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LA REGRESSION SOCIALE A D’AUTRES CAUSES

10 août 2012, 02:10, par Fabrice

Votre premier paragraphe est juste.

Les capitaux gérés par les fonds d’investissements US et britanniques sont progressivement en train de quitter la zone Euro pour se replacer dans certains pays émergents, aux US, ou retourner dans des paradis fiscaux.

Par contre, le reste de votre développement est inexact.

Ce n’est pas l’euro qui a fait plonger l’Europe mais la perte de compétitivité des différents pays, compensée par de l’endettement massif des ménages, puis par celui des états qui ont pris le relais lorsque les banques qui avaient prêté plus que de raison aux ménages se sont écroulées.

Avant l’Euro, avec une monnaie nationale, chaque pays pouvait dévaluer et retrouver de la compétitivité avant d’investir.
Maintenant avec l’Euro, monnaie commune de pays à l’économie forte contrôlée par la BCE, la dévaluation est impossible.
Et sans produit de valeur et sans tissus industriel fort, il ne reste plus que l’ajustement structurel ....C’est à dire, réduction des dépenses de l’état, augmentation des impôts et taxes, réduction des aides sociales.

En effet, la baisse massive des taux d’intérêts pratiquée par la Banque Centrale Européenne depuis 2002 aura favorisé essentiellement la spéculation (sur l’immobilier, les actions, les métaux, les matières premières, les marchés de récoltes) plus rentables sur le court terme que les investissements de long terme (en recherche et innovation, en construction ou modernisation d’usines, et outils de développement industriel).
D’où les montants de plus en plus importants brassés par les marchés de trading comparés à la baisse des activités industrielles dans le PIB français ces 30 dernières années.

Ce que la politique de la Banque Centrale Européenne (qui contrôle la politique monétaire donc l’Euro) a provoqué par contre, c’est la maîtrise de l’inflation à un faible niveau dans la zone euro. Ce qui a pour conséquence indirecte, une stagnation des salaires sur le long terme.
Comme dans le même temps, la spéculation sur les marchés immobiliers, du pétrole et du gaz, des métaux et des récoltes était fortement accentuée, leur prix a explosé.
En conclusion, on a observé depuis 2001, une stagnation des salaires et une explosion des prix sur les marchés qui ont contribué à une perte de pouvoir d’achat des citoyens européens.

L’Euro n’est pas responsable de la régression sociale, c’est l’absence de stratégie économique et d’investissements en recherche et innovation, en modernisation d’usines et développement d’entreprises au sein des pays de la zone Euro qui en est la cause.
La France par exemple a perdu 2 millions d’emplois industriels depuis 30 ans.
La France est aujourd’hui rétrogradée au 17ième rang des pays riches concernant les investissements en recherche et innovation.
Le chômage qui continue de croître en France et dans les pays du sud de la Zone Euro en est directement la cause.
Les pays européens ne peuvent pas lutter avec le reste du monde sans produits et services innovants et sans tissus industriel performant et compétitif.

Par contre, l’Euro, via la politique anti-inflationniste et pro-spéculation de la Banque Centrale Européenne est bien responsable de la perte de pouvoir d’achat des salariés, même si la BCE prétend le contraire.

Pourquoi nos politiques semblent ne rien pouvoir faire pour relancer la machine ?
Parce que nos élites politiques sont médiocres et ne sont pas formées pour affronter les problématiques liées à la mondialisation.
Les erreurs stratégiques faites depuis le premier choc pétrolier de 1973 ont été aggravées depuis par le dédain de l’industrie, l’inaction, les intérêts des amis, le copinage, le réseautage.
Alors que le bateau France est en train de couler, les élites françaises continuent de se battre pour déterminer lesquelles d’entre elles occuperont les cabines de 1ière classe.