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> Houellebecq malgré lui, quand le racisme revient à la mode

27 septembre 2005, 22:38

On emploie à mon avis les termes "racisme" ou anti sémitisme à tort et à travers. Depuis Levi Strauss - et même avant lui - on sait sans aucun doute que la médiocrité et la bassesse humaines ne sont pas des caractériques de la couleur de la peau ou de la croyance religieuse. L’abjection, au sens où nous l’entendons - et nous sommes seuls à entendre - est inhérente à la nature, à la nature humaine et la nature tout court. Le spectacle actuel ou rétrospectif du monde offre une suite ininterrompue de répétitions ou de malentendus sanguinaires et absurdes. Il faut être stupide ou de mauvaise foi pour ne pas s’en apercevoir.
La nature a choisi (?) la reproduction comme mode pour fonctionner, ce qui se traduit par l’anéantissement de ce qui est au bénéfice de ce qui adviendra, sous une forme plus élaborée et complexe. Il en va de même pour les civilisations. L’envahisseur massacre toujours l’autochtone pour installer sa civilisation. Ce phénomène est imparablement inscrit au programme de la vie et de la mort. La "mobilisation infinie" ( Peter Sloterdijk) commence absolument avec la conscience de soi et le désir de reconnaissance par autrui.
Ensuite, le fantasme qui en découle, celui d’un monde achevé ou d’une fin de l’Histoire, ici bas ou là-haut - la philosophie, les monothéismes, les "lumières", le socialisme, etc, etc - génère une poussée vers le haut (?) radicalement illusoire. Il faut être stupide ou de mauvaise foi pour ne pas savoir ça. Ce qui est le cas de la plupart d’entre nous.
Michel Houellebecq, lui, il sait. Douloureusement et courageusement.
On ne lui en voudra pas de comprendre que la seule issue à cette grandiose tragédie, dès lors que nous abandonnons nos espoirs en Dieu et en un consensus mondialisé, est le recours à la science. Demain, nos généticiens sauront nous bricoler un néo humain guéri de la maladie d’exister, d’aimer et de haïr. Un néo humain en attente devant l’Eternité. En attente de quoi ?
Michel houellebecq exprime dans un style éblouissant, avec une émotion qui vous prend aux tripes, l’insondable vertige de l’homme lucide.
Au commencement est l’émotion - ou le verbe - mais c’est la même chose. "L’angoisse est la possibilité du possible" (Kierkegaard). Il faut être stupide ou de mauvaise foi pour ne pas savoir ça.