Accueil > ... > Forum 206696

Pour un PCF du 21ème siècle

11 décembre 2007, 12:02

Serge,

Je pense que le texte de notre ami a des défauts d’analyse (et c’est de cela que je parle). Ensuite je crains qu’il ne traite pas assez du concret (sauf un peu sur les SCOP).

Il est en grand silence sur la classe ouvrière dans son mouvement concret. Et quand je parle de classe ouvrière je parle de celle-ci au sens large évidemment. Ce mouvement concret se définit par des luttes, et des formes d’organisations diverses. Celles-ci sont au centre , à mon sens, de la bataille politique. Et un parti a à dire, à faire, à favoriser, ce qui procure un petit bout de chemin vers des capacités auto-organisatrices, de démocratie, dans les batailles en cours et à venir. Les capacités auto-organisatrices des travailleurs sont ce qui fait progresser d’un petit pas en avant la question de l’auto-gestion.

Cela n’a rien à voir avec l’autogestion bien sur mais ça la préfigure par la bataille démocratique qu’elle impose et par sa capacité d’unifier et de rechercher la participation de tous à des décisions qui ne sont pas prises sous le joug de la hiérarchie ordinaire d’une entreprise, ni par un concert cacophonique des quartiers généraux des confédérations.

Il traite (le parti) la question du syndicalisme comme une des plus grandes questions qui se pose. La fragmentation, la division et la faiblesse, créent de l’irrésolution et des défaites au cœur même de la société. Tout n’est pas imputable à l’offensive de la classe possédante, mais également à la non-intervention pour saisir à bras le corps la question syndicale et la question des formes d’organisation au concret des luttes. (Deux choses donc : le syndicat comme organisation permanente des travailleurs, et les structures de mobilisation qui visent à mettre tout le monde militant et gestionnaire dans une lutte, pour caricaturer).

Il prépare, participe aux luttes des travailleurs, avec donc le triple objectif de les faire triompher, de faire progresser l’organisation des travailleurs (unification du syndicalisme et démocratie des luttes), et de faire avancer la capacité d’auto-organisation des travailleurs (comme petit chemin éclairant l’avenir d’une autre société).

Il se trouve que les deux derniers objectifs (renforcer l’unité syndicale , l’unité dans les luttes et le petit pas de communisme dans l’organisation) renforcent le premier : faire triompher une lutte sociale.

Le parti, doit s’occuper de cela méthodiquement, ce n’est pas 6 ou 7 lignes dans un grand texte, mais le corps concret pratique à avoir, le centre d’une démarche d’un parti de travailleurs qui essaye de déblayer le chemin vers une société sans exploitation.

On ne peut parler de grandes réformes, en croyant que le passage à 50,01% des voix permettra de décréter une autre société , de propulser des réformes par le haut qui vont transgresser et révolutionner le rapport de forces dans les centres de la société , les entreprises.

Ca c’est le communisme des banquets, des envolées lyriques , d’autant plus lyriques que l’esprit part de l’avant en perdant le lien entre le sol et les pieds, pendant qu’on se retrouve à gérer au concret le capitalisme, même dans ses phases noires.

Ca ne marche pas, ça n’a jamais marché ainsi. Les cas où des avancées se sont faites c’est quand les travailleurs poussaient d’une façon autonome et sans reconnaitre les ordres d’un gouvernement, de droite ou de gauche. Ce fut 1936. Et dès que la mobilisation, l’occupation des entreprises cessa, le compte à rebours de l’alignement sur la bourgeoisie repartit en avant.

L’activité des travailleurs a un impact colossal sur les rapports de force globaux dans une société.

Donc :

1) Préparer les batailles sociales à l’avance en les mettant au centre de l’effort militant (et pas comme des fronts parmi d’autres entre des municipales et la libération de Bettancourt) , de l’activité d’un parti.

2) Les communistes poussent partout à des sections syndicales communes démocratiques rassemblant tous les syndiqués à la base, et essayant d’agglomérer dedans les non-syndiqués qui étaient rebutés et désorientés par la fragmentation syndicale. Ils poussent pour que cette conception des choses remonte vers le haut et contrôle étroitement le haut (elle fait tourner les représentations par permanents, renvoyant ceux-ci à la production systématiquement après de courts mandats).

3) Les communistes montrent qu’ils ne choisissent pas une boutique plutôt qu’une autre , ils ne sont pas pour un syndicat par courant de pensée parmi les travailleurs. Ils n’enfourchent pas les patins de la CGT contre SUD, les patins de SUD contre la CGT, même si ils ont des préférences de cœur et d’histoire.

4) Dans les luttes, ils poussent à la démocratie des luttes et sa coordination, non pas pour déborder des centrales syndicales, mais pour unifier les travailleurs, dépasser la fragmentation syndicale, avoir un centre unifié et transparent de la bataille seul apte à négocier l’avancée ou le repli face à la bourgeoisie et l’état. Ils poussent également à cette démocratie des luttes (AG démocratiques, appuyés par des réseaux d’échanges et de décision, et coordinations élues par les AG) car, outre son efficacité, elle fait faire un petit pas dans l’expérimentation de l’auto-organisation par les couches les plus larges de travailleurs.

De nouvelles batailles sociales arrivent à toute vitesse, imposées par sarko, et de fait, chacun reste l’arme au pied, alors qu’il faut engager dés maintenant une politique de mobilisation, de propagande et une bataille d’organisation dans les entreprises (si on n’intervient pas consciemment dés maintenant sur la question de la fragmentation du syndicalisme les batailles sociales vont être des remakes de la dernière, et donc des défaites, et Sarko triomphera, municipales gagnées à gauche ou pas).

Copas