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> CENSURE

6 mai 2005, 12:57

La lutte des classes est parfois violente. Et les mots peuvent tuer ou incarcérer (la sentence d’un juge par exemple). "La violence de vos propos est à vomir". Camarade grand lutteur de la CIP as-tu déjà entendu la violence verbale quotidienne qui est faite aux masses : au travail, dans les transports (auto ou communs), par les flics etc. Particulièrement lorsque les pauvres osent protester (grève, manif, actions diverses)... ce sont des insultes à plus soif et des violences verbales bien concrètes (amende, TIG, prison,... bref saisies de corps et de biens). Que sont nos euphémismes et litotes de couvent de jeunes filles dans les commentaires de cet article, pour que tu puisses ainsi t’offusquer et parler de "violences verbales"... (?) Ou alors il y a un réel "décalage culturel" (une sorte de "fracture culturel" diraient les Chiraco-Ardististes) en toi et les reste du peuple : d’un côté les cénacles "précieux" ou le moindre mot non-euphémisé ou "novlangué" choque et provoque émoi, stupeur, évanouissement, cris d’orfraies...(ou encore les "inc’oyables et les me’veilleuses" de l’époque thermidorienne, qui résume d’ailleurs mieux notre époque - bassesse, régression, corruption...- que les "ruelles" précieuses de la Fronde), de l’autre "la masse d’esclaves motorisés" pour reprendre l’expression de Guy Debord dans In Girum....
Cependant que ton indignation me paraît en même temps comme feinte et jouée, et qu’elle pourrait tout aussi bien participer d’une tentative de criminalisation rampante de nos propos (ce sont des violents, des fachos etc. ce qui ne pourraient que plaire aux oreilles d’un Villepin ou d’un Perben !)
Quant à la "Censure" : Sont publiés ici les textes du groupe Multitude : ils sont clairs et nets, et c’est pourquoi cela emmerde des membres de ce groupe qui auraient voulu cacher la position politique de leur organisation "politico-culturel" dans les mileux sociaux et syndicaux qu’ils prétendent "conduire", "diriger" ( avec ce style "caporaliste et incompétent", pour reprendre une expression d’un haut fonctionnaire de l’Etat à propos du personnel étatique et para-étatique des Verts-multitudiens).
Quant à votre réunion de mardi prochain, eh bien le mieux serait qu’une délégation de chomeurs militants et actifs de la région parisienne (chômeurs en colère, CGT chômeurs, Apeis, interco-CNT, squatters, RdB, MIB etc.) partisans du NON viennent vous encourager, et discuter avec vous des modalités de campagne contre l’Europe du Chomâge, de la misère et de la surexploitation (c’est seulement cela la "précarité" et la "flexibilité"), et pour la victoire du NON au PROPAGANDUM du 29 mai. Bien loin de polémiques stériles, pourraient alors être établies des initiatives concrètes et simples à mettre en oeuvre sur le terrain dès le 11 mai 2005 (c’était la "nuit des Barricades". le 10 mai c’est la date anniversaire de la victoire de l’ex-vichyste Mitterand) pour saboter le "13 mai" (date anniversaire du Putsch d’Alger, qui permît à de gaulle d’imposer les institutions réactionnaires de la Vème république, sous le joug bonapartiste et thermidorien desquel l’on subit encore le règne des putschs électoraux successifs -cohabitation, dissolution, referendum, élections présidentielles décidant de tout...-).
Les revendications des chomeurs français (niveau allocations assedic et minima sociaux, droit au logement et au transport, vie chère, accès à la formation sérieuse, droit à la santé et accès à une nourriture saine etc.) sont directement en prise avec les enjeux du TCE. Soit c’est la victoire du OUI, et alors ce sont de formidables pouvoirs politiques et institutionnelles qui sont données aux dirigeants européens pour déployer leurs plans thatchériens de casser les vieilles organisations de la protection sociale, soit le NON l’emporte, et alors la bourgeoisie sera freinée et gênée politiquement pour faire aboutir sa stratégie. Soit on est du côté de ceux qui veulent que cette crise soit ouverte, afin que les masses puissent s’engoufrer dans la brèche ; soit on est pour le oui, pour l’ordre, pour la stabilité institutionnelle de l’impérialisme européen, et alors on est le complice de la déstructuration encore un peu plus avancée de la classe ouvrière, et on ouvre grand les voies aux solutions de plus en plus sécuritaires et militaires dans le traitement de la question sociale (lägers, camps de déportation des sans papiers, militarisation et criminalisation de la vie quotidienne, croissance et démultiplication du paupérisme de grande envergure (bidonsvilles, cités ghettos..), décroissance du niveau de santé publique et de l’espérance de vie pour la moitié de la population, accidents technologiques majeurs, guerres incessantes sur les "limes" sud et est de la "presqu’ile" européenne (Ce qui est en résumé le plan néo-thatchérien du trio impérialiste franco-germano-anglais - voir en avant-goût ce qu’ils ont fait de la Yougoslavie entre 1991 et aujourd’hui, avec l’appui de leur grand oncle Sam).
La lutte des classes est souvent, hélas, et trop, violente. Mais c’et l’impérialisme qui a déclaré la guerre. Nous, nous la subissons.