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Le peuple qui souffre n’interesse pas les bovéistes

16 février 2007, 18:43

Tout d’abord, en tant que communiste, je ne supporte pas le qualificatif “élue grace aux communistes" voire "grace à Marie George Buffet”. Car on pourrait renverser la proposition. Claire a acceptée d’être candidate sur la liste soutenue par le pcf alors qu’elle n’en est pas membre. Elle a, en quelques sorte, apporté un “plus” à la liste compte tenu de son militantisme associatif et politique hors PC. Il n’en reste pas moins qu les voix qui se sont portées sur la liste qu’elle conduisait dans les Hauts-de-Seine sont portées au crédit du parti communiste. Dans ces conditions, comment départager ce qui appartient en propre au pcf et en propre à Claire Villiers. Si être candidat avec le pcf devait se traduire par une obéissance à tout ce que fait le pcf, il faudrait en informer ceux dont on sollicite le compagnonnage...

Ensuite, je trouve surprenant l’absence de précaution sur la source de l’information. Si Libération écrit que MGB est en difficulté, ce torchon ment. Mais si le même journal écrit que Claire Villiers a dit dans une conversation : “le peuple qui souffre, le créneau miserabiliste, laissons le au PC. On doit faire réver sur une alternative “, alors Libération dit la stricte vérité. Et ce propos extrait d’une conversation à bâtons rompus - et non vérifié - ne mérite même pas un conditionnel (selon Libé, Claire Villiers aurait dit...).

Sur le fond, maintenant.

Je suis communiste depuis 33 ans. Je suis né et j’ai été élevé dans une famille pauvre. A titre d’exemples, chez mes parents, il y avait deux chambres pour 2 adultes et 5 enfants.En 1974, nous n’avions toujours pas la télévision. Le téléphone est arrivé en 1977 ; la salle de bain au milieu des années 80. Je crois donc savoir de quoi nous parlons.

Je confirme donc que la pauvreté et la misère ne peuvent pas être un “fond de commerce” politique. Et que la misère ne se combat pas seulement par “vivre un peu mieux”. Ce qui m’a permis de sortir de cette misère, ce sont aussi des choix et des rencontres :
 la décision de ma mère de me faire étudier le latin qui m’a ouvert à la compréhension de la littérature,
 l’attention que m’ont porté deux professeurs de Lettres classiques, mon prof communiste d’histoire-géo, deux profs de maths ; parmi eux deux militaient au snes, les trois autres au snalc,
 la rencontre avec la bibliothécaire de mon comité d’entreprise qui fut mon mentor d’élu au CE et une véritable initiatrice aux arts et lettres.

Je ne parle là qu’études et culture. mais elles ont permis que l’argent que j’ai pu gagner ne s’évanouisse pas dans la consommation réclamée par le marché. Et c’est bien en soustrayant ses goûts et ses choix à la logique du marché que l’on a une chance de sortir de la pauvreté.

Alors, oui, le discours misérabiliste n’est pas un discours anti-libéral ! C’est celui des dames patronesses qui crevèrent les yeux des communards faits prisonniers en 1871 et dont les arrières-petites-filles marchent dans le sillage de la Panafieu en 2007.