiale : une ère nouvelle s’ouvre car cette exigence rencontre l’incapacité du capitalisme à y répondre.

Jean-Paul Legrand