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> Confusion dans l’analyse

12 juin 2005, 20:41

Le "Encore quelqu’un qui a du avoir du mal avec l’épreuve de philo au Bac " relève de la pédanterie et du mépris de classe, dans le cas d’espèce de la bouffonnerie du Diafoirus. Mais passons (j’avais eu 19/20 à cette minable épreuve, la passant en candidat libre sans rien "potasser", je n’avais eu donc "aucun mal", mais cela ne montre ni ne démontre rien). Derrida, dans "Force de Loi" n’introduit pas cette dichotomie simpliste entre "niveau individuel" et niveau "collectif" (cà c’est "l’individualisme méthodologique" de la philosophie libérale qui le fait).Mais si l’on en restait à cette opposition abstraite (alors même que l’individu s’indivue par et dans des processus sociaux et que le collectif est constitué par les individus), pour simplifier à l’extrême, alors ce serait plutôt l’inverse, c’est l’individu qui serait du côté de l’excès (celui qui réclame justice la révendique pour lui, pour sa cause particulière, non pour l’idée de justice ou pour la justice "universelle" immédiate), le politco-judiciaire dans son devenir médiatisant ces multiples et contradictoires revendications pour en produire la synthèse, la régulation, en donnant la "mesure".
Je maintiens que cet article est symptomatique d’une position fustigeant les excès, et dénonçant l’intolérance comme excès néfaste qui est typiquement celle de l’idéologie dominante, qui prétend interdire de penser en dehors d’un système de coordonnées pré-établiees considéré comme seul raisonnable et rationnel - "’économie de marché", la démocratie représentative et leur système d’information médiatique -. Tout ce qui prétend penser en dehors et contre ce système, et donc à le récuser radicalement, et vouloir l’abolir, à travers un antagonisme qui ne peut connaître aucun accomodement ou réconciliation, est récusé comme totalitarisme. En ce sens que M. Corcuff raisonne comme un Jean-François Revel ou un Jean-François Kahn c’est son droit le plus absolu. Qu’il prétende préempter une "image" de révolutionnaire et de libertaire est une autre chose, qui s’appelle une imposture.
Sur ces questions, je renvoie l’éventuel lecteur, non à Derrida, qui en la circonstance serait un peu ardu et surtout un peu long, mais à un récent petit ouvrage du philosophe Slovène Slavoj Zizek paru en français en 2005 sous le titre "Que veut l’Europe ?", ainsi qu’à son "Plaidoyer en faveur de l’intolérance" (les deux aux éditions climats).