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N’oublions pas nos camarades disparus (video)

21 décembre 2011, 11:22, par Roberto Ferrario

"L’ange blond de la mort", Alfredo Astiz, condamné à la perpétuité

Au terme d’un procès-fleuve, l’ex-officier de marine Alfredo Astiz et onze de ses co-accusés ont été condamnés à la prison à vie. L’"ange blond de la mort" était jugé pour des crimes commis dans les années 1970 sous la dictature argentine.

Alfredo Astiz, surnommé "l’Ange blond de la mort", et 11 autres personnes ont été condamnés mercredi à la réclusion à perpétuité en Argentine au terme d’un procès-fleuve sur les crimes de la dictature dans les années 1970.

Alfredo Astiz et d’autres membres des escadrons de la mort étaient jugés pour les crimes commis à l’Ecole supérieure mécanique de la marine argentine (ESMA), où environ 5.000 dissidents ont été emprisonnés et torturés sous la dictature, de 1976 à 1983. Peu de prisonniers en sont sortis vivants.

Au terme de ce procès de 22 mois, au cours duquel ont témoigné 79 survivants, 12 accusés ont été emprisonnés à vie tandis que quatre autres ont été condamnés à des peines allant de 18 à 25 ans de prison.

Parmi les condamnés à la réclusion à perpétuité figure notamment Jorge Acosta, surnommé "le Tigre", qui a déclaré au cours du procès que "les atteintes aux droits de l’homme sont inévitables durant une guerre".

Malgré la nuit froide, des centaines de personnes s’étaient rassemblées à l’extérieur du tribunal de Buenos Aires, lui-même bondé, pour écouter le jugement. Certaines brandissaient des portraits des victimes. La foule a applaudi à l’énoncé de chaque verdict.

"Nous pouvons enfin vivre en paix, sachant que justice a été rendue", a dit une femme à une chaîne de télévision argentine.

Les insultes ont fusé contre Alfredo Astiz lorsque sa condamnation a été annoncée. Une fois l’ensemble des jugements prononcés, la foule s’est mise à danser, certains pleurant, d’autres s’embrassant.

Ancien officier de marine, Alfredo Astiz s’était vanté de ses crimes dans une interview donnée en 1998 à un magazine. Il s’était alors présenté comme "l’homme le mieux formé en Argentine pour tuer des journalistes et des politiques".

"Je ne regrette rien", avait-il également déclaré.

Infiltration

Durant la dictature, il a infiltré des organisations de défense des droits de l’homme dont des membres étaient ensuite enlevés. Il a été condamné par contumace en France pour
l’enlèvement de deux religieuses françaises emprisonnées à l’ESMA, la plus célèbre des prisons clandestines de la dictature militaire.

On estime qu’environ 200 personnes seulement ont survécu aux geôles installées dans cette école militaire. La plupart des 5.000 autres prisonniers ont été drogués, mis dans des avions et largués en mer.

Alors que les prisonniers étaient détenus pendant des heures, pour certains pendant des années, sous les combles de la résidence des officiers de l’ESMA, ces derniers continuaient de vivre une vie normale dans les étages inférieurs.

Les organisations de défense des droits de l’homme estiment à 30.000 morts le nombre des victimes des six années de dictature en Argentine.

Après la chute du régime militaire, d’anciens membres de la junte ont été condamnés avant de bénéficier d’amnisties.

Alfredo Astiz a lui-même tenté de reprendre une vie normale. Il a ainsi été photographié dans des boîtes de nuit ou sur ses lieux de vacances. Devenu un symbole des crimes de la dictature, il a toutefois été agressé à plusieurs reprises en public.

En 2005, la Cour suprême d’Argentine est revenue sur les lois d’amnistie à la demande du président de l’époque, Nestor Kirchner, dont la veuve Cristina Fernandez vient d’être réélue à la tête du pays.

Depuis, la justice argentine a condamné plusieurs anciens officiers pour atteintes aux droits de l’homme.

Nestor Kirchner et Cristina Fernandez se sont rencontrés alors qu’ils étaient étudiants dans les années 1970. Plusieurs de leurs amis ont été enlevés et assassinés à cette époque en raison de leurs activités politiques.

27/10/2011

http://www.france24.com/fr/20111017-argentine-proces-alfredo-astiz-ange-blond-mort-dictature-perpetuite-prison-crimes-religieuses-francaises