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POURQUOI UNE « VRAIE POLITIQUE DE GAUCHE » EST IMPOSSIBLE ?

12 octobre 2012, 08:50

Voilà ce qui arrive quand on ne présente qu’un extrait et que personne ne se soucie de lire l’ensemble du texte d’Anselme Jappe où on trouve avant l’extrait cité :

Mais c’est surtout dans l’adoration du travail-fétiche que le capitalisme et ses adversaires présumés démontrent leur appartenance en vérité au même univers. Sauf quelques exceptions timides et souvent incohérentes, presque personne ne peut s’imaginer une société qui ne soit plus basée sur la nécessité de vendre sa force de travail pour pouvoir vivre – même si l’on ne trouve plus nulle part d’acquéreurs. Les technologies ont remplacé le travail humain à un tel degré, dans tous les secteurs, et dans le monde entier, que le travail a perdu son rôle de force productive principale. Cependant, la production capitaliste n’a pas pour but la richesse concrète, mais l’accumulation de valeur – qui ne se crée qu’avec l’utilisation de la force de travail et qui, avec le surtravail, engendre la survaleur. Et ce n’est pas n’importe quel travail qui crée de la valeur, mais seulement celui qui reproduit le capital investi selon les standards de la productivité mondiale. Voilà pourquoi même des millions de nouveaux travailleurs en Chine ne permettent pas à l’accumulation capitaliste exsangue de se ranimer. Les profits encore obtenus par quelques acteurs économiques, notamment dans le domaine de la finance, ne démontrent nullement que le capitalisme, dans son ensemble, soit en bonne santé.

Pour le dire très brièvement, le problème principal aujourd’hui n’est plus seulement l’exploitation du travail (même si elle existe, et plus qu’avant), mais le fait que des couches de plus en plus larges de populations ont été rendues « superflues » par une production qui se passe de la force de travail humaine. Il est ridicule d’imaginer pouvoir donner du « travail » à tous les « superflus ». Il faudrait plutôt commencer à imaginer une société qui n’utilise pas son potentiel productif pour satisfaire la quête d’un être fantomatique et fétichiste comme la « valeur marchande », mais qui se sert de ce potentiel pour satisfaire les besoins humains.