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Arrêt immédiat du nucléaire !

7 octobre 2011, 00:40, par René HAMM

Bonsoir,

Le nucléaire est très archétypique du capitalisme. Il se caractérise par la pratique du secret et du mensonge, la quasi-militarisation des conditions de travail sur les sites, le mépris de l’opinion et de la santé des populations, la recherche du profit maximum, sauf que l’Etat maintient l’industrie à flots et comble, au besoin, les déficits, comme ceux d’EDF durant des décennies.
Cette thématique (1) n’a quasiment pas été abordée sur le fond à l’occasion des sept heures de "débats" télévisés organisés dans le cadre de la primaire socialiste. Ségolène Royal se prononce en faveur de la fermeture de la centrale haut-rhinoise mentionnée dans l’article (2) et de l’arrêt des travaux pour l’EPR. Mais la présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes parle d’une sortie d’ici...quarante ans. Martine Aubry souhaiterait...accélérer le processus : entre vingt et trente ans. François Hollande n’entrevoit qu’un passage de 75% du courant d’origine atomique à 50% en 2025, osant comparer cette baisse à celle (de 22 à 0%) que devrait connaître Allemagne pendant cette période. Le relooké, que l’audace novatrice n’étouffe pas, semble de surcroît peu doué en mathématiques. Arnaud Montebourg, auquel j’ai expédié deux messages, n’a pas daigné me répondre. Certes, la coalition Union des démocrates pour la République/Républicains indépendants/Centre Démocratie et Progrès précipita officiellement, le 5 mars 1974, sous l’égide du Premier ministre Pierre Messmer, notre pays dans la filière atomique. Mais c’est le Parti socialiste qui a fait de la France le territoire le plus nucléarisé de la planète. À l’été 1981, l’électricité issue de la fission représentait 38% du mix. Le candidat François Mitterrand avait non seulement promis un moratoire et un vaste débat démocratique « non biaisé », mais de surcroît une réorientation en profondeur des choix énergétiques. Le président et son gouvernement ne stoppèrent aucun des projets décidés par leurs prédécesseurs, rajoutant même de nouveaux sites d’implantation. Les milliers de personnes qui avaient prêté foi aux formulations inscrites dans les « 110 propositions » durent se contenter du feu rouge pour Plogoff et de la non-extension du camp militaire sur le Causse du Larzac. Alors que sous le règne de Valéry Giscard d’Estaing seize réacteurs furent mis en service, durant les deux septennats mitterrandiens trente-quatre unités divergèrent. Pierre Mauroy décida de l’extension de l’usine de La Hague, en particulier pour le retraitement de déchets en provenance de l’étranger (surtout d’Allemagne et du Japon). Le 7 septembre 1985, "Superphénix", le plus gros surgénérateur au monde, démarra à Creys-Malville. Débranché le 30 décembre 1998, il n’aura fonctionné que dix-huit mois en cent cinquante-neuf mois et vingt-trois jours...
L’abandon, qui tombe sous le sens, de la doyenne des centrales hexagonales servirait surtout de geste symbolique afin d’asseoir, comme jadis, une sorte « d’état de grâce » pour quelques semaines. Or, si, il y a trente ans, l’exécutif « de gauche » avait, conformément aux engagements en amont, amorcé la nécessaire reconversion, nous n’épiloguerions plus sur les prémices de la renonciation à une technologie aussi onéreuse que dangereuse.
Je vous signale la parution du numéro 121 des "Dossiers du Canard Enchaîné" : "Nucléaire. C’est par où la sortie ?" (98 pages, 5,35 €).

(1) Tout comme l’agriculture, la viticulture, l’écologie (au sens large), la diplomatie, les ventes d’armes, la défense. En ces deux derniers domaines, le PS ne s’oppose que sur des détails à la droite.
(2) Plusieurs associations militent depuis des lustres en faveur de cette revendication, en particulier le Comité de sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin, le plus ancien groupe antinucléaire français, fondé le 17 août 1970, un mois, jour pour jour, après l’annonce quant à la construction de deux réacteurs sur le ban de la localité précitée. En dépit de l’intensification des actions sur le terrain (par exemple, les 175 000 tracts diffusés dans de nombreuses communes haut-rhinoises à l’automne 1970 et la manifestation du 25 mai 1975 qui avait réuni 15 000 personnes), le CSFR ne parvint pas à empêcher la fin des travaux, ni le raccordement au réseau de la première tranche, le 7 mars 1977.

René HAMM
Bischoffsheim (Bas-Rhin)