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> Faut-il brûler Robert Redeker ?

8 octobre 2006, 14:43

de Maxime Vivas

Je vais donc vous rassurer, cher inconnu.

Sur Soral. Je le connais depuis un salon du livre à Montmorillon. Quant il a fait l’objet d’une attaque du Betar, je lui ai envoyé aussitôt un mail de sympathie. Il m’a répondu. J’ai cru comprendre qu’il ne souhaitait pas une super-médiatisation de l’affaire, genre campagne de pétitions. Au demeurant, il avait fait l’objet de violences physiques, pas d’une menace de le tuer partout où il irait.

Quant à Dieudonné, voici l’article que j’ai publié le 26 février 2004. On pourra noter au passage la constance de mon raisonnement sur la question de la liberté de s’exprimer sans risquer d’être tué.

« Les excuses de Dieudonné.

Dieudonné ne reprend nullement dans ses spectacles (ceux qu’il peut donner sans que les organisateurs, les caissières, le public ne soient menacés de mort ou visés par projection d’une bouteille d’acide) son sketch litigieux de chez Fogiel. Il ne cesse de s’excuser. Il l’a fait à la télé, à la radio, par écrit. Cent fois. Quiconque a assisté à l’extraordinaire médiatisation de l’affaire n’a pu que le constater.

En vertu de quoi, le Canard Enchaîné de ce mercredi lui reproche en première page de ne pas vouloir ’corriger son tir calamiteux’ de ne pas reconnaître ’ses conneries’ tandis que France Inter de ce matin (jeudi 26 février) lui enjoint de reconnaître ses torts, de s’excuser !

Bref, tel qui trébuche, sera lapidé (avant de pouvoir se relever) par mille justiciers sourds et aveugles.

Plus grave, il est aujourd’hui acquis que nul humoriste ne se hasardera désormais à évoquer Israël dans ses sketches. La chose devient trop risquée, même pour un humoriste juif. On voit des intellectuels juifs en désaccord avec Sharon se faire traiter d’antisémites. Le sujet est donc réservé aux humoristes Israéliens, qui ne s’en privent pas.

Bien entendu, la même exigence devra être appliquée à tous les sujets abordés par les amuseurs. A la première blague sur les femmes, Bigard devra s’expliquer devant les ligues féministes, ses spectacles seront interdits, son public bombardé de produits toxiques et, quand il se sera excusé mille fois, on lui reprochera de ne pas l’avoir fait une seule. Michel Leb dont les blagues sur les noirs s’agrémentent d’une gestuelle simiesque, connaîtra le même sort. Pour chaque humoriste on pourra agir ainsi. Nuance, les censeurs sont prêts à une concession : il faut que le sketch soit bon. Sinon, c’est l’hallali. L’affaire Dieudonné nous montre de surcroît que des groupes extrémistes, méprisant les lois de la République qui répriment le racisme, sont capables de se faire justice. Et plutôt cent fois qu’une ! Il ne serait pas monstrueux que des poursuites soient engagées contre eux pour violences et menaces de mort, les premières visant un public innocent, les secondes Dieudonné. On peut regretter la discrétion des journalistes sur ces derniers points. Il ne s’agit pas en effet de débordements verbaux improvisés mais d’actes violents et de promesses d’assassinat.

Pourtant, la presse compte des journalistes de talent. En témoigne la richesse de leur vocabulaire. Naguère, un mur qui traversait la ville de Berlin était platement qualifié avec une belle unanimité de ’Mur de la honte’. Or, en quelques jours, j’ai noté que le mur en cours de construction en Israël (en partie sur des terres volées à l’occasion) donne lieu à un déluge de synonymes édulcorants. Il s’appelle : ’ligne de séparation, clôture de sécurité, barrière de sécurité, ligne de démarcation matérialisée, construction protectrice...’
Encore un effort et le juste mot devrait s’imposer : un mur qui sépare deux peuples s’appelle ’Mur de l’apartheid’.

Maxime Vivas »

Sur Soral et Dieudonné que vous citez, je suis donc intervenu. Mais je vous concède qu’on doit bien pouvoir trouver des sujets où j’aurais dû prendre partie et où je ne l’ai pas fait.