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Un autre regard sur la candidature

28 juin 2006, 11:04

Je viens de recevoir ca... j’en fais profiter... Pablo

¬ Besancenot, candidat sélectionné et parrainé par le PS ?
Olivier, révolte-toi contre le rôle qu’on veut te faire jouer !

Hypothèse 1. Pourquoi le PS aime Besancenot.
Hypothèse 2. Comment José Bové a été éliminé par ses propres copains trotskystes, comme ATTAC.

L’article de « Libération » sur Besancenot (hier samedi 24 juin 2006, page 13) permet de lever un coin du voile. On y parle d’un sujet sensible : la recherche des signatures d’élus locaux, prélude à toute candidature présidentielle (Et oui : la classe politique s’est donné le droit de coopter l’un des siens, elle ne s’en prive pas. C’est aussi simple que cela.)

Selon « Libération », « contrairement à 2002, la LCR ne pourra compter sur l’appui bienveillant du PS... ». 2002, c’était l’année de l’invention médiatique du jeune et frais Olivier Besancenot, en remplacement d’Alain Krivine.

Toujours selon Libé, un certain Roberto, responsable des recherches de signatures pour la LCR affirme ce premier paradoxe : Les maires de gauche seront plus enclins à parrainer Besancenot s’ils sont certains que la gauche sera au second tour. « Si Ségolène Royal reste à 30 % dans les sondages, ce sera oui. A 20% non ». Ce qui fait que le sort de Besancenot pour les mois à venir est étrangement lié à la bonne santé de Ségolène. Vertigineux, non ?

Mais il y a plus intéressant dans la conclusion de l’article de Matthieu Ecoiffier : « Voilà une nouvelle fois le sort de la candidature LCR liée au PS. Comme en 2002. Il y a cinq ans, se souvient le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, « la LCR m’avait contacté. Il leur manquait une soixantaine de signatures. Or une quinzaine de maires PS avait pris position pour eux. J’ai fait une note où je préconisais de ne pas faire pression pour qu’ils retirent leur signature. François Hollande a eu Alain Krivine au téléphone et donné son feu vert. » Pour 2007, « les consignes de monopole des signatures pour le PS seront respectées », assure Cambadélis. Et pour une simple raison : « Ce n’est pas au PS de choisir le champion de la gauche de la gauche. »

On peut faire confiance à Cambadélis, lui-même ancien trotskyste et mouillé dans un paquet d’affaires, dont une avec un ex-facho : S’il certifie que ce n’est pas au PS de choisir le chef des altermondialistes, c’est justement qu’il en est fortement question !

Maintenant réfléchissons sur deux hypothèses que vous ne lirez jamais dans la presse ouiste :
Hypothèse 1. Pourquoi le PS aime Besancenot.

Le PS ne se contente pas d’imposer son hégémonie sur la gauche (quitte à violer son règlement intérieur pour étouffer ses propres dissidents, comme on vient de le voir avec son dernier vote interne la semaine dernière, qui a vu les opposants interdits de parole et de droit de déposer un texte alternatif, ce qui ne s’était jamais vu depuis la guerre d’Algérie). Le PS étend également son pouvoir sur la gauche de la gauche :

Sur le PCF et les Verts en les maintenant sous une très étroite sujétion, en raison des alliances de gestion municipales et autres (jusqu’à choisir au sein des Verts qui est éligible ou pas.)

Sur les Altermondialistes, en désignant indirectement leur candidat à la présidentielle.

Il est intéressant de savoir que Besancenot a été lancé en 2002 avec l’accord bienveillant du PS. En 1981, les quelques élus socialistes qui avaient parrainé la candidature Huguette Bouchardeau du petit PSU avaient été sévèrement punis (jusqu’à être exclus du PS, même s’ils étaient députés.) En 2002, un accord secret Hollande-Krivine les incitait au contraire à parrainer Besancenot.

Pourquoi ce traitement de faveur ? Une raison apparaît facilement : Besancenot est une personnalité extrêmement sympathique qui plaide pour qu’ « un autre monde soit possible », et fait une campagne typiquement consensuelle dans le gauchisme modéré : pro-palestinien, anti-patrons, altermondialistement correct, féministe, jeune tendance Sky-rock, etc. Mais tout le monde voit bien que son parti lui interdit d’avoir la moindre idée originale ou dérangeante qui puisse déplacer les lignes... qu’il s’agisse de combattre vraiment la dictature des financiers, ou d’inquiéter l’hégémonie du PS.

Son rôle n’est pas de gagner. Il est comme ces produits marketings d’attente, qui ne servent qu’à occuper un segment de marché pour empêcher la concurrence de s’y implanter.
Hypothèse 2. Comment José Bové a été éliminé par ses propres copains, comme ATTAC.

Et l’ami José Bové, là dedans ? On voit bien que sa candidature est désormais tout-à-fait encalminée depuis plus d’une année. En effet, il a eu le grand tort de prendre comme conseillers un petit groupe de permanents syndicaux issus du « trotskysme sympa », qui se sont empressés de le trahir en l’amenant vers une voie sans issue, notamment en lui mentant sur la réalité parisienne, et en l’empêchant soigneusement d’exister humainement ces derniers mois, notamment pendant le mouvement sur le CPE. Bien joué ! (Ce sont les mêmes 4 ou 5 permanents qui viennent, on le sait, de travailler avec succès à l’explosion en vol du mouvement ATTAC, dont ils sont « fondateurs » ).

L’hypothèque José Bové une fois levée, qui c’est qui est content ?

Le PS bien entendu.

Mais pas forcément la LCR. En effet, cette organisation peuplée de militants sincères à la base, n’arrive plus à prendre son autonomie par rapport à cette petite équipe de permanents syndicaux à vie, LCR et ex-LCR, qui détiennent les vrais pouvoirs matériels dans la LCR (gérant les carrières syndicales) et dans les mouvements satellites ou en voie de satellisation comme SUD, ATTAC, AC !, Marches mondiales, MRAP, LDH, etc, jusqu’à réussir récemment leur implantation nouvelle au sein du PC et de la CGT, et de la FSU.

Lorsque la LCR parviendra à reprendre son indépendance par rapport à ce tout petit réseau d’influence, le jeu politique sera nettement moins malhonnête en France.

N’oublions pas qu’actuellement, tous ces grenouillages ne font que des perdants : José Bové trahi et éliminé, le PC marginalisé et impuissant, le NON de gauche désuni, ATTAC détruite de sang froid par quelques uns de ses dirigeants, la candidature Olivier Besancenot sous dépendance pour une campagne sympa mais sans contenu ni perspective.

Vous l’avez compris : Tout ce travail de quelques permanents syndicaux, notables ATTAC et cadres à vie du mouvement altermondialiste, ne sert jamais que les intérêt du PS, principal pourvoyeur de prébendes, de subventions et de retours d’ascenseur. (Il reste aussi l’hypothèse qu’ils ne le font pas exprès, étant trop nuls, mais alors c’est peut encore plus tragique.)

Bref : Olivier, révolte-toi contre le rôle qu’on veut te faire jouer !

L D