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Le coup de colère d’André Gérin : Il faut une thérapie de Choc

24 mars 2008, 11:22

Bonjour camarade.

Si je puis me permettre, il me semble que tu prends le problème "à l’envers". Ce n’est pas "parce que nous avons délaissé le monde du travail" que nous en sommes là.

C’est à cause d’un vide et d’un contre-travail idéologique que nous avons déserté le monde du travail et qu’ensuite cette désertion s’est fait payer dans les urnes.

Mais il ne faut pas prendre les conséquences pour les causes.

Je partage ton analyse sur les communistes et le vote FN. Mais je crois aussi que nous nourrissons surtout un gros bataillon d’abstentionnistes.

Sans doute ce que tu pointes du doigt dans la direction actuelle est juste. Mais nous ne devons pas faire l’impasse sur le pourquoi nous en sommes là d’un point "institutionnel".

C’est aussi une conséquence directe de ce même vide idéologique.

Et cela vient de bien plus loin que Robert Hue lui-même. Il n’a été qu’un virage amorcé avant lui. D’ailleurs, c’est bien Georges Marchais qui nous a "amené" Hue ,non ? De la même manière que ce n’est pas un hasard si c’est Chirac qui nous a amené Sarkozy.

Il y a dans le "Monde Diplo" de Mars une excellente analyse du "tournant libéral" dans la droite française qui explique bien cela et une jolie phrase qui dit "avant au RPR, le bleu de travail côtoyait le vison sur les chaises des congrès", avec le "tournant libéral" pris par Chirac fin 80, c’est fini.

Je crois que si nous ne faisons pas la critique (critique globale, c’est à dire ,tout sauf une séance d’auto-flagellation ) de « l’époque Thorez/Marchais », nous ne nous en sortirons pas. Il serait sans doute bien que les dirigeants et membres dirigeants de cette époque soient les premiers , sans doute à , ouvrir cette auto-critique puisqu’ils ont vécu, participé à la vie du parti à cette période. Vous savez des choses que nous ignorons peut être. Cette expérience est précieuse. Le Parti ça ne vit pas tout seul, me semble-t-il ?

Pas une critique "humaniste" (laissons ça aux petits bourgeois de service) mais une critique, là encore , idéologique. De fond.

Une analyse de ce qu’a signifié "communisme" à cette époque, en France, pour nous et pour le monde du travail, analyse qui ne doit pas être obérée pas des résultats électoraux, certes bien meilleurs sous Marchais que sous Hue ou MG Buffet, mais déjà en déclin annoncé.

Il me semble qu’il y a un problème presque philosophique aussi du rapport entre communisme et politique.

Le communisme est-il, peut il être un "objet politique" ? Si oui, comment ? N’avons nous pas sombré dans la manière capitaliste de faire de la politique ? De la concevoir ? Ne sommes nous pas tombés dans un énorme piège idéologique, qui consistait à penser (à croire plutôt) que la politique, en tant qu’arme et structures, était, en quelque sorte, "pure" du capitalisme ?

Notre échec actuel ne provient-il pas aussi du fait que nous "ferions de la politique" " comme des capitalo" ?

Pour le reste il m e semble que si on veut "redresser le parti" afin d’en refaire un outil efficace de lutte des classes et dans une perspective révolutionnaire, il faut travailler au fond et à la forme de la structure et ne pas avoir peur d’être "innovants" comme tu dis.

Mais il faut aller au-delà des incantations maintenant et proposer du fond. Avant toute chose.

Je suis convaincue qu’il y a une troisième voie ( à mon avis amorcée par le "communisme à la française" de l’époque du CNR) qui ne soit ni passéiste et nostalgique, ni "unitaro-réformiste".

Car je crois que cette fausse opposition, ce manichéisme qui ne sert que des petites stratégies d’appareil, entre" orthodoxes" et "réformateurs", cette binarité faussement cartésienne, est aussi un écueil, que certains apprentis-sorciers manipulent à plaisir, et qu’il est de notre devoir d’éviter.

Beaucoup de bonnes choses ont été écrites et dites dans la période de préparation de "l’avant AGE " de décembre 2007, mais elles n’ont évidemment pas été utilisées.

On a donné aux camarades représentants une "sucette" pour se faire les dents (le faux combat sur le nom et l’existence même du parti - car il semble que c’est un faux combat, utilisé à dessein - si nous le voulons, il y aura tjs un parti communiste, même s’il s’appelait "schpoumf" et à l’heure actuelle personne n’envisage sérieusement de liquider ce parti au sens de sa disparition totale. Sa récupération, ça c’est autre chose. Sinon, pourquoi tous ces gens qui se réclament dans le parti d’une volonté de le "dissoudre", y seraient encore ?????) – non, l’objectif de cette AGE était le "mandat" à cette direction, devenue illégitime par les faits.

Cet objectif a été atteint.

Enfin sur la question du référendum : je suis pour que ce soit un droit des adhérents du PC et pas seulement sur la question de l’existence du PC.

Nous devons développer des structures et des moyens en interne pour que le parti fonctionne démocratiquement et de manière révolutionnaire. Nous devons commencer par inventer, dire et FAIRE en notre sein ce que nous proposons au peuple de France. Sinon, quelle crédibilité avons-nous ?

A savoir , une démocratie socialiste , populaire, dans un objectif communiste ,c’est à dire incluant nécessairement l’idée de révolution.

Tout notre piège idéologique est là (ou un des pièges idéologiques) pour les communistes : comment "gérer" la transition entre capitalisme, socialisme, et révolution, sans sombrer dans le réformisme ni abandonner l’idéal révolutionnaire ? Lénine a fait la révolution sans PC, Castro aussi, ça pose une sacrée question sur le rôle, les objectifs et les moyens d’un PC....

La Louve


La source de l’article est ici, pour info :
http://www.andregerin.com/index02.html