Accueil > ... > Forum 94849

> Faut-il brûler Robert Redeker ?

3 octobre 2006, 17:01

Je me reconnais souvent dans ce qu’écrit Maxime Vivas. C’est peu dire que c’est loin d’être le cas cette fois-ci ! Parler de sa relation avec Redeker, relation qu’il a l’air d’entretenir comme en se pinçant le nez, pour finir en exprimant son "soutien au « philosémite » Robert Redeker" est un peu court.

Est-ce le caractère si « particulier » de ces relations et l’indigence de ses arguments qui amènent MV à pratiquer de bien imprudents amalgames. Ainsi lorsqu’il écrit :

« Seulement, il ne m’est jamais venu à l’esprit d’encourager pour autant les oukases des extrémismes religieux, d’approuver les menaces de mort, ni de trouver normal qu’un mouvement comme le MRAP envisage de poursuivre un intellectuel parce qu’il a critiqué une religion en des termes que la loi permet. »

MV croit-il vraiment ou feint-il seulement de croire que ceux qui ne sont pas d’accord avec les prises de position de Redeker encouragent les oukases ( ?!) des extrémismes religieux et approuvent les menaces de mort ? Faut-il que MV croie si peu défendable le cas Redeker qu’il ait recours à de tels procédés ? Quant à ne pas « trouver normal qu’un mouvement comme le MRAP envisage de poursuivre un intellectuel parce qu’il a critiqué une religion en des termes que la loi permet » c’est faire montre de beaucoup d’indulgence pour un article qui relève du pur racisme dans la lignée du « choc des civilisations » qui pose (par généralisations) l’existence de deux groupes homogènes pour les hiérarchiser et hiérarchiser les valeurs de l’un et l’autre comme si ces valeurs étaient, elles aussi, homogènes. Que la loi permette (ce qui reste à voir, d’où la nécessité de l’action du MRAP) les termes qu’use Redeker -et MV ne l’ignore certainement pas- n’est pas une preuve de la validité de ses propos car la loi n’est que le résultat d’un rapport de forces dans la société et, parfois même, le résultat d’une médiatisation.

Or quels éléments entrent dans ce rapport de forces aujourd’hui ou, pour poser la question d’une autre façon, quels intérêts des intellectuels comme Redeker favorisent-ils ? Ceux de la paix, la compréhension et la tolérance ou ceux de la guerre de la peur et la haine ? Qui gagne à ce qu’on jette sans cesse de l’huile sur le feu déjà abondamment nourri du mépris et de l’arrogance à l’égard de l’islam et des musulmans, de la précarité sociale, des discriminations, du traitement imposé par le « nouvel ordre mondial » au Moyen-Orient, en Afghanistan, en Irak, bientôt en Iran, etc.
Si les mots sont des fusils, des murs ou des fenêtres, dans quelle catégorie rangera-t-on ceux de Redeker ?

« Dépassons l’article et malheur à qui, faisant profession de penser, feint de croire, par choix idéologique, que le problème est dans le contenu de la tribune alors qu’il s’agit désormais de savoir si une idée peut s’exprimer »

Lacan disait ; « Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend ».
La doxa médiatique –à laquelle, je regrette de devoir le dire, MV s’est associé (une fois n’est pas coutume) s’est vite chargé de « ce qui s’entend » (=la liberté d’expression est menacée, etc.) et essaye de faire oublier « ce qui s’est dit », à savoir d’authentiques saloperies, et surtout tente de brouiller le pourquoi de cet article qui arrive à point nommé avant l’ouverture prochaine d’une certaine campagne électorale.
Alors qu’un intellectuel névrosé et médiocre passe pour un héros et un martyr de la liberté d’expression, qui de Sarkozy, Le Pen ou de Villiers va en tirer le plus avantage ?

Aussi, la question n’est pas de « savoir si une idée peut s’exprimer », cher maxime Vivas, mais bien pourquoi exprimer –qui plus est à grand fracas- de telles idées.

Pour finir, je veux exprimer ma totale solidarité à l’égard de Danielle Bleitrach et mon profond dégoût pour l’anonyme qui écrit :

« Et si l’on brulait D. Bleitrach, cette détentrice attitrée de la vérité absolue ? Je suis curieux de savoir comment brulent les idiotes du village planétaire. ».

Cette personne est-elle encore capable de s’interroger sur ce que ce lapsus ou ce qui se veut un mot d’esprit a d’indécent ? Si, comme l’a montré Freud, les « mots d’esprit » ont des racines dans l’inconscient, la visite de celui de cet anonyme doit se faire avec un pince-nez !

Antonio