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Pourquoi le Collectif Bellaciao invite à voter contre Sarkozy

29 avril 2007, 22:50

Ben... C’est bien tout ça. Je partage parfaitement cette analyse.

Sauf que, égoïstement - et maintenant je le revendique haut et fort - je considère ce qui est susceptible de changer positivement dans ma vie demain. Eh bien, je vous le dis : Sarkozy ou Royal, RIEN ! Pire, dans les deux cas...

Quelques repères fondamentaux : 52 ans ; a.- je suis handicapé suite à une carence congénitale du système pulmonaire, b.- le corolaire est que je suis atteint d’une maladie chronique évolutive irréversible, c.- je m’affirme tel que je suis - homosexuel.

Depuis que je vote, je me suis toujours prononcé en faveur du Parti Communiste, et quand il le fallait, j’appliquais la règle du "désistement".

J’appréhende volontairement les choses après Giscard d’Estaing et la création par ce dernier de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) ; j’esquiverai pour "économiser" les lignes, moult et moult saloperies en tout genre, mais je vais m’efforcer quand même de présenter mon comment et mon pourquoi.

A une certaine époque, afin de maintenir un niveau de ressource un peu inférieur au SMIC, il était possible de cumuler un pourcentage de cette AAH (CAF - Caisse d’Allocations Familiales) avec une pension d’invalidité (CPAM - Caisse Primaire D’’Assurance Maladie) ; sur directives de Martine Aubry (PS, à gauche ?) lorsqu’elle était ministre du bidule social, la CPAM est devenue prédominante sur la CAF, la fin du cumul partiel des deux prestations a été décrété.

Flot de conséquences : 40 % de ressources en moins, paupérisation dramatique et des allocataires et des pensionnés, ce qui aujourd’hui aboutit à 600 euros de ressources mensuelles pour tous !

CPAM prédominante signifie également encore plus d’obstacles à concrétiser une vie professionnelle puisque la sécu exerce un chantage perpétuel, etc...

De la même Aubry, pressions sur les COTOREP qui délibèrent sur le statut de Travailleur Handicapé et le réévaluent régulièrement. A l’origine une circulaire ministérielle à ces commissions d’octroyer une carte d’invalidité et le statut de TH à titre définitif lorsque "l’état de l’intéressé est irréversible ou non susceptible d’amélioration" - ce qui est mon cas de l’avis unanime de tous ceux qui ont eu à connaitre médicalement ou chirurgicalement de ma malformation et ma pathologie -
aussitôt contrée par une circulaire informelle contradictoire. Résultats pour moi-même : ma carte d’invalidité et mon TH sont désormais revus tous les 5 ans au lieu de 10 ans auparavant, propos humiliants et chantage à du président de la COTOREP en prime.

Passons sur les différences d’appréciations de la même chose par les médecins sécu, COTOREP, médecine du travail et les administrations...

Michel Rocard renflouait les ASSEDICs avec l’argent de l’AGEFIPH - argent des pénalités payées par les entreprises ne respectant pas le quota d’employés handicapés (et paradoxalement tout démontre qu’elles préfèrent cette solution !). Les fonds de l’AGEFIPH continuent à être ultra secrets et détournés, et pour cause, les éclopés ne sont pas les plus parés pour se défendre.

Conséquences : si un handicapé souhaite aménager son poste ou ses conditions de travail en fonction de ses difficultés, il doit mettre la main à la poche. Dans plus des trois quart des cas, il ne le peut pas (600 euros de ressources consenties), pour les autres, la famille, pour peu qu’elle dispose de quelques financements propres, y pourvoit...

Les règles de financement par l’AGEFIPH en cas de création d’entreprise (on rêve !) ou de sa propre activité sont aussi dures que les financements par recours bancaires, entre autre à l’égard des garanties et des cautions que peut apporter la personne handicapée...

Chacun connait les positions de l’une comme de l’autre quand à l’abord de l’homosexualité (et plus généralement des question de genres, de sexualités et de procréation qu’ils amalgament à souhait !).

A présent, je suis sur la touche sur tous les point de vue : trop vieux pour être "employable", trop déglingué pour des emplois pénibles, pas fiable pour un sou à cause des accès de pathos et des traitements. Et en plus pédé : ça n’est pas une parano, je l’entends tous les jours au coin de ma rue !

Tous les gouvernements qui se sont succédés depuis Mitterrand - toutes alternances confondues - ont fait injonction, sous des formes plus ou moins fallacieuses, aux personnes lourdement handicapées (et même gravement malades) de travailler tout en leur réduisant droits, ressources, prises en charge thérapeutiques et j’en oublie.

Pendant ce temps, les communistes co-géraient les affaires. Ont-ils protesté ? Je n’ai jamais rien entendu, ni constaté des actes qui eurent pu me faire penser qu’ils me soutenaient lorsqu’il participaient à la co-gérance. Et cela, au nom de la solidarité gouvernementale, pas de la solidarité avec le peuple ou les électeurs, c’est tout dire.

Le constat de la contradiction flagrante entre les paroles et promesses, passées comme présentes, et les actes antérieurs est patent et invariablement à bénéfice unilatéral (celui du capital, vous faut-il des exemples ?), il est valable pour tous ceux qui ont eu des responsabilités publiques, y compris pour MGB et Royal.

... alors oui, pire, dans les deux cas, je sais que mes ressources vont encore diminuer, que je vais continuer la même galère, avec en toile de fond, un horizon encore plus sombre, un avenir prévisible qui va passer de quinze jours à une semaine, voire moins.

Et que surtout, l’égoïsme individualiste (ou l’individualisme égoïste ?) de tous et de chacun, recroquevillé sur ses prétendus privilèges matériels ou non, rechignant à remettre en cause la moindre particule de ses misérables possessions si rassurantes, ne changera rien au fil des évènements, puisque pour ma part, faisant parti des dépossédés, je ne risque plus rien, excepté le droit de parler ou, à défaut, de gueuler !

Là, c’est bon, j’ai eu mon compte : je ne voterai ni pour l’un contre l’autre, ni pour l’autre par ce qu’elle ou il serait moins pire ou plus mieux. Je ne suis plus la victime, je n’armerai pas le bras qui va me saquer.
Et advienne que pourra - si c’est le pire, j’assume... et je ne dois pas être le seul ; à bon entendeur !

Julien - Nice.