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Laurent Wauquiez veut imposer des contreparties au RSA : le retour de l’esclavage !

16 mai 2011, 18:36, par Atzo

http://sociologias-com.blogspot.com/2011/05/maud-simonet-le-travail-benevole.html

Les parcs de New-York
Un terrain historique des luttes syndicales
« Nous menons en commun avec John Krinsky une enquête sur les parcs publics et municipaux de New-York. Initialement, la main d’œuvre était publique et syndiquée. Mais ces parcs sont devenus peu à peu un laboratoire d’expérimentation du workfare.
Aux États-Unis dans les années 1930, les salariés du privé ont obtenu des droits syndicaux. Ceux du public ont dû se battre localement pour les obtenir. Les travailleurs des parcs new-yorkais – les parkies – ont réussi à y accéder dans les années 1950. Leur lutte a été forte, ils ont mené des actions emblématiques, comme s’enfermer dans une cage à Central Park avec une pancarte : « Espèce : travailleur du parc. Caractéristiques : n’a pas les mêmes droits que les autres travailleurs ; pas de dignité au travail ; pas de salaire négocié ; pas le droit de se syndiquer ». Ils furent parmi les premiers travailleurs publics new-yorkais à obtenir des droits syndicaux, et à voir leurs conditions de travail, leurs rémunérations et leurs prestations sociales négociées collectivement.
Le syndicat aux États-Unis ne correspond pas exactement à ce que l’on peut connaître ici. C’est un acteur qui négocie avec la direction ce qu’ils appellent le contrat de travail, c’est-à-dire l’ensemble des prestations.
Avant la crise budgétaire de la ville dans les années 1970, ils étaient 7 500 ; ils sont environ 2.000 aujourd’hui. Pourtant, les parcs de New-York sont plus propres que jamais. Avec John Krinsky, nous nous sommes posés la question : « Qui nettoie ces parcs aujourd’hui ? ». »
Le feuilletage des statuts
« Les éléments de réponse sont multiples. On a vu arriver dans un premier temps des salariés associatifs, embauchés par des conservencies, qui gèrent l’entretien des parcs en partenariat avec la ville de New York. Certaines emploient encore une part de main d’œuvre publique, mais elles commencent à embaucher leurs propres salariés. Central Park et Prospect Park sont dans ce cas. A contrario, Brian Park n’a plus que sa propre main d’œuvre.
Les configurations sont diverses. Les partenariats entre les conservencies et la municipalités diffèrent. Cette nouvelle main d’œuvre n’est pas syndiquée. Ils font le même travail que les salariés du public sans avoir le droit de se syndiquer. Des syndicats new-yorkais ont fait campagne pour qu’ils puissent être représentés et avoir le droit à une négociation collective de leurs conditions de travail : ça a échoué, l’employeur associatif ne veut pas de syndicats.
Sont arrivés ensuite deux types de travailleurs que l’on pourrait qualifier d’« invisibles » ou de « peu visibles », ceux qui ont particulièrement intéressé John Krinsky et moi-même : les travailleurs du workfare et les bénévoles.
Dans le premier cas, il est question de milliers de personnes dépendant de l’aide sociale, envoyés dans les années 1980-90 dans les parcs pour continuer à toucher leurs allocations. Certains ont aussi été envoyés dans le métro via le programme municipal Work Experience Program. Un mouvement social a eu lieu dans les années 1990 pour dénoncer un travail qui n’était pas considéré comme tel. Associations de lutte contre la pauvreté, avocats et syndicats se sont regroupés pour mener un combat suscitant des positions et une rhétorique compliquées, parfois ambiguës [3]. Les arguments ainsi que les répertoires créés pour défendre ce nouveau type de travailleurs étaient complexes.
Aujourd’hui, quelques WEP workers [4] subsistent dans les parcs, mais très peu, parce que le mouvement a réussi à montrer que la municipalité remplaçait des travailleurs publics, rémunérés, syndiqués, par les travailleurs du workfare. Des enquêtes sociologiques s’intéressant aux tâches et à l’éventail de tâches confiés à ces travailleurs ont clairement prouvé la substitution. Peu d’argent circule. L’État fédéral finance le workfare ; c’est du travail gratuit pour la municipalité. Ces travailleurs sont « pressurisés ». Ils ne peuvent pas refuser le boulot sans risquer de perdre leurs allocations. »