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Pour une gauche "décomplexée", par Clémentine Autain et Roger Martelli

14 mai 2007, 17:26

Il faut en finir avec la confusion idéologique entretenue savamment par certain-e-s à leur seul profit au sujet de "la gauche"...

"La gauche" existe en France : oui.

Mais c’est une place sur l’échiquier politique (désignée ainsi pour des raisons historiques et matérielles) qui sert surtout à la différencier de "la droite".

Au fil du temps, "la gauche" a pu faire référence à un corpus de valeurs plus ou moins bien définies, plus ou moins communes à des personnes appartenant ou sympathisants de partis qui eux, ont en général des fondements idéologiques, des habitudes, des règles, parfois très différents.

Mais "la gauche" ce n’est en aucun cas une formation politique, et je crois que ça ne peut pas l’être à moyen terme. A court terme, dans la panique actuelle, sans aucun doute, "tout est possible" dirait l’autre , y compris sortir de la farine d’un sac de charbon---

Je ne suis même pas sûre que ça doive être souhaitable, cette idée que "la gauche" devienne une formation politique...

La LCR, le PS, le PCF, par exemple - qui, il me semble ont plus de points communs entre eux qu’avec l’UMP ou l’UDF, certes et évidemment (en tout cas pour l’aile socialiste du PS),
 qui , il me semble ont déjà travaillé ensemble, parfois avec succès, et doivent poursuivre leur politique d’alliances à certains niveaux et dans certaines conditions, ponctuelles et définies,

 mais qui ne peuvent ni ne doivent, à mon sens, tenter de "fusionner" dans une hypothétique "gauche" dont on ne saura jamais si elle est "socialiste" , "communiste", "révolutionnaire", "réformiste", "anticapitaliste", "alternative au libéralisme" etc etc etc.

Ma crainte, avec ce type de structure, de "mouvement" ( tout le monde vante en ce moment une Linke, un "MD"...) c’est que, lorsqu’il faudra agir fermement et efficacement face à la droite des néoconservateurs, des libéraux, face au MEDEF..., les dissenssions profondes et irésorbables de ces différentes composantes de "la gauche" ne manquent pas de faire jour et feront "péter la machine" au moment où on en aura le plus besoin.

Les socialistes diront "contrôle de la dette", les communistes diront "anticapitalisme" , les alternatifs diront "autre chose"...

Il n’y aura pas d’action.

Il y aura des défaites. De plus en plus sanglantes.

D’autant que la plupart des "people politique" appelant aujourd’hui de leurs voeux ce "renouveau de la gauche", ont surtout fait montre jusqu’à présent d’un ego parfois imposant, voire, disproprotionné, et de solides appétits personnels, plus que d’autre chose...qui ne me tente pas.

Bêtement, sans doute, il me semble préférable que nous ne posions pas trop de question "d’appareil", que nous ne cédions pas à la tentation généralisée de l’hystérisme "rénovateur" et que, pour le bien public et l’intérêt général, sans état d’âme, nous travaillions au renforcement du PCF et à la re-fondation de l’Idéal Socialiste dans le PCF, dans le dialogue, dans la fraternité, sans trahir et sans mentir.

Bêtement, encore une fois, il me semblera toujours préférable, pour des tas de raison, d’avoir le privilège en France de bénéficier de formations politiques qui représentent diverses "facettes" de cette "gauche" protéiforme, et qui, éventuellement "s’entraînent", se stimulent, les unes les autres, voire, quand il le faut ,travaillent main dans la main, notamment pour s’opposer à l’UMP et aux néo conservateurs, plutôt que de concourir à la bipolarisation de la vie politique autour d’un clivage qui, s’il est intéressant stratégiquement à certaines occasions, n’offre aucune garantie idéologique sérieuse, et donc espoir d’avenir engageant pour ceux que nous prétendons défendre...

Osémy

Ps : Je n’insiste pas sur le fait que recevoir des leçons de "gauchitude" de certaines personnes c’est parfois pour le moins étonnant...