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G.I. Abdallah : nouveau refus de libération

27 février 2015, 19:12, par Alain Chancogne

Excellent papier dans l’HUMA

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Le militant, emprisonné en France depuis plus de trente ans, s’est vu refuser sa dixième demande de libération. Le ministère de l’Intérieur, lui, nie un arrêté d’expulsion. Cette décision politique complaît à Israël.

Question  : la justice française se grandit-elle, fait-elle la preuve de son indépendance en refusant, pour la dixième fois, la libération de Georges Ibrahim Abdallah, chrétien libanais aujourd’hui âgé de soixante-deux ans  ?

L’ancien chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises (Farl) est en prison depuis plus de trente ans maintenant. Arrêté à Lyon le 24 octobre 1984, il avait été condamné à perpétuité pour complicité dans les assassinats, en 1982 à Paris, de deux diplomates, l’Américain Charles Robert Ray et l’Israélien Yacov Barsimantov. Trente ans. Le triste record de Nelson Mandela, jeté dans une geôle par le pouvoir de l’apartheid, est battu.

Triple peine et régression

Qu’a dit la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Paris, réunie jeudi  ? Une nouvelle fois, la demande de libération a été déclarée irrecevable, au motif que Georges Ibrahim Abdallah n’avait pas fait préalablement l’objet d’un arrêté d’expulsion. Or, cet arrêté d’expulsion, pourtant arme souvent dégainée par les multiples ministres de l’Intérieur lorsqu’il s’agit de travailleurs migrants, lui a toujours été refusé. Y compris par Manuel Valls, actuel hôte de Matignon qui, comme Charles Pasqua à son époque, a promis de «  terroriser les terroristes  ». Mais la cour d’appel a ajouté à cet argument le fait que Georges Ibrahim Abdallah «  ne regrettait pas les actes pour lesquels il avait été condamné  » et rappelé qu’il n’avait pas indemnisé les ayants droit des victimes. C’est, en quelque sorte, une triple peine. Pas moins  ! L’avocat du militant libanais, Me Jean-Louis Chalanset, a indiqué que son client allait se pourvoir en cassation. Pour lui, la décision de la cour d’appel est «  très régressive  » dans ses motivations, par rapport à celles rendues précédemment. Le 5 novembre, en effet, le tribunal d’application des peines avait refusé, pour la neuvième fois, de remettre en liberté l’ancien chef des Farl, décision dont son avocat avait fait appel. En 2012, un avis favorable avait pourtant été rendu par le juge d’application des peines, puis en appel, mais la Cour de cassation avait finalement déclaré la demande irrecevable.


Comment peut-on demander à un militant révolutionnaire, communiste, de se déjuger ?

Cette décision de la justice française est éminemment politique. Georges Ibrahim Abdallah doit-il rester indéfiniment en prison  ? Comment peut-on demander à un militant révolutionnaire, communiste, de se déjuger, alors que son acte visait à contrecarrer et dénoncer l’occupation du Liban par l’armée israélienne, occupation soutenue notamment par les États-Unis et par la plupart des pays occidentaux, dont la France  ? Pourquoi le ministère de l’Intérieur ne publie-t-il pas un arrêté d’expulsion, si ce n’est pour continuer à faire payer à Georges Ibrahim Abdallah et, à travers lui, à tous ceux qui s’opposent à la politique israélienne dans la région  ? Cette décision survient alors qu’Israël et ses dirigeants ne sont toujours pas inquiétés pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité perpétrés en 2008-2009, puis en juillet 2014, dans la bande de Gaza où des milliers de personnes, dont des centaines de femmes et d’enfants, ont été massacrées. Pis, s’agissant de la dernière offensive israélienne, le chef de la mission d’enquête de l’ONU a été contraint à la démission sous la pression exercée par Tel-Aviv. Et quand un rapport voit enfin le jour, il est purement et simplement remisé, avec l’aval des grandes puissances, membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Une décision politique, donc, qui devrait amener à une mobilisation supplémentaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Le comité créé en ce sens va y contribuer

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