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WEBCAM LIVE place Puerta del Sol

22 mai 2011, 19:43, par Andrés

Décidément, ceux qui ne connaissent pas l’histoire des Peuples d’Espagne ou la connaissent mal, ou croient la connaître (à notre place, ceux qui l’avions vraiment vécu) vont charger contre ce mouvement et chercher à critiquer son existence.

Certains camarades français les qualifierons de "spontanéisme réformiste" , d’autres diront qu’ils sont manipulés ou "rêveurs".

Bref, regardons en arrière, concrètement en mars 2004, lorsque à travers des sms de téléphones portables, des milliers de citoyens se rassemblèrent contre le parti de l’extrême droite espagnole, Parti Populaire, devant son siège de la calle Genova de Madrid.

Cette manifestation inorganisée et spontanée résultait d’une indignation et riposte contre ce Parti fasciste "politiquement correct" et ses manipulations médiatiques lors de l’attentat islamiste de Madrid, sa participation active à la guerre en Irak et sa politique de démolition sociale.

Des dizaines, puis des centaines et ensuite des milliers de citoyens se rassemblèrent pour exprimer leur ras-le-bol. Plus tôt déjà, au delà des manifestations contre la guerre, des initiatives de désobéissance civile aux protocoles établis, virent le jour contre la guerre en Irak. Telle la prise de position publique et massive des acteurs et réalisateurs de cinéma espagnols lors de la remise des Goyas, le Molière espagnol. La dynamique dans l’imaginaire populaire était déjà bien enclenchée.

Les camarades qui croient bien connaître l’Espagne et ses Peuples, ignorent ou font semblant d’ignorer, que nos pratiques publiques vont bien plus loin que les manifestations et défilés classiques.

Dans la lutte de la Transition, après la mort de Franco en 75, les initiatives contre les restes du Franquisme et pour la rupture totale contre celui-ci, de rejet à la Monarchie, de défense et revendication des libertés du peuple basque catalan, galicien et andalou, les initiatives et les actions avaient déjà de bonnes doses de créativité et spontanéité. Souvent durement réprimés, mais elles existaient déjà. Et internet et le téléphone portable n’existaient pas. C’était les tracts et aussi le bouche à oreille. Et lorsqu’il s’agissait d’aller soutenir des ouvriers en lutte, cela marchait aussi.

Les jeunes générations se sont saisis de l’informatique et les méthodes de lutte ont changé. Mais les cultures de lutte et les codes de fonctionnement sont bien ancrés dans la peau.

"La calle es mia" (la rue m’appartient !) avait osé dire en 76, Fraga, ancien ministre de Franco et président honorifique du Parti Populaire, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur de la jeune Monarchie.

Aujourd’hui, des milliers de jeunes, et moins jeunes, étudiants, chômeurs, ouvriers, cadres,... crient haut et fort que la rue leur appartient et ils en font la démonstration.

Certainement, beaucoup de ceux et celles qui y participent, n’ont pas un militantisme politique et une conscience de classe. Beaucoup n’ont jamais milité, d’autres sont issus des mouvements de chômeurs, précaire et squatteurs. Mais il y a aussi des anciens et des jeunes qui sont issus ou membres de syndicats et d’organisations politiques à la gauche du PSOE, qui l’ont été et qui ne militent plus depuis longtemps, qui voient ans ce mouvement une occasion, non seulement de dire BASTA mais aussi de se donner des perspectives pour faire bouger les choses dans le bon sens, c’est à dire , en finir avec les politiques ultralibérales et taper dure contre la social-démocratie et l’extrême droite espagnole.

Pendant le mouvement des retraites en France, beaucoup d’espagnols, basques, catalans et galiciens étaient attentifs et suivaient avec plein d’espoir les mobilisations et les blocages qui se déroulaient partout en France. Ils étaient admiratifs des capacités d’entraînement et participation des masses dans cette lutte d’automne dernier.

Comme disait MARX, l’importance des mouvements sociaux réside surtout, plus que dans leur réussite immédiate, dans sa capacité à transformer ceux qui y participent.