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Bonne année 2008 à toutes et à tous

2 janvier 2008, 10:51

Voici un extrait de Stéphanie TREILLET : "Contre la marchandisation du monde : un objectif à éclaircir" qui me semble être un élément de fond si on laisse de côté le pbm des appareils, des militant(e)s et des élu(e)s.

Christian DELARUE

 Deux approches du capitalisme mondialisé

La version social- libéral de cette idée étant que le capitalisme « perd la tête » ou « est en train de s’autodétruire », constat qui témoignerait d’une certaine lucidité de la part des penseurs de la bourgeoisie la moins aveuglée par les profits à court terme. Les arguments sont donc présents pour que l’irrationalité sociale débouche sur une irrationalité économique, inscrite au coeur même des conditions de la reproduction du capital, renforcée dans cet effet par une irrationalité écologique.

A l’opposé, on peut considérer au contraire que le capitalisme de l’ère de la mondialisation libérale « ressemble de plus en plus à son concept », selon l’expression de Michel Husson (2004 a) : on n’a pas affaire à une capitalisme dysfonctionnel ou irrationnel, mais au contraire à un système qui, sur la base d’un rapport de force plus favorable au capital qu’il ne l’a jamais été, tend de plus ne plus à restaurer les modes de fonctionnement que les conquêtes du mouvement ouvrier ont un temps entravé : existence d’un salaire socialisé, de services publics, d’un droit du travail, etc. pour ne laisser à l’oeuvre, plus que jamais que « la froide logique du paiement au comptant ».

 Un capitalisme irréformable et non-régulable.

Les implications de ces deux approches, en termes d’alternatives, relèvent de deux logiques différentes : dans la première approche des mesures – institutionnelles, de politique économique, - doivent permettre de remédier aux dysfonctionnement et ramener le fonctionnement du système dans une optique de long terme où ses pires soubresauts disparaîtraient, et où accumulation et reproduction seraient réconciliées ; à noter que cette conception peut également être celle d’un certain radicalisme révolutionnaire qui considère qu’il existe une barrière étanche entre antilibéralisme et anticapitalisme, et que la plupart des ces luttes antilibérales ne font que rechercher une meilleure régulation de la mondialisation capitaliste, un compromis entre travail et capital analogue au supposé « compromis fordiste » des « Trente Glorieuses ».

Dans la deuxième approche, au contraire, toutes les revendications et les luttes antilibérales sont potentiellement porteuses d’une dynamique anticapitaliste : l’espace n’existe quasiment plus pour des politiques de type réformiste, keynésien, que le capitalisme de la phase précédente (dit « fordiste ») aurait pu intégrer provisoirement dans sa rationalité. Toutes les mesures visant à entraver tant soit peu cette toute puissance du capital – et même les mesures en apparence les plus « réformistes » ou « keynésiennes » - apparaissent comme une remise en cause du système et de la domination absolue de la logique de profit : augmentation des salaires, réduction du temps de travail, limitation de la précarité ou du droit divin du patronat à licencier etc. C’est vrai aussi au niveau international : il suffit de considérer la levée de bouclier contre une mesure aussi peu révolutionnaire en apparence que la taxe Tobin, l’impossibilité avérée de la moindre amélioration du fonctionnement de l’OMC, incompatible avec ses principes mêmes, etc. La remise en cause de la loi du profit et de la généralisation de la régulation marchande peut aboutir par elle-même, sinon toujours, à la remise en cause consciente, du moins à des incursions significatives dans la propriété privée des moyens de production, à condition que certaines perspectives stratégiques soient éclaircies.