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Le 24 août 1944 des blindés de la 2 DB de Leclerc de La Nueve conduits par des E

26 août 2012, 23:29, par Miguel Sans

Petit-fils d’anarchiste espagnol résistant et combattant de la Libération, au sein des brigades espagnoles intégrées aux FFI, j’étais présent à Paris hier, et je suis intervenu (en vain) avec d’autres, pour demander aux policiers de permettre cet hommage pacifique des anarchistes à leurs aînés de 44.

Mais sur le fond, je suis tout à fait d’accord avec ce que dit Richard Palao. Les balles allemandes ne distinguaient pas les anarchistes, les communistes, les catholiques, les socialistes et les républicains, pas plus que les Français, les Espagnols, les Allemands, les Italiens, les Yougoslaves et j’en passe, qui combattaient les nazis. En ces heures tragiques de 1940 à 1944, il y avait un ennemi commun qui imposait sa barbarie, et tous les anonymes qui dès le début l’ont combattu, l’ont fait dans l’union et la fraternité de ce combat qui demandait la solidarité de tous. Contre le nazisme, l’union était nécessaire, vitale.

Malheureusement, et pour ne parler que des Espagnols, ce sont les cadres des organisations politiques et syndicales, pour beaucoup d’entre eux revenus d’Amérique ou d’ailleurs en 44, ou sortis de leur prudente réserve, qui n’ont pas manqué de tout faire pour saborder cette union des résistants ou engagés de base. Les dirigeants communistes n’ayant pas hésité, souvent, à "écarter" leurs militants qui n’étaient plus assez dans la ligne après cette "collaboration". Ne parlons pas de toute la réécriture de l’histoire qui a commencé tout de suite après la Libération. Cette histoire reste donc à faire de manière objective et rigoureuse. Car aujourd’hui encore, et peut-être même avec presque autant de passion aujourd’hui qu’alors, fleurissent hélas, les anathèmes, la négation pure et simple, pour ne pas dire négationnisme, aussi bien chez les communistes que chez les anarchistes.

Officiellement, aujourd’hui, c’est déjà beaucoup que les autorités françaises reconnaissent la participation de ceux que, génériquement, on appelle "les républicains espagnols". A nous de faire encore et plus rigoureusement que jamais l’inventaire de cette histoire, mais en toute honnêteté, en toute objectivité historique, sans tirer la couverture à soi, pour que Français et Espagnols, communistes et anarchistes -et tous les autres humains-, puissent connaître la part de chacun dans la victoire alliée sur le nazisme ; et conséquemment, la capacité éminente qu’ont montrée les anarchistes à construire un monde plus libre et fraternel. La tâche historique est encore bien grande de ce côté là.

Quant à la barbarie capitaliste, les anarchistes prennent toute leur part pour la combattre. Mais il faut aussi, comme face au nazisme et à tous les fascismes, hier comme aujourd’hui, une union, car, seuls, aucun groupe, aucun parti, aucune idéologie n’y arrivera. Et une union à la base, puisqu’on voit bien ce que font les gouvernements face aux banques et aux financiers... Sauf que cette union des anticapitalistes doit être loyale, sincère. Et là aussi, la tâche est bien rude...

Ce qui s’est passé hier à l’Hôtel de Ville à Paris rappelle, en tout cas, que le drapeau rouge et noir, ou noir, n’est considéré que comme un appel à tout casser, pas comme la bannière de ceux qui veulent bâtir un monde plus juste et plus libre : le communisme avec, nécessairement, la liberté. Il faut dire, avec un peu d’humour, qu’en pleine cérémonie célébrée par les plus hautes instances de l’Etat, les autorités avaient beau jeu !
Il y a donc là matière à réfléchir sur les modes d’intervention et les façons de faire connaître et reconnaître la contribution libertaire au progrès de l’humanité.