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> Appel pour Allende victime ? Moi, je ne signe pas

9 octobre 2006, 22:53

pour gladys
""Gladys Marin, une femme qui savait parler au coeur
La dirigeante du Parti communiste était une figure charismatique dans son pays. Le président a décrété deux jours de deuil national.

Gladys Marin, présidente du Parti communiste chilien, est décédée dimanche à l’âge de soixante-trois ans (voir l’Humanité du 7 mars). Ses obsèques auront lieu aujourd’hui à Santiago. Elle était, au-delà des clivages politiques et idéologiques, une figure charismatique dans son pays. Le deuil national de deux jours décrété par le président Ricardo Lagos répond au respect et à l’affection que portent de nombreux Chiliens à cette militante restée jusqu’à la fin de sa vie fidèle à ses engagements. Le groupe Quilapayun et son directeur artistique, Rodolfo Parada, ont résumé hier ce que pensent les Chiliens : « Avec Gladys, toute une génération de jeunes fut éduquée dans les principes de la solidarité humaine et de l’attention pour les problèmes sociaux les plus brûlants. Gladys était ouverte au dialogue, sensible et soucieuse de faire partager ses convictions les plus profondes. »

En 1971, Gladys Marin, alors secrétaire générale des Jeunesses communistes du Chili et membre du Bureau politique du PCC, fait la une de l’actualité en organisant une rencontre mondiale de solidarité avec le Vietnam en lutte contre la guerre nord-américaine. Elle n’en était pas à ses débuts, ayant participé activement en 1970 à l’élection de Salvador Allende à la présidence de la République, ce dernier affichant publiquement son amitié pour cette « femme courageuse et déterminée en qui j’ai la plus grande confiance ».

Gladys, fille d’un paysan et d’une institutrice, a commencé sa carrière professionnelle comme éducatrice pour enfants handicapés. Son parcours politique démarre aux jeunesses chrétiennes avant de rejoindre les communistes. Dirigeante de la JC, du Parti communiste, députée, elle n’était jamais éloignée de Luis Corvalan et de Salvador Allende. Jusqu’au soir du coup d’État de Pinochet du 11 septembre 1973, où elle est contrainte de trouver refuge dans les locaux de l’ambassade des Pays-Bas à Santiago. C’est dans la cave de cette représentation diplomatique que je l’ai rencontrée pour la première fois. Elle ne savait rien ou presque de ses proches, de son mari Jorge Munoz arrêté en 1976 et dont on n’a jamais retrouvé le corps, rien ou presque de ses camarades. Une femme au courage à revendre. Plusieurs mois après, j’ai retrouvé Gladys. Cette fois à Paris avec l’équipe du Mouvement de la jeunesse communiste de France dirigée par Jean-Michel Catala. Gladys devait récupérer des forces. Nous lui avons trouvé un refuge, des médecins, ses camarades et amis.

Exil à Moscou, puis à Berlin. Gladys supportait difficilement l’éloignement de son pays. Dès que l’occasion se présentait, elle quittait l’Europe pour l’Amérique latine. « Je veux respirer à proximité de chez moi », disait-elle. Et alors que certains de ses camarades s’opposaient à son retour au Chili, Gladys décide en 1978 de rentrer clandestinement à Santiago. « Malgré les périls et les doutes, enfin je revivais », soulignait-elle.

Elle sera de tous les combats, occupera les plus hautes responsabilités au sein de son parti et au plus fort moment de crise interne, elle demeurera l’élément rassembleur. Nous aimions Gladys, la communiste. Surtout la femme : elle savait parler au coeur.
José Fort