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La Voie étroite

21 septembre 2007, 23:11

Plusieurs "posts" sur ce site, dont celui-ci (évoquation d’Althusser),
rappelle le tournant qu’a pris le parti lors du 22ème congrès.
Et, de mon point de vue, ce congrès est
fondamentalement à l’origine de la situation actuelle...

Les historiens pourront préciser l’évolution qui a conduit le parti
à ce changement lors 22ème congrès et compte tenu du rapport de force
à l’époque, dans une certaine mesure, c’était une solution à court terme
permettant au parti déjà intégré dans le jeu "démocratique" biaisé de continuer
à survivre... et, depuis ce temps là, le seul objectif du parti est
de survivre. Certains ont compris cet objectif dans le sens de garder leur
place (voir de l’améliorer). Que faire ? Après tout ces carriéristes restent
membre du parti et les soutenir empêche provisoirement de disparaître ?

Et puis, de compromission en compromission, le parti est devenu une espèce
de réserve, que le système capitaliste conserve comme repoussoir, à condition
que le parti reste dans le cadre qui lui a été assigné... De temps en temps,
quelques camarades, y compris au plus au niveau, se révoltent.. Mais dans
ce cas tout est fait pour effacer cette révolte. Marie Georges a eu le
courage d’aller jusqu’au bout de ses idées, elle a été effacée du jeu par
le pouvoir : impossible d’être entendue... Maintenant, à mon grand regret,
vu de l’extérieur, elle se moule dans le rôle qui lui a été assigné.
(message perso : j’espère que je me trompe et merci pour ce que tu as tenté...)

L’abandon de la lutte idéologique après le 22ème congrès a privé le parti
de nombreux intellectuels qui, par ailleurs, peu de temps après se sont
fait mettre au placard dans l’université...

L’écrasement du parti date de cette époque. L’abandon de la lutte idéologique
(et de la fierté de cette lutte, tiens ? pourquoi pas une "communist pride" ?)
a eu pour effet le désarroi des militants sur le terrain, l’incapacité
d’inscrire ces combats dans un projet global, voir
parfois l’incapacité des militants à comprendre certains aspects des luttes et
même sombrer dans des positions carrément droitières comme sur les
problèmes de l’immigration. Le militant de base étant réduit non pas à agir
pour, qu’à la base, les victimes prennent conscience de leur droit, prennent
le temps de la réflexion, de s’organiser et de se battre. Ils n’avaient d’autre choix que de se contenter d’accompagner ces victimes, voir de se substituer à elles, dans l’acceptation du système et la récupération de leur misère...
Faute de savoir dire ce qu’est le communisme !

La faute n’incombe pas à ces militants, tous profondément sincères et cherchant
réellement à se battre sur le terrain ! Heureusement qu’ils existent encore !
Mais privés, d’une réflexion soutenant leur action, d’une perspective de changement (nécessairement révolutionnaire), ils sont condamnés à faire
ce « qu’ils peuvent » sans pouvoir intégrer leur combat à leur idéal qui leur a été volé...

Le problème n’est pas de « refondre » le parti ni même de lui trouver un nouveau nom (à ce sujet, si le problème se pose, j’aimerai bien « Section Française du Parti Communiste », nous sommes avant tout un parti internationaliste).
Il s’agit de comprendre la dérive qui nous a conduit à cette situation. Et l’évoquation du 22ème congrès, d’Althusser et de bien d’autres me semble une piste importante à développer. Il ne s’agit pas de réhabiliter, ni de pleurer sur les intellos qui se sont opposés au 22ème congrès et ont dû démissionner. Les temps ont changé, la question de fond est : « Pourquoi a-t-on abandonné le lutte idéologique ? Et comment la reprendre ? »

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