Accueil > ... > Forum 457619

pas une nouveauté

11 octobre 2011, 08:32, par patrice bardet

pour qui s’intéresse à la classe ouvrière, et à sa frange la plus fragile, celle d’origine immigrée

Malek Le Pen ou Jean-Marie Boutih ?

par Vincent Geisser - publié le mardi 17 mai 2005

Une fois n’est pas coutume : le quotidien du Front national, Français d’abord, dans son édition du 13 mai 2005[1], a rendu un hommage vibrant à un dirigeant du Parti socialiste. Il s’agit de Malek Boutih, ancien président de SOS-Racisme, secrétaire national chargé des questions de société, membre du Bureau national du parti. A l’origine de ce satisfecit frontiste pour un leader socialiste : un rapport confidentiel sur l’immigration, commandé par François Hollande en vue de la préparation des présidentielles de 2007, dans lequel « M. Boutih a repris en l’espèce ‘les propositions faites par le Front national en 2002’, plus précisément une partie du programme du candidat Jean-Marie Le Pen à l’élection présidentielle [...] »[2]. Ainsi, le Front national salue t-il « le bon sens » de l’ancien président de SOS-Racisme qui confirme « plus que jamais que la lepénisation des esprits est en marche, sachant que nos compatriotes ne manqueront pas de préférer l’original à la copie [...] »[3].

Au-delà de cette satisfaction de l’extrême droite qui voit dans ce rapport confidentiel du PS une validation et surtout une légitimation de ses thèses anti-immigrationnistes, l’on peut s’interroger sur la signification profonde de cet acte : s’agit-il d’une « gaffe politique » commis par un individu isolé - néanmoins dirigeant national du PS - ou d’une dérive idéologique d’un certain nombre d’élites socialistes qui tentent de surenchérir sur des thématiques sécuritaires et nationalistes, en vue de mobiliser un « nouvel électorat » dans la perspective des présidentielles de 2007 ?

Refusant de tomber dans la caricature, Vincent GEISSER, politologue au CNRS, conduit ici une analyse comparative du Rapport Boutih et des Propositions du FN[4], en montrant que, s’il existe effectivement des convergences surprenantes entre les deux documents, il convient de rester nuancé : les propositions de M. Boutih ne versent jamais dans le racisme et le nationalisme radical du Front national (qu’il condamne à plusieurs reprises) mais s’inscrivent davantage dans un double registre « populiste » et « sécuritaire », traduisant le profond malaise d’un « parti de gauche » (le PS, héritier de la SFIO, fête cette année son centenaire) en crise de références et de valeurs.

lire la suite