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L’autre Développement No CROISSANCE

15 mars 2005, 18:30

Réponse à la croissance salvatrice, réhabilitation du développement (et notamment humain)

Vers un alter développement ?
une révolution lente au service de la décroissance...

pour une alternative au développement économique à 2 vitesses Nord/Sud
pour un autre développement basé sur les solidarités locales et internationales

L’alter développement induit un développement humain et une remise en cause de la croissance économique destructrice. L’alter développement, c’est aussi le partage des richesses et l’abolition de la dette pour les pays du Sud.
L’alter développement pose la question d’un développement équilibré de la planète, la préservation des ressources et s’intègre donc dans l’après développement. Il met la question de l’aide au développement comme une préoccupation essentielle pour remédier aux déséquilibres internationaux accentués par les politiques des grandes institutions dominatrices (FMI, Banque mondiale, OMC...).
Le refus du productivisme effréné est la base de ce projet et il s’applique particulièrement à l’activité agricole pour préserver la paysannerie, conserver nos paysages et la biodiversité. Il s’agit de mesurer la finitude des ressources terriennes et prendre en compte de l’avenir, la « préservation de l’avenir de la collectivité humaine » dit A. Jacquard « à l’opposé de l’attitude libérale qui délibérément tient compte des intérêts immédiats ». L’efficacité industrielle a bousculé les choses car elle ne respecte pas le rythme de renouvellemment des ressources. Théodore Monod et René Dumont avaient sonné l’alerte en leur temps, les intellectuels sont peu nombreux à reprendre le flambeau, Nicolas Hulot est devenu l’icone médiatique rompû aux lois des lobbies qui se rachètent une image et une conscience (Rhône Poulenc, EDF, TF1).

Un des défis de l’altermondialisation et essentiel pour notre avenir c’est la question écologique, souvent sousestimée, qui nécessite des mesures urgentes et fortes. Le phénomène d’irreversibilité pose la notion du devenir de la planète, de l’humanité et la menace d’asphyxie généralisée. Les problèmes rencontrés sont aujourd’hui à une échelle mondiale et en particulier ceux liés à la détérioration environnementale et humaine.
Car « un environnement négligé et dégradé menace notre cadre de vie et porte atteinte à la santé. La lutte contre le cancer nécessite la connaissance des agents chimiques présents dans notre environnement. Elle exige une meilleure protection de nos concitoyens qui y sont exposés dans leur milieu professionnel ou leur cadre de vie » dixit Chirac dans sa correspondance avec le Pr Belpomme.
L’heure est à la dépollution : air, terre, eau, alimentation. Il faut une politique volontariste pour accepter un autre développement écologique respectueux de l’homme.
L’enjeu est de moins polluer pour diminuer la fréquence des maladies actuelles et retarder les manifestations de l’effet de serre. L’application du protocole de Tokyo (février 2005) est une première phase qui doit conduire à une prise de conscience globale et à une réaction individuelle d’éco-citoyenneté. Une réduction drastique de nos émissions doit être soutenue dans la durée, accompagnée de campagnes de sensibilisation et d’action. La société de consommation doit être décrédibilisée au profit d’une consommation réduite et responsable (au niveau énergétique et alimentaire). Une croissance économique fondée sur la qualité et non pas une quantité produite, telle est la solution préconisée par le Pr Belpomme. Mais dépolluer est plus difficile que polluer, il faut donc des mesures politiques fortes pour inverser la tendance. Un enjeu important s’offre aussi à la recherche technologique et dans l’industrie s’éloignant du développement durable largement instrumentalisé. Développer des énergies alternatives comme le solaire aujourd’hui en considérant la diminution du potentiel des énergies fossiles (pétrole notamment) et l’uranium. L’espoir peut venir d’un mouvement écologiste universel et de la force montante de la société civile. Car la conscience de la gravité de la situation doit accélérer la prise de décision. Le 21 ème sera écologique ou ne serons plus, telle est le bilan du Pr Belpomme qui met en avant la survie de l’espèce humaine en dénonçant les maladies induites directement ou indirectement par l’homme.
Les maladies que nous fabriquons sont multiples, certaines sont nouvelles, le cancer, les stérilités et les maladies congénitales (génétique ou hormonale) auxquelles s’ajoutent les maladies d’origine infectieuse, bactériennes (légionellose) ou virales comme le sida, le sras et les maladies à prions (vache folle). Un autre groupe est de nature métabolique avec les maladies cardiovasculaires liées à l’athérome (cholestérol), l’hypertension artérielle, l’obésité et le diabète. Le 4ème groupe concerne des maladies de nature toxique ou allergique, avec les maladies respiratoires chroniques (comme l’asthme et maladies de peau) alors que le 5ème comprend les maladies neurosensorielles et neuropsychiques qui sont pour la plupart de nature environnementale.
« Il y a un divorce profond entre la puissance affichée de notre médecine et l’extrème difficulté des recherches actuelles ». La pollution atmosphérique multiplie les attaques, notre alimentation provoque des réglèments, les pesticides seraient responsables de maladies du système nerveux et dégénérescences cérébrales.
Nous payons chaque jour la modification de l’ordre naturel, nos agressions et provocations constantes contre la nature. L’imposture est de nature « technico-économique et politique et du domaine de la société et du système dans lequel nous vivons ». De fait, les guerres, l’instabilité politique, la pauvreté, l’absence de moyens et de véritable politique sanitaire expliquent que nombre de pays en voie de développement dépendent des organismes internationaux ou ONG pour lutter contre les maladies et épidémies.
Dans les pays riches, la santé publique est en crise, se pose le problème du financement (dépenses en France de 10% du PIB), pourtant la santé est une priorité.

Le cancer est révélateur de la pollution de notre environnement, le libéralisme non régulé nous projette dans un mur indolore au 1er abord. L’état providence mis en place par les social-démocraties participe à la démoralisation de la société moderne et à la non-responsabilisation selon S. Latouche. L’enrichissement des pays du Nord est lié à l’appauvrissement des pays du Sud. La croissance pour la croissance (libéralisme fondé sur le profit) conduit à la pollution généralisée, l’épuisement des ressources naturelles et elle retentit sur notre santé. L’homme considère que que la nature est une marchandise inépuisable et surconsomme. L’industrialisation ne profite pas aux pays du Sud, la marchandisation de tous les biens se répand. Nous exportons notre mode de vie, nos cancers d’origine chimique, le tabac, l’alcool et les pesticides. Le pouvoir des multinationales est croissant sous couvert de développement ou d’aide intéressée (voir Monsanto en Afrique). La dette écologique du Nord est importante envers le Sud qui devient la poubelle du Nord (Areva au Niger, achat de droits de polluer). Il faudra concilier économie, écologie, santé et bien-être.
De fait, le principe de précaution doit être multiplié et la lutte contre les OGM relayée par l’information par souci de transparence. Une indépendance des médias et des instituts de contrôle doit être défendue échappant aux lobbies. Les transnationales déterminent les choix de société, l’industrie pharmaceutique est liée à l’industrie chimique. La production de substances toxiques est considérée selon certains comme un crime contre l’humanité. « La société cancérigène » de l’amiante et de l’agriculture intensive (pesticides) a révélé les cancers professionnels.
Une mobilisation populaire, un contre pouvoir intellectuel sont des éléments de construction d’un autre monde. Vouloir annuler la dette, c’est participer au développement des pays du Sud en leur offrant une aide désintéressée.
Il faut traduire les paroles par des actes en faisant pression sur les gouvernants, ne plus subir les sirènes économiques et les lobbies industriels en refusant ce développement qui n’est pas durable. Un volontarisme politique est nécessaire pour faire échec au fatalisme ambiant. Pour y parvenir, il faudra admettre une rupture nette avec le modèle de développement actuel qui passe par un sursaut citoyen et international (malgré la position américaine) pour espérer des jours meilleurs.
Il nous revient à refonder un mode de développement dépassant le capitalisme.

Les profits capitalistiques pour l’année 2004 sont énormes et augmentent régulièrement : 9,6 milliards d’euros, 4,6 pour BNP-Paribas...redistribution aux actionnaires, le capital est concentré dans peu de mains, investissements à l’étranger (Chine, délocalisations). Les actionnaires du CAC40 sont pour moitié français, pour moitié étrangers, Microsoft redistribue 37milliards de dollars à ses actionnaires. La France exploite probablement plus l’étranger que l’étranger ne l’exploite via le CAC40, les profits bancaires sont très importants (50% du chiffre en frais de gestion). La faiblesse des salaires explique la faiblesse de la consommation et la faible croissance. Les profits augmentent avec le chômage, la faiblesse des salaires est liée à la montée du chômage. La seule bonne nouvelle pour Bernard Marris c’est que le chomâge limite la croissance et l’émission de GES, les USA emettent 25% des GES de la planète, la Chine 14% (en raison de sa croissance). Les pays émergents (Inde, Chine, Brésil) en 2020 auront dépassé les pays de l’OCDE, cette croissance est alimentée par les profits des multinationales du Nord. L’idéal serait qu’elles investissent dans l’industrie propre : séquestration de carbone, voiture propre, pile à combustible hydrogène, biocarburants, solaire, photovoltaïque. La croissance chinoise est fondée sur le charbon (le plus polluant) et le nucléaire, les USA réinvestissent dans le nucléaire. Les ressources en uranium de même que pour le pétrole n’excèdent pas 30 ans d’utilisation.
Les profits d’aujourd’hui sont le chômage d’aujourd’hui et les maladies de demain. Mener une politique sociale aujourd’hui exige de considérer et de concilier l’environnement pour assurer l’avenir du globe et de ses hommes.

8.03.2005 (Rouge et Vert)

Gwel@n