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USA :L’overclass et son imaginaire : entrevue avec Jacques Mascotto

21 décembre 2007, 21:22

Ce bloc dirigeant élargi, c’est ce qu’on appelle l’overclass. Il comprend, outre ces héritiers des grandes familles et ces hauts dirigeants, les classes salariées supérieures exerçant une fonction dirigeante au sens large – avocats, experts, consultants, éditorialistes, etc. – gagnant entre 80 000 $ et 200 000 $ en moyenne par année et formant la constellation savoir-pouvoir-contrôle. Jamais dans l’histoire du capitalisme un bloc dirigeant n’a eu autant de cohésion sociale par ses revenus, son statut social et son imaginaire de la puissance. Il est apte à isoler, à filtrer et à repousser les mobilisations sociales.

J’avais bien accepté le mot de nomenclatura bourgeoise...

Bon peu importe les termes il est très utile de bien discerner ce qui se passe :

Une partie des revenus des salariés ont eu leurs revenus transférés vers le capital, mais aux USA (et à moindre niveau en Grande Bretagne et dans les états européens) cette évolution était difficilement distinguable. C’est qu’en fait une couche étroite de salariés dirigeants (privés et publics) était en train de s’extraire nettement en ayant des revenus de plus en plus hors nomes.

Facticement dans beaucoup d’états , de 5 à 10% des revenus étaient passés du salariat au capital mais la réalité semble cacher quelque chose d’autre de bien plus inégalitaire, c’est la catégorie des salaires hors normes des petits chéris salariés de la bourgeoisie.

C’est si l’on veut, au symbolique la gâterie de DSK dans ses nouvelles fonctions, la goinfrerie de Sarko qui se vote des douceurs à niveau grande bouffe, ....

Ceci étant, ce mouvement tranche un peu avec le passé et recoupe d’autres évolutions. Le pouvoir bourgeois élargi d’un côté sa base sociale en extrayant des salariés cette super-nomenclatura qui a l’avantage d’être homogène mais d’un autre côté liquide en partie les alliances qu’il avait avec une partie de la petite-bourgeoisie (les artisans, commerçants, professions libérales) sauf si ils sont en situation de rentrer dans les top guns (mais ça sera une petite minorité, le reste sera prolétarisé), avec la paysanerie (maintenant liquidée pour l’essentiel dans les pays riches, le reliquat partagé entre RMI et minuscule caste sur-mécanisée), enfin les alliances larges construites sur des cadres, des fonctionnaires sont étranglées.

Dans la classe ouvrière (au sens large) les fonctionnaires sont mis à diète commune, ainsi que l’essentiel des cadres (leur statut ne veut plus rien dire alors qu’il était prestigieux avant), les restes des ITC (ingénieurs techniciens et cadres là enlevés) passant également dans le mixeur.

Cette recomposition des alliances est inédite. La bourgeoisie a donc réduit la voilure du cout de ses alliances, se sépare violemment et distinctement des alliances du passé et en construit une nouvelle + réduite mais mieux nourrie et surtout plus homogène .

D’un autre côté la classe ouvrière est mieux placée (ci elle arrive à se constituer en classe consciente d’elle-même) pour se réunifier, attirer à elle les couches sociales et classes passées au hachoir et auparavant gâtées par la bourgeoisie.
La bourgeoisie gagne une alliance + cohérente et + réduite à qui est offert l’intégration réelle dans ses rangs. la nomenclatura bourgeoise c’est la stagiérisation , en attendant la titularisation dans les rangs de la bourgeoisie. Ce qui n’a jamais été offert réellement aux ex-couches sociales que la bourgeoisie avaient avant comme alliées.

Autre chose, il est évident que les mœurs de guerre sociale agressive vont affecter profondément la bourgeoisie et introduire en son sein (déjà que ça n’était pas le grand amour....) plus de dureté qu’avant . Des bourgeois vont être dé-fenestrés par leurs "amis" avec cruauté.

Autre chose, la bourgeoisie qui se contentait de l’état national comme parti politique à elle va être obligée de trouver d’autres relais et c’est ce qu’elle fait : think-thanks, OMC, banque mondiale, davos, Bilderberg, trilaterale, direction de l’UE, etc.... la bourgeoisie et la nomenclatura dispose maintenant de nombreux clubs mis en musique hiérarchique chargés de construire idéologie, orientations, mises en application pratiques , etc.

Copas