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LA « RÉVOLUTION » AVORTÉE

18 février 2011, 08:32, par Copas

e te rejoins totalement. Croire qu’on peut "surprendre" les forces impérialistes est d’une candeur juvénile. Les USA c’est 700 bases à travers le monde, un surarmement pointu, un budget militaire supérieur à lui tout seul au budget militaire additionné de tous les autres pays de la planète. Ce sont des agences de renseignement sophistiquées dans tous les pays. Alors l’Egypte, justement, ce pays voisin de Gaza et d’Israël, faut quand même garder les pieds sur terre.

Importance de la présence militaire US en Egypte et en Tunisie ?

Des bases ?

L’équipement ? l’armement ?

Si tu parles de cet allié US qu’est Bahrein et sa base pour la 5eme flotte US, c’est OK, mais pour le reste vous vous arrangez des faits.

Ce que je voulais dire en rigolant sur la révolution russe , c’est avec l’encombrement de vos raisonnements que n’auriez-vous pas dit à cette époque ?

Pour l’instant on est dans la 2eme phase de la période révolutionnaire ouverte, celle où il y a d’énormes vagues de grèves et de batailles ouvrières.

Si c’est un processus révolutionnaire on assistera alors à une instabilité politique prolongée, avec des secousses, des reculs violents , des avancées rapides, etc..

A tout moment pèsera un risque de défaite frontale.

Mais tant que durera dans la tête des masses la capacité de jeter à terre un dictateur, sans aucune autre force profonde que le prolétariat urbain moderne, il y aura un processus d’instabilité.

Un processus révolutionnaire prend des années , une révolution prend des années, à chaque épreuve elle est en danger.

cela a toujours été ainsi, et les inflexions dans ces maturations se font au travers d’accélérations (l’abdication du Tsar c’est le 2 mars 1917, la prise du palais d’Hiver c’est en Novembre)

Les questions qui se posent tiennent de deux ordres :

 la puissance de la volonté populaire (ni quadrillée ni inféodée)

 la faiblesse du camp bourgeois, divisé, fragmenté, corrompu , rassemblé autour d’un appareil d’état divisé

La puissance de la volonté populaire c’est aussi la question de l’organisation du camp populaire comme donnée essentielle.

 La course de vitesse vers l’organisation de masse des travailleurs égyptiens dans le feu de centaines de grèves est une donnée à grand enjeu. Les syndicats officiels à la différence de l’UGTT sont completement out dans le processus, c’est donc de nouvelles formes de syndicats en cours de construction (alors que la question de l’UGTT c’est de révolutionner cerisette organisation, en éjecter la direction, et ouvrir les structures).

 la question de la course de vitesse de la création d’organisations révolutionnaires réellement dans le prolétariat urbain et ses organisations de masse en cours de création

C’est également la capacité de mener des luttes de masse fermes sur les revendications (comme les travailleurs du gaz en grève qui ont demandé salaires, droits d’organisation, libertés , interdiction des licenciements, réintégration des licenciés, et rupture des exportations de gaz à prix réduit vers Israel).

La faiblesse du camp bourgeois

 elle vient de la structure même du pouvoir de la bourgeoisie dans les deux pays. Les dictateurs ont créé des situations complexes où les factions bourgeoises ont dépendu complètement de leur lien à la corruption et à l’armée.
la contradiction avec les liens aux groupes mondiaux capitalistes est source de faiblesse quand l’appareil d"état dictatorial est le seul ciment.

 les appareils militaires sont tiraillés par la poussée populaire et se fragmentent sur l’orientation à prendre. Les appareils policiers eux ont un mal extreme à se reprendre après une défaite sèche sur le terrain. Les appels pathétiques des deux états pour que les policiers reviennent à leur poste et la trouille des policiers , sont symptomatiques de ces situations.

 la crise violente internationale du capitalisme rendent compliquées les concessions alors qu’internationalement la bourgeoisie a choisi un autre cours que de tenter une solution rooseveltienne , c’est à dire que le consensus international a été de choisir depuis quelques mois une solution violente aux contradictions du capitalisme de crise passant par une attaque généralisée contre les interets du prolétariat mondial international . Ce choix , et c’est le consensus du dernier Bilderberg sur la sortie de crise (l’affrontement et de ne pas tenter de lisser le processus de crise) , c’est le fonds de la volonté de rétablir un taux de profit à un niveau bien supérieur à avant.

L’heure n’est pas aux concessions sociales, et pourtant, elles se font dans la tourmente, dans cette région, la Jordanie a fait de grosses concessions sociales, de la même façon que l’Algérie a saupoudré de mesures financières au fur et à mesure des émeutes locales ici ou là en prélevant sur la rente pétrolière, et Israël a reculé face à sa classe ouvrière sur quelques points (sur les prix par exemple).

La contradiction des concessions sociales et du cours international du capitalisme est une source de tension importante.

Mais non, le processus révolutionnaire est toujours en cours en Afrique du Nord et produit des effets sur la stabilité de la région entière (ce sont d’abord des marionnettes de l’impérialisme US et français qui ont sauté et après ça s’étend largement).

Pour ce qui est des haines de ceux qui ont toujours combattu ces processus révolutionnaires en en faisant des manips de la CIA et de l’impérialisme US, on ne pourra jamais réfréner un état paranoïaque paralysant qui fait le jeu de l’adversaire en ne cessant jamais d’attaquer le mouvement populaire lancé dans une entreprise révolutionnaire.

Si les masses tunisiennes et égyptiennes avaient écouté nos paranos de la gauche petite-bourgeoise européenne (qui d’ailleurs fait écho aux nationalistes petits-bourgeois en Afrique du Nord qui se sont méfié également des soulèvements en se dressant en supports des dictateurs éclairés, choisis en moindre mals), Ben Ali ne serait pas terrassé par une crise cardiaque chez ses potes féodaux, Mubarak serait toujours en poste. Le monde en serait mieux.....pour leurs raisonnements ronds.

Les seules batailles qu’on peut gagner sont celles qu’on mène .

100% des gagnants ont tenté leur chance.