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LES COMMUNISTES ET LES INSTITUTIONS POLITIQUES

23 mai 2008, 11:01

Tu n’as rien compris, cher camarade (je ne parle pas à P’ti nico mais à l’autre intervenant qui malheureusement n’a pas eu le bon goût de signer...), si je puis me permettre.

Ou plutôt sur le sujet du texte (on reviendra après sur la question de la petite bourgeoisie) tu as fait (et il me semble que p’tit nico aussi) un énorme contre sens. A moins qu’il s’agisse tout simplement d’une vision différente du processus vers le communisme (mais là faut m’expliquer la vôtre) ou tout simplement encore que vous ne pensiez pas au communisme mais que vous soyez plutôt "anarchistes" (le pensum sur Clastres comme seul et unique penseur valable de l’anthropo me crée des doutes même s’il est effectivement intéressant par son approche).

I. C’est toujours tentant de vouloir classer les démarches de communistes du PCF sur l’Etat et les institutions dans la catégorie "tortures staliniennes et autres déboires" mais tu as complètement passé à la trappe un des "piliers" de mon intervention ( qui se situe lui aussi dans un système bien plus vaste) à savoir en gros :

1° la perspective communiste
2° l’hypothèse que entre capitalisme et communisme il y aurait une transition appelée socialisme qui nécessite un Etat capable de se désagréger au fur et à mesure que progressent les libérations et les consciences individuelles et collectives
3° la libération et la liberté

Je pense que si on a ça en tête on doit envisager mon texte et ce qui l’a motivé de façon différente ( sauf à être de mauvaise foi et excepté les cas où on pense qu’on passera direct du capitalisme à "autre chose" sans Etat - mais pour moi c’est la faille absolue des penseurs anarchistes, une méconnaissance de la Réalité existante des conditions objectives et de la nature humaine, un refus, presque, d’envisager le concept de transition, d’éducation, de "tempo"...) - cela étant dit, j’aime bien les anar, ils mettent des coups de pied au cul pour obliger à penser la vie autrement...

Sur la notion de "petit bourgeois", désolée mais je ne suis toujours pas d’accord avec vous deux non plus. Vous pourrez me tourner ça dans tous les sens je n’ai pas la preuve de la validité de votre conception nouvelle. Donc elle n’est pas valable. Vous confondez (et la lecture de chomdu 6 ne m’a pas plus éclairée Pti Nico) à mon humble avis "classe moyenne" (notion pour le coup éminemment petit-bourgeois) avec la classe de petits-bourgeois. On ne peut pas traduire "petit-bourgeois" par "bourgeois qui a moins d’argent que les riches " !

Je ne suis pas d’accord non plus du coup avec votre volonté de séparer la "classe ouvrière" du reste du prolétariat, ni de dénier aux "classes moyennes" leur appartenance DE FAIT au prolétariat. Enfin, je me permets de vous rappeler que dans le prolétariat cette "classe moyenne sup" (que vous appelez "petit-bourgeois) ne représente pas plus de 10 % des salariés !

Je cite cette partie du Manifeste (thank you Marxists.org :)) :

"

Dans les pays où s’épanouit la civilisation moderne, il s’est formé une nouvelle classe de petits bourgeois qui oscille entre le prolétariat et la bourgeoisie ; fraction complémentaire de la société bourgeoise, elle se reconstitue sans cesse ; mais, par suite de la concurrence, les individus qui la composent se trouvent sans cesse précipités dans le prolétariat, et, qui plus est, avec le développement progressif de la grande industrie, ils voient approcher l’heure où ils disparaîtront totalement en tant que fraction autonome de la société moderne, et seront remplacés dans le commerce, la manufacture et l’agriculture par des contremaîtres et des employés.

Dans les pays comme la France, où les paysans forment bien plus de la moitié de la population, il est naturel que des écrivains qui prenaient fait et cause pour le prolétariat contre la bourgeoisie aient appliqué à leur critique du régime bourgeois des critères petits-bourgeois et paysans et qu’ils aient pris parti pour les ouvriers du point de vue de la petite bourgeoisie. Ainsi, se forma le socialisme petit-bourgeois. Sismondi [6] est le chef de cette littérature, non seulement en France, mais en Angleterre aussi. "

Et pour conclure sur ce sujet surtout , l’extrait de l’intro d’Althusser au "Capital" :

Mais c’est extrêmement difficile pour les spécialistes et autres « intellectuels » bourgeois et petits-bourgeois (y compris étudiants). Car une simple éducation de leur conscience n’y suffit pas, non plus que la simple lecture du Capital. Il leur faut accomplir une véritable rupture, une véritable révolution dans leur conscience pour passer de leur instinct de classe nécessairement bourgeois ou petit-bourgeois sur des positions de classe prolétariennes. C’est extrêmement difficile, mais ce n’est pas absolument impossible. La preuve : Marx lui-même, qui était fils de bonne bourgeoisie libérale (père avocat), et Engels, de haute bourgeoisie capitaliste, et, pendant vingt ans, capitaliste lui-même à Manchester. Toute l’histoire intellectuelle de Marx peut et doit se comprendre ainsi : comme une longue, difficile et douloureuse rupture, pour passer de son instinct de classe petit-bourgeois sur des positions de classe prolétarienne, qu’il a contribué de façon décisive définir dans Le Capital.

Voilà. Donc ni imbécile ni traître mais peut être (je dis "peut être" et humblement) profondément révolutionnaire car ayant (sans que la contre révolution intime soit définitivement "matée") je pense ,accompli cette première "rupture" dans ma conscience.

Et pourtant, provenant directement de la petite bourgeoisie, petite bourgeoisie d’une mère dont le père était un ouvrier (un vrai de vrai) mais qui devint petit patron et assez aisé à la fin de sa vie, et un père devenu médecin issu d’une famille de paysans très pauvres (d’anciens "serfs" comme on disait avant...). En même temps moi, ancienne profession libérale devenue EFFECTIVEMENT et SELON LES PREDICTIONS de Marx et Engels, salariée.

Donc "potentiellement dangereuse et contre révolutionnaire" ok (ça je l’ai tjs dit), mais faut pas charrier non plus - j’ai envie de dire pas plus que le Lumpen ou le prolétaire qui devient député dans un système bourgeois (voire beaucoup moins)...

Sur ce je vous laisse à l’étude de la notion de "petit bourgeois" et à ce qu’on peut /doit en faire...

(...et je vous rappelle que j’ai sué des nuits de labeuuuurrrr à écrire un truc sur LES INSTITUTIONS POLITIQUES, alors hein bon...si on pouvait revenir sur le sujet ça serait sympa :))

Fraternellement

LL