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> AGCS - Maintenant ou Jamais Plus !! partie 3 /3

14 juillet 2006, 20:02

L’AGCS est un accord international à l’intiative de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Il prévoît la libéralisation des services, au même titre que la libéralisation du commerce, des flux financiers, de tout ce qui peut être marchandise. Ce texte de plusieurs dizaines de milliers de pages auxquelles des équipes courageuses comme celle de l’Urfig - association d’information créee par Raoul-Marc JENNAR, grand vulgarisateur de ce texte très précis - a été élaboré à l’occasion des Accords de Marrakech, signés par François Mitterrand au nom de la France en 1994.
En tant que texte international, il suffit qu’une gigantesque entité comme l’Union Européenne l’intégre comme une référence dans sa législation pour que les Etats-membres aient également à l’appliquer (principes de la hiérarchie des textes de loi).
Et c’est bien ce qui se passe, au travers de textes européens contraignants comme le projet de "Constitution Européenne" (TCE, 2005), la Directive Bolkestein sur la libéralisation des Services en Europe.
Ainsi, sur le territoire français, cela peut expliquer des privatisations comme France Telecom, EDF et GDF, le projet de privatisation d’Areva (l’énergie nucléaire), les Aéoroports de Paris (ADP), la privatisation rampante de la Poste, la SNCF, l’Anpe (rapprochement avec les Assedic).
Ce n’est pas très joyeux car dans la pratique, cela amène tout de suite des inégalités... Mais imaginez les énormes marchés qui se profilent pour les dents longues de la marchandisation à tout prix, à l’heure de la haute concurrence qui s’installe dans tous les secteurs et induit de conquérir de nouveau marchés : le marché de l’énergie (électricité, gaz, pétrole), de ressources essentielles (l’eau, l’agriculture), de ressources nécessaires (cuivre, charbon, acier), d’étapes de la vie humaine (la santé, la retraite, l’éducation, le travail) : tout cela représente beaucoup d’argent.
Alors, le transport, les échanges d’informations (téléphonie, Internet), tout service est une proie et l’AGCS prévoit, permet, donne le droit de privatiser ces "marchés". Plusieurs textes édités par la Commission européenne vont dans ce sens et invitent les gouvernements à "ouvrir leurs marchés". Les fondements juridiques invoqués sont aussi faussement arrogant que ce qu’ils soutiennent ; on tente de faire passer pour acquis des inepties sociales grosses comme des montagnes et si la population rejette les textes, comme le TCE, on arrête prétendument le processus et la soupe est représentée sous une autre forme. Ainsi, on retrouve dans une directive des pans entiers de dispositions contenues dans des Traités, et vice versa. En fait, tous les puissants font front commun, langue commune : le discours est le même partout, au point que l’on entend nos ministres, nos députés, nos journalistes, nos "dirigeants", nous assurer que "la mondialisation est INELUCATBLE !".
Rappelons que l’OMC est une organisation créatrice de textes contraignants juridiquement et que son Tribunal interne prononce des amendes colossales aux pays qui ne respecteraient pas les règles contenues dans ses accords. Tout est question d’argent, et c’est un peu comme le "plaider-coupable", l’amende se négocie dans les couloirs feutrées des hautes instances internationales.
Voilà, que du vent pourrait-on dire, car quelle force juridique peut avoir un texte de loi qui n’est pas issu de la volonté populaire, c’est à dire de la majorité démocratique ? Car ces traités ont été conçus et écrits pour avoir force de loi parmi ses membres. Les 187 pays qui sont dans cette situation impliquent obligatoirement leurs populations, c’est-à-dire que nos plus hauts représentants signent ces accords pour indiquer qu’ils vont en appliquer les règles.
L’AGCS est fabriqué en tiroirs : il prévoît des sessions de négociations, des "round", des cycles de quelques mois, quelques années, pendant lesquels des engagements devront être pris et des actions engagées. A l’issue de ces cycles, ce qui a été décidé devra être mis en place juridiquement, techniquement, réellement. Dans le même temps, commence un nouveau cycle de négociations. Ainsi, depuis 1994, il y en a eu plusieurs.
Voilà, on est pas obligé de lire les 25 000 pages, on peut aussi écouter les conférences de Raoul Jennar pour s’apercevoir quand même que c’est pas du gâteau, même avec un vulgarisateur de ce niveau.

Mais bon, même si tout semble perdu et inéluctable, il n’en est rien, car s’il est bien une règle qui marche à tous les coups, c’est que quand un peuple dit NON, ce que l’on souhaitait lui imposer disparaît. Il revient sous ses autres formes et réussit à passer parfois la tête, parfois une jambe dans notres monde de non-nantis, et nous, le petit peuple, les petits bosseurs, les gros bosseurs, les non-bosseurs, les courageux, les rebelles, nous devons nous adapter.
Remercions nos maîtres nantis car ils nous obligent à trouver des alternatives à leur audacieux appétit.
Mais bordel, on est quand même beaucoup plus nombreux à préférer un petit bal populaire, un repas sympa entre amis, un restau pas cher, une retraite bien assurée, un travail pour moi et une bonne éducation pour mes enfants, un niveau de vie normal, plutôt que de se faire abrutir par la pornographie devenue habituelle (la télé, le portable, la bagnole à tout prix, toujours plus pour moi et rien pour les autres, ma gueule avant la tienne, après moi le déluge, rajouter du chaos au chaos, faire semblant de ne rien voir, ne rien dire quand c’est révoltant et injuste, le tout-sécuritaire, le "rôle positif de la colonisation", etc), non ?