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> On sauve l’Iran ou le dollar ??

29 janvier 2006, 10:23

Voilà ce que je préconise, non parce que j’estime que j’ai raison, on n’a jamais raison tout seul, mais pour entamer le débat et bénéficier d’autres réflexions :

POUR UNE STRATEGIE ANTI-IMPERIALISTE

je vais essayer d’être trés claire avec ce que je préconise. L’article dans Grand soir sur la Bourse du pétrole proposé par les Iraniens, selon moi donne un contexte réel à l’intervention de Chirac.Comme d’ailleurs l’annonce d’un ralentissement de la consommation nord-américaine parce que l’endettement des ménages est arrivé à son maximum et que cela n’a plus aucun rapport avec les revenus réels du travail... Ce qui est là-encore une situation comparable à la France. Ou encore le fait que malgré la croissance, le chômage, des jeunes ne cesse de croître.

Tout cela aboutit bien à l’analyse d’une crise du système, à la montée des résistances, mais aussi de véritables dictatures, doublées de manipulations. Et elles ne sont pas où on nous dit qu’elles sont ....

Voilà ce qu’avait flairé la meute européenne : la volonté en mars 2006 que soit installée une bourse du pétrole iranienne où les transactions pourraient intervenir en euro (voir l’article paru dans Grand soir). C’est cela l’arme de destruction massive que craint le gouvernement nord-américain.

voilà la bonne odeur de pétrole qu’avait flairé la meute européenne et qui explique le ralliement européen au discours de Chirac.... On peut même imaginer qu’il les ai convaincus parce que tout le monde sait bien d’où vient le seul terrorisme d’Etat qui puisse menacer la planète, et même l’Europe dans ses velleités d’indépendance en leur expliquant : "la GB a un potentiel nucléaire mais il est totalement intégré aux Etats-Unis par le biais de l’OTAN. Moi je peux agir seul et retenir le loup.Donc il faut jouer notre jeu propre au Moyen-orient, en ignorant totalement le conseil de sécurité que les USA ont réussi à paralyser".

Parce que je n’ai cessé de le souligner, ce discours apparaît comme un défi aux Etats-Unis, intervient positivement dans la crise iranienne, mais est la plus terrible doctrine impérialiste qui se puisse imaginer.

Que faire en France ?

Donc en ce qui nous concerne nous Français, il s’agit d’abord de mesurer la nullité nocive de ceux qui sont sensés nous représenter, de la gauche en particulier. Cette attaque est une exigence et pas la volonté de détruire. Cette "nullité" est basée au mieux sur une erreur stratégique : choisir "la conciliation", alors même qu’un impérialisme en crise qui non seulement renforce l’exploitation, crée une guerre généralisé, provoque de plus en plus de mécontentements, alors que les bases du rassemblement s’élargissent, alors que l’ennemi est impitoyable, et que de fait il est prêt à aller jusqu’à l’usage du thermo nucléaire contre des populations innocentes, est une vision stupide... Elle nous met à la remorque d’un impérialisme local, qui s’il paraît agir plus intelligement au niveau international n’en a pas moins des caractéristiques semblables à l’impérialisme nord-américain auquel il parait s’opposer. De surcroît tant au niveau international qu’au niveau local, elle nous divise, nous fait nous battre en ordre dispersé et donc donne de la force au mur qui nous est opposé à chaque coup.

Cet impérialisme local n’est plus celui de l’Etat-nation français gaullien, mais bien avec les privatisations, celui des multi-nationales locales et européennes qui ira toujours plus avant dans le néo-libéralisme. De surcroît, les citoyens français à qui cette politique de surarmement coûte très cher, sont privés de toute décision. Ils sont déjà de la chair à canon... Déja au moment de la bataille sur le traité constitutionnel, ont été complétement occultés les implications militaires du traité. Comme d’ailleurs le débat basique populaire sur le coût de l’Euro aux budgets des ménages. C’est dommage. De surcroît la Constitution de la Ve République nous transforme en monarchie nucléaire avec un président de la République qui fait ce qu’il veut et transforme de fond en comble, dans les faits avant les paroles, l’utilisation de cette force de frappe.

Le discours de J.Chirac annonce l’abandon de toute référence à la légalité internationale et une politique de surarmement généralisé face au pillage des ressources qui s’épuisent.

Il y a une conception dictatoriale, non démocratique contenue dans nos intitutions et agravé par l’intégration européenne. Le politico-médiatique qui occulte le fondamental, crée des leurres, monte la haine entre les peuples est bien un coup d’Etat permanent sur la démocratie. Avantage marginal du discours de Chirac, il dévoile le fond de tout ce que l’impérialisme nord-américain tend à masquer sous des raisons hypocrites... Mais il n’en est pas moins effrayant, même s’il est moins "puéril" et hypocrite.

Donc il faudrait non seulement dénoncer ce discours, mais organiser un grand mouvement contre la guerre, développer partout la conscience des enjeux et des "faits", pas des "fantasmes", liés à notre propre désarroi autant qu’à notre ignorance. Ce serait le rôle des communistes, (de toutes obédiences) mais ceux-ci s’en montrent incapables tant ils sont coupés de la montée des résistances dans le monde avec leur stupide ni-ni, et leur ralliement à la conception de la démocratie des autres, la manière dont ils se sont coupés de leur base populaire et continuent en ce sens, sans parler pour l’opposition, la division sur n’importe quoi...

Il faudra un jour également s’interroger sur les échéances électorales que nous ne cessons de donner à nos analyses et qui visiblement dans l’état actuel deviennent de plus en plus des rituels vidés de sens, ce qui se traduit par une abstention massive et des compétitions internes sans autre contenu que des jeux politicien. Combien d’entre nous engagés dans une compétition électorale pour leur camp, ont été empêchés de percevoir la nature du discours de Chirac pour ne donner que cet exemple récent ? Il faut analyser le politico-médiatique et le théâtre d’ombre privant le citoyen de sa responsabilité réelle... Et même s’interroger sur un "militantisme" limité à internet... Non pour renoncer à la démocratie mais pour lui restituer un contenu réel.

IL Y A DES POSSIBLES...

Car il y a effectivement d’autres possibles que se rallier à un impérialisme local. Il y a le choix opéré par les peuples du sud, et singulèrement ceux d’Amérique latine .Face à la guerre totale et "rationnelle" à la Clauzwitz de l’impérialisme ou des impérialismes, les peuples du sud et ce singulièrement à travers l’expérience cubaine, l’apport aujourd’hui du venezuela, se dessine une stratégie à la TZU ZU, gagner la guerre sans avoir à combattre.(1) Ils tiennent compte de la disproportion des forces, non pour se coucher mais pour mieux manoeuvrer, bien connaître le terrain et agir avec des troupes rendues mobiles, actives, par la politisation, la conscience des enjeux.

Mais cela suppose l’unité dans le respect des diversités, dans la solidarité, la compréhension, la connaissance des peuples. De ce point de vue, je vous conseille de lire notre livre DE MAL EMPIRE et en particulier la dé-dollarisation cubaine et le cadre nouveau international dans lequel elle intervient. les choses n’ont pas changé et l’instauration par l’Iran d’une bourse du pétrole en euro va dans le même sens à la différence près que le choix iranien joue sur les concurrences inter-impérialistes, alors que les Cubains font la démonstration que l’on peut se passer du dollar grace à leur choix socialiste et la mobilisation consciente du peuple cubain.

Question immédiate : Est-ce que la "gauche" arrêtera de se laisser manipuler pas des prétextes humanitaires ou "démocratiques" ? Reprenez les fondamentaux dans l’analyse de l’impérialisme... Et cherchez l’intérêt réel de tous ceux qui souffrent de ce système qui va dans le mur et nous y entraîne... Et ne choisissez même pas un "intérêt" national qui n’est pas celui de la patrie mais celui des marchands de canon...

Danielle Bleitrach

(1) c’est cette stratégie que met très concrètement en oeuvre Fidel dans son discours à l’université paru sur le site Grand soir. Elle consiste non à tabler sur le surarmement mais sur l’élevation de la conscience d’un peuple, une conscience concrète de ce qu’il faut corriger dans le quotidien autant que des périls qui menacent l’humanité.