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Renaud saisit Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale. (vidéos très "difficiles"...)

1er février 2008, 13:55

Mort et renaissance dans la jouissance...

"dans la sexualité, (...) le but n’est pas la jouissance du moi mais sa perte dans ces régions où la parole est confiée à cette altérité que nous avons refoulée lorsque la construction de soi demandait contention et ordre.

Mais les abysses de l’âme ne sont pas demeurés inhabités, et toutes nos existences possibles, depuis longtemps contenues, peuvent réapparaître en réclamant d’une voix forte, si ce n’est exactement la vie, du moins ce renouvellement de la vie auquel le moi cède à chaque fois qu’il se livre au sexe (sexus) et donc au lien (nexus) avec l’autre part de lui.

N’étant pas un rapport avec l’autre, mais une relation avec l’autre part de nous-mêmes, et donc un fléchissement du moi pour libérer une partie de la folie qui l’habite, la sexualité a à voir avec ces limites ontologiques que sont pour l’existence la naissance et la mort. Mort du moi par dissolution de ses limites, renaissance du moi sous de nouvelles configurations. Ce vertige, que tout acte sexuel porte en soi, a besoin de la présence de l’autre, mais uniquement comme mémoire de la réalité que l’on abandonne et comme possibilité d’un retour du monde étranger auquel on s’abandonne dans la dissolution du moi.

Ce que nous appelons jouissance du moi est en réalité sa désagrégation, qui a lieu afin que soit permise cette ouverture par laquelle l’autre part de nous-mêmes peut s’annoncer inquiétante pour ce que nous étions et, qu’après chaque acte d’amour, nous ne sommes plus.

(...) Si la sexualité n’est pas autant qu’on l’affirme ordinairement un rapport avec l’autre, il est pourtant vrai que tout acte sexuel requiert la présence d’un autre qui sache nous accompagner dans notre perte de nous-même et dans notre remontée des profondeurs.

L’enlacement au corps de l’autre, avant que d’être un contact, est donc une prise. Par le simple fait qu’il est à nos côtés, l’autre nous permet de nous perdre dans notre folie et de nous reprendre : en assistant, par sa seule présence, au fléchissement de notre moi, comme la sage-femme assiste à l’accouchement, l’autre nous aide à renaître. Mais cette renaissance n’advient qu’après l’expérience de la mort qui nous arrache à l’obstination avec laquelle nous voulons voir durer ce moi que nous sommes."

Umberto Galimberti, Qu’est-ce que l’amour ? , 2004

Ciao
RF