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> Dire non : dernière chance pour la gauche française de gagner les présidentielles de 2007

14 mai 2005, 14:54

On le sait, en France, la seule élection déterminante est l’élection du président de la république. C’est regrettable, mais c’est ainsi depuis 1962, où la constitution de la Vème République, que d’aucun avait qualifié de "coup d’Etat permanent" (Mitterand en 1962, avant de la renforcer une fois arrivé au pouvoir), a été parachevée par l’élection au suffrage universel du président. La récente réforme dite du "quinquénat", faisant coincider élection présidentielle, puis élections législatives, a définitivement rangé le parlement au rang de godillots du président de la république, véritable César pouvant légiférer sans consultation du parlemenent (les "ordonnances"), dissoudre le parlement, décréter les pouvoirs spéciaux sine die (article 16) etc.
Malgré de sévères défaites aux élections "intermédiaires" (régionales, cantonales, européennes), la victoire du OUI sera celle de la droite, et de la droite seule. Par le contenu même de la "constitution Giscard", mais aussi par le fait que l’immense majorité de l’électorat de gauche est opposée à ce projet, parce que composé en grande partie des classes populaires, cet électorat a parfaitement compris que cette constitution est une machine de guerre contre ses acquis et ses droits sociaux. Que les directions du PS et des Verts, entièrement soumis aux logiques libérales du patronat et de la haute administration française et bruxelloise (patrons et hauts fonctionnaires étant interchangeables dans un "jeu des chaises musicales", ou encore une "alternance" qui se voudrait le paradigme de l’alternance gouvernementale. Quand je suis dans l’opposition je suis patron dans le privé ; quand l’alternance intervient je laisse ma place à un ancien gouvernant, et je prend la sienne dans la haute administration !), se soient à ce point coupés de leur base sociale et électorale, ne peut à court terme que produire de nouveaux désastres électoraux, dans tous les scrutins uninominaux à deux tours, et particulièrement pour la présidentielle. Le risque d’un 21 avril (2002) bis n’est plus à exclure, mais pratiquement certain, si la victoire du oui marquait radicalement l’abîme qui sépare ces grands bourgeois et néo-bourgeois ( dont un Christophe Girard, maire-adjoint à la culture de la Ville de Paris, et soi-disant "vert", directeur de la stratégie du grand groupe capitaliste français "LVMH" de Bernard Arnault, durant les années 80/90 est emblématique) de la masse de l’électorat populaire.
Les partisans socialistes du non, exclus ou humiliés/placardisés, ne pourraient qu’être conduit à la scission. On se retrouvait alors en 2007 avec 6 ou 7 candidats de gauche au premier tour, en désaccord sur tout avec le PS. C’est un duel Chirac / Sarkozy ou Sarkosy / Villepin assuré pour le deuxième tour, et une chambre "bleu horizon" à l’assemblée nationale, avec 5 années supplémentaires pour réellement démanteler la protection sociale en France (Retraite, sécurité sociale, assurances chomages, subventions au logement social etc.). Et un retour à la situation politique qui a prévalu en France entre 1958 et 1974, mais avec, non un gouvernement autoritaire-paternaliste mais "social", mais un gouvernement paternaliste-autoritaire (négation des valeurs de 1968 affichée aujourd’hui même par les plus "libéraux"(au sens "sociétal") comme Luc ferry ou Finkelkraut) mais "libéral" (au sens économique).
Beaucoup des apparatchiks du PS, aujourd’hui s’en moquent un peu. Bien installés dans les 21 régions gagnées en 2003, ils se partagent postes, prébendes, honneurs... et se croient à l’abri des vicissitudes de la vie politique nationale. C’est une grossière erreur : sous le poids des impératifs budgétaires nationaux et européens, ils ont été contraints d’augmenter drastiquement les impôts (de 30 à 60% !), sans qu’ils ne soient assurés de pouvoir répondre aux transferts de charge de plus en plus lourds imposés par l’Etat ; entre 2007 et 2009, le nouveau gouvernement pourra modifier le régime électoral et acculer les régions à des difficultés financières (d’autant que la droite ne dirigeant qu’une seule région - la plus riche de surcroît - la manoeuvre sera aisée et ne rencontrera aucune opposition en son sein. Et c’est à une autre déroute électorale de la gauche qu’on pouurait bien assister aux régionales et cantonales de 2009. Pour ne pas parler des Municipales, qui alors qu’elles devaient se dérouler en 2007, interviendront, au mépris de toute règle constitutionnelle, après les présidentielles, dans l’effet "tsunami" du raz de marée électoral de droite qui se prépare.
Les électeurs socialistes et verts seraient bien inspirés de réfléchir à toutes les conséquences de leur vote OUI, qui verrait les probabilités d’un retour de la gauche au pouvoir en France différé pour au moins dix ans !