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Nicolas Sarkozy a semé la haine dans les banlieues, selon Begag

28 novembre 2007, 11:55

Begag a plein de défauts et notamment, hélas, celui d’être en effet un homme de droite.

Mais il est bien plus virulent et incisif et qque part "républicain" que les 3/ des mous du genoux socialo auxquels nous avons choisis de nous acoquiner.

Aucun pb pour moi à me "liguer" avec Begag sur certains sujets ( banlieues, libertés publiques, etc) pour faire la peau à Sarkozy, au contraire. En tout cas, moi, entre Begag et Royal, sur des tas de sujets "sociétaux", (dont un fondamental) mon choix est fait, et vite en plus.

Alors oui Begag a raison, la poudrière ça fait 25 ans que droite et gauche, main dans la main la construise et que Sarkozy, finalement, en effet, est venu verser des bidons d’essence sur ladite poudrière. Et boum.

Attention, je ne cautionne pas et ej n’approuve pas du tout le fait de brûler des bagnoles ( de prolos), de détruire des équipements publics (populaires) ; de s’en prendre à des gens aussi pauvres et dans la merde qu’eux, je trouve que ça mérite une grosse fessée.

en même temps ça fait aussi 20 ans qu’un groupe comme NTM le chante "Qu’est qu’on attend pour foutre le feu et ne plus suivre les règles du jeu" - faut pas être sourd !

C’est un ensemble de choses qui a rendu ces jeunes gens autistes de la République et de la politique.

Moi dès fois, je me dis que si j’avais pas eu la chance que j’ai eue de naître " du bon côté" , d’avoir une éducation bourgeoise, avec des moyens bourgeois, de pouvoir choisir un métier qui me plaise et me fasse correctement gagner ma vie, si j’avais pas eu tout ça, et bien franchement vu l’état de révolte contre les institutions où je me trouve encore parfois à 33 ans, je ne sais pas comment j’aurais "transcendé" ma rage contre les "nantis".

Qui peut savoir ce que ça aurait donné ce cocktail si j’étais née et grandie dans une famille dont les parents, immigrés, avec les difficultés administratives, matérielles, que ça implique, sont traités comme de la merde, dans une cité moche, sombre, désertée , qu’on me contrôle au faciès, que les flics me tutoient alors qu’ils vouvoient le mec d’à côté qui a une belle mèche blonde et des Weston etc etc...

La TV, qui est la "grande soeur" de bcp de gens (moi c’est la copine de ma vieille grand mère par exemple) ne passe en boucle que des scandales et des injustices répétées - Palestine, Irak , par exemple ! Ca n’aide pas, moralement, ce côté "c’est toujours les plus faibles qui ramassent"....

Quant tu es élevé à coups de poings, tu deviens toi même hargneux et je crois que la haine rend con parce qu’elle t’empêche de réfléchir et de rêver - et c’est pas réservé à eux, c’est vrai pour tout le monde dans leur situation.

Je ne peux pas cautionner leur révolte, j’ai du mal à la condamner parce que je me dis que si nous avons fait notre boulot politique correctement ces mômes là seraient en train de brûler des bagnoles à Neuilly et pas celles de leurs parents ou de leurs frères. Ils se battraient peut être pour agrandir les bibliothèques avoir plus de livres, plus de moyens, pas pour les brûler ! Ca ça m’a fait une peine infinie.

Ils sont tellement désespérés qu’ils s’en prennent même au peu qui peut leur être utile , vraiment utile, c’est à dire, les sources de Savoir et de Culture. C’est plus terrible pour moi que de cramer une bagnole et oui je crois au Savoir comme facteur d’émancipation et de combat...
Alors il faut les punir, mais il faut aussi comprendre, reprendre "en mains" avec EUX ce qui peut l’être ; les tirer de cette misère sociale certes, mais surtout, désolée, "intellectuelle", morale...

Putain, moi j’ai grandi dans un trou à la campagne, pour avoir un livre ou un disque fallait 1° avoir les thunes et 2° attendre que les parents ou des copains t’emmènent assez loin dans une ville à 15 km ; y ’avait pas de service de bus pour aller "ailleurs", le week end c’était MORT, 1ère boîte de nuit à 10 bornes, rien n’était fait pour nous "les jeunes" on était vraiment dans un TROU et si dans ces bleds paumés on avait eu ne serait ce qu’un 10ème des moyens financiers qu’on a accordés à la banlieue, ça se serait su.

Bien sûr, nous on pouvait pas se révolter comme eux - on aurait brûlé quoi ? deux cages à poules ?! un banc ?

Conclusion : l’argent à un moment il en faut, mais c’est pas non plus l’argent, les subventions etc qui vont tout régler. Là dessus aussi, Begag a raison ; y’ a un pb de symbole, de morale , de valeurs, de manière de faire.

Voilà.

La Louve