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Etat espagnol. L’indépendance, un droit démocratique de la Catalogne

28 novembre 2012, 17:05, par antoine (Montpellier)

Je réponds ici à ce qu’écrivent à AC et à Richard.

ICV-EUiA qui, d’une façon ou d’une autre se rattache à IU (sorte de Front de gauche à l’espagnole), a progressé en voix mais sans que cela soit très marquant. L’important c’est de cerner la démarche droitière de cette organisation qui s’est alliée au PSC à l’époque du Tripartito et s’est complètement alignée sur l’orientation gestionnaire des socialistes. Saurà, leur ministre à l’Intérieur, ne s’était pas distingué par une politique de gauche sur son propre terrain ! Alors que déjà, sur le mode Front de gauche, un coup avec, un coup contre mais à l’arrivée "tout contre", IU vire très à droite (cf sa participation au gouvernement austéritaire avec le PSOE andalou !), ICV-EUiA cultive son autonomie "moderniste et ouverte" en gardant le cap d’une alliance structurelle avec le PSC. Rapprochement que l’option fédérale du second ne peut qu’accentuer ! Donc, AC peut ironiser (gentiment) sur la faiblesse des "trotskystes" catalans, elle ne doit pas occulter la faiblesse politique d’ICV-EUiA si, du moins, comme Richard et AC, on se place sur le terrain de la construction d’une radicalité de rupture et d’alternative. Tout rapprochement avec un PSOE ou un PSC ne peut être interprété que comme le signe d’un opportunisme politique qui mène inéluctablement à des impasses comme l’Etat espagnol en a connues depuis la foutue Transition dite démocratique. Une Transition qui est la clé pour comprendre l’affaiblissement du mouvement ouvrier et, en son sein, d’un courant trotskyste (LCR-ETA VI) qui avait réussi à se construire de manière assez significative. Une Transition dans laquelle le PCE et, par continuité politique, divers dirigeants d’IU, ont une responsabilité écrasante !

Ce qui est le plus prometteur dans ces élections catalanes reste, AC en parle, l’émergence de la CUP-Alternative de gauche dont les camarades espagnols d’IA écrivent (désolé c’est en espagnol) : "La irrupción de la CUP-Alternativa d’Esquerres, que los y las anticapitalistas debemos celebrar, es la gran novedad dentro del panorama de la izquierda. Nunca hasta ahora una fuerza de izquierdas situada al margen de los partidos tradicionales y con un programa de ruptura había conseguido un éxito comparable. La CUP-AE ha llegado al Parlamento con una campaña con un marcado perfil rupturista anticapitalista y democrático radical y con un amplio abanico de soportes que van mucho más allá de la izquierda independentista, que han incluido a la izquierda anticapitalista organizada, al municipalismo alternativo y a muchos sectores de la izquierda social. El gran reto ahora es gestionar colectivamente este éxito. Por primera vez muchos activistas sociales se han comprometido con una alternativa política. Se trata de que este no sea un compromiso efímero sino el inicio de un amplio proceso de repolitización social y de organización. La voluntad declarada de hacer de "caballo de Troya" de las clases populares en el Parlamento debe regir la labor parlamentaria de la CUP-AE y debe permitir visibilizar la posibilidad de hacer política de otra manera, desprofesionalizada y en sintonía con los movimientos sociales.

El gran reto de fondo de la izquierda catalana es construir una fuerza que pueda llegar a ser mayoritaria en la sociedad y derrotar las fuerzas de la austeridad que nos ahogan día a día. Esta alternativa sólo será fruto de la confluencia de muchas organizaciones y voluntades, en un proceso del que estamos justo al principio. La crisis provoca una creciente pérdida de legitimidad del sistema político y de las grandes formaciones políticas. Hay que profundizar esta dinámica y hacer estallar el actual sistema de partidos."

Enfin sur le fédéralisme pour la Catalogne, je renvoie à l’entrevue que j’ai mise en ligne de Marti Caussà et à ce passage en particulier qui met en garde contre un positionnement hors sol en faveur du fédéralisme :

"6) Ne serait-il pas plus démocratique que le référendum porte également sur d’autres alternatives (fédéralisme, etc.), à côté de l’indépendance ?

Dans les conditions actuelles, non. Dans la réalité d’aujourd’hui, il n’existe pas d’alternative fédérale ou confédérale. Pour la simple raison que de telles relations, si elles ne sont pas des mascarades, nécessitent qu’il y ait deux ou plus de partenaires qui sont disposés à discuter sur un pied d’égalité. Et il n’y a personne aujourd’hui qui est disposé à discuter sur un pied d’égalité avec la Catalogne sur la manière d’établir une nouvelle relation. Le fédéralisme est actuellement un produit de marketing pour vendre la même chose : la Constitution de 1978 et l’Etat des Autonomies. Certains manifestes qui circulent en ce moment sont, fondamentalement, contre anti-indépendantistes dans la mesure où ils n’acceptent pas le droit à l’autodétermination. C’est pour cette raison que le référendum doit porter sur l’indépendance, avec une question claire.

7) Une union libre, de type fédérale ou confédérale, ne serait-elle pas meilleure que l’indépendance ?

Cela dépend des circonstances concrètes. La meilleure solution est celle qui correspond à la volonté librement exprimée par les citoyens d’une nation, dans ce cas ci la Catalogne. C’est pour cela qu’il faut réaliser un référendum et qu’il faut respecter son résultat.

Il est vrai qu’une union libre peut avoir de nombreux avantages, et elle a été la revendication historique de la gauche en Catalogne. Mais il est également vrai que les forces politiques majoritaires dans l’Etat espagnol n’ont jamais réellement envisagé cette possibilité et ont toujours opté pour une union sans liberté. La mise au frigo du Statut de 2006 a provoqué un changement d’attitude dans de nombreux secteurs qui avaient cru dans la possibilité d’une évolution fédéraliste de l’Etat des Autonomies, mais ils se sont aujourd’hui écartés de cette voie.

Aujourd’hui, ce n’est seulement qu’après l’exercice du droit de décider, du référendum sur l’indépendance, qu’il semble possible de reposer le débat sur la fédération ou la confédération. Et cela à condition que dans l’Etat espagnol apparaisse une force politique avec une influence de masse qui propose sincèrement une union libre."