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Nino, une adolescence imaginaire de Nino Ferrer (film)

24 avril 2012, 12:13

Réalisé par Thomas Bardinet. France. Comédie. 1h15. (Sortie 25 avril 2012).

Avec David Prat, Lou de Laâge, Sarah Coulaud et Benoît Gruel.

Si l’on emprunte des routes toutes tracées, on arrive souvent à bon port et en bonne santé. Et pourtant, on est souvent au comble del’insatisfaction : tout est trop facile pour être vrai, pour être beau.

Ce ne sera jamais le cas de Thomas Bardinet qui, à chaque film, reprend sa machette du "Cri de Tarzan" pour tenter de s’enfoncer plus loin, plus mystérieusement, dans la jungle qui mène aux trésors perdus, aux cabanes de l’enfance, aux vies brèves qui font les souvenirs douloureux...

Le voilà donc, aujourd’hui, en pleine adolescence imaginaire, celle de Nino Ferrer. Un Nino plus Nino que Nino, incarné idéalement par David Prat. C’est un retour inespéré dans cette époque mythique d’avant les enfances électroniques, une époque sans jeux vidéos ni portables, avec carnets riches en dessins et poésies écrites à l’encre encore enfantine.

Nino rêve et Thomas rêve d’enfance rêveuse. Avec petites amoureuses, moins cruelles que celles de Rimbaud, moins réelles que celles d’Eustache. Des petites amoureuses des chansons futures de Nino.

Natacha blonde comme le désir, Nathalie brune comme l’évidence. C’est le temps des premiers baisers qui sont parfois les derniers, des mains qui se cherchent et des cœurs qui battent très fort.

On pense au meilleur Truffaut, celui des "Mistons". Les filles qui n’ont qu’un été font du vélo avec légèreté et sont filmées avec fluidité. Et ceux qui les voient passer ne savent pas encore qu’ils vont chercher toute leur vie le secret de cette pédalée presque magique.

On pense au cinéma français quand il n’est pas formaté, quand il fait le désespoir des petites cases télévisées et qu’il atteint des coûts exorbitants en charme et en sensibilité. On n’oubliera jamais les belles demoiselles de Thomas Bardinet : Lou De Laâge, la blonde mutine, Sarah Coulaud, la brune taquine.

L’avenir cinématographique leur appartient, surtout si elles savent toujours reconnaître que c’est ce cinéma sans artifice qui les a fait naître.

Dans "Nino", Thomas Bardinet rend hommage à Nino Ferrer, à cet homme blessé qui partageait avec lui l’envie d’être généreux et la pudeur de faire semblant de ne pas y toucher. Bas les masques de la modestie : ici, un vrai cinéaste parle à un vrai poète.

Philippe Person

http://www.froggydelight.com/article-11827-Nino