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LES COMMUNISTES ET LES INSTITUTIONS POLITIQUES

23 mai 2008, 21:54

1)

Sur la notion de "petit bourgeois", désolée mais je ne suis toujours pas d’accord avec vous deux non plus. Vous pourrez me tourner ça dans tous les sens je n’ai pas la preuve de la validité de votre conception nouvelle. Donc elle n’est pas valable. Vous confondez (et la lecture de chomdu 6 ne m’a pas plus éclairée Pti Nico) à mon humble avis "classe moyenne" (notion pour le coup éminemment petit-bourgeois) avec la classe de petits-bourgeois. On ne peut pas traduire "petit-bourgeois" par "bourgeois qui a moins d’argent que les riches " !

(Je ne suis pas sûr que le camarade allait dans mon sens)

Extrait de chomdu 6 : Mon ancien délégué syndical CGT y dit qu’c’est pas par le revenu ou la situation sociale qu’ça se définit une classe sociale, qu’c’est par son rapport à la production. Que l’pote Karl y dit qu’ « est donc un travail productif, dans un mode de production donné, le travail qui donne lieu au rapport d’exploitation dominant de ce mode (...). Dans le mode de production capitaliste, est travail productif celui qui produit directement de la plus value, qui valorise le capital et qui s’échange contre du capital. (...) Celui donc qui intervient directement dans la production matérielle en produisant des valeurs d’usage qui augmentent les richesses matérielles. (...). N’est productif que le travail qui s’extériorise en marchandise. (...). Le caractère productif ou non du travail ne dépend ni de caractères intrinsèques d’un travail « en soi », ni de son utilité. » Et pis c’est tout ! y dit mon ancien délégué syndical CGT.
Et que donc : « Tout travailleur productif est travailleur salarié, mais il ne s’ensuit pas que tout travailleur salarié soit un travailleur productif ». Et paf ! C’est pour ça qu’dans l’capitalisme, « la polarisation signifie que la lutte des classes est
axée autour des deux classes fondamentales de cette formation – contradiction principale -, la bourgeoisie et la classe ouvrière » comm’ y dit l’pote Poulantzas. J’sais pas qui c’est c’lui-là, mais c’qu’j’comprends c’est qu’la polarisation, ça
veut dire la guerre.
Et qu’les p’tits bourgeois y sont au milieu. La prof de philo d’la soeur à Polo ell’ dit qu’m’sieur Sartre, encore un qu’je connais pas, y l’a écrit : « Homme des moyens, homme des classes moyennes, les fins générales auxquelles se rapportent ses activités ne sont pas ses fins. […] Les fins sont définies par la classe dominante et réalisées par les classes travailleuses, mais l’étude des moyens est réservée à un ensemble de techniciens qui appartiennent à ce que Colin Clarke nomme le secteur tertiaire : les spécialistes du savoir pratique ».

Je ne fais que dire que l’idéologie des différentes classes émane de ces positions par rapport au travail productif. C’est ce que j’entends ensuite par conscience de classe : me reconnaissant dans ce que mon appartenance (pas adhésion, peut-être adhérence !) de classe fait de moi (que l’on m’épargne l’accusation de déterminisme absolu, ce n’est pas parce que je pointe ça qu’il n’y a pas d’autre éléments déterminants dans l’histoire du “sujet”)
je suis mieux à même de me situer ensuite dans ce qui est une autre dimension : le politique. Et là tout est ouvert (ou pas), sur le plan individuel comme sur le plan collectif, mais là y’a besoin de l’aide des copains pour éclaircir en permanence, et ça manque pas sur Bellaciao c’est ça qu’est bien, pour amener des éléments de confrontation.

2)

l’hypothèse que entre capitalisme et communisme il y aurait une transition appelée socialisme qui nécessite un Etat capable de se désagréger au fur et à mesure que progressent les libérations et les consciences individuelles et collectives

Sur ce point, ce débat ne s’écarte pas du thème des institutions que tu as voulu poser même si ça ne correspond pas à ce que tu en attendais. Tu traites (je n’y mets pas un sens péjoratif) ceux qui ne sont pas dans ce que tu voudrais être une orthodoxie communiste (marxiste ?) d’utopistes. Mais si je travaille sur ces pistes c’est qu’il faut bien constater que la prise de pouvoir "institutionnelle" que tu défends (socialisme) est "de fait" aussi utopique. La preuve : elle ne se réalise pas ! Et le volontarisme des partisans de cette voie pour mobiliser des masses qui porteraient par l’élection l’avant garde autoproclamée au pouvoir (la prise de l’Etat par l’appareil du Parti) en attendant d’être “éduquées” et “éclairées” par celle-ci pour "accéder" au communisme (oui, c’est caricatural mais je fais court) est manifestement aussi improductive (ah, oui, si on s’y mettait tous..., mais y aurait plus besoin d’avant garde !). Et force est de constater (et l’analyse et les controverses des penseurs communistes dans l’histoire le confirment) que se situant sur le terrain labouré par la bourgeoisie, cette option contient les germes de toutes les formes élististes de pouvoir d’Etat, socialiste ou autre, et aucun insecticide ne peut les détruire (contrôle ouvrier ?!!! Si la classe ouvrière peut contrôler, autant qu’elle se dirige directement).

3) Ce qui m’amène, d’une part, à ne pas trouver mon compte dans les anathèmes, vieux comme la lutte sociale, des révolutionnaires les uns contre les autres (gauchiste, anarchiste, stalinien, communiste), le sectaire étant toujours l’autre (je suis persuadé que les différents intervenants sur ces sujets se considèrent comme moi ouverts à la critique et au débat et veulent aller vers l’unité du combat). Pour moi la pensée de Marx est une pensée critique opérante qui est la base (ce qui veut dire que d’autres apports ne doivent pas être négligés) pour partir de l’analyse du capitalisme et envisager autre chose, point. Si appeler cet autre chose "communisme" doit nous dresser les uns contre les autres (je ne parle pas de l’ennemi), trouvons un autre concept, mais moi ça me va (C’est un joli nom...). Mais la pensée ne fait pas de révolution (pourtant j’essaie de me concentrer fort dans mon hamac). Ce sont les hommes (et les femmes : le débat repris avec angela anaconda :

A en juger de ce que je lis, les communistes ne semblent pas préoccupés de la réforme de l’institution "famille", comme si la question prioritaire n’était pas celle de donner à la parole démocratique, un droit de cité au sein de microcosme regné par une logique de cyclope.

mériterait aussi d’être développé, ta réponse me paraissant un peu courte sur le fond. J’y ai consacré une partie important dans « Chomdu » pour reprendre quelques éléments (je ne fais pas référence à « Chomdu » pour la promo mais parce qu’ayant déjà publié sur Bellaciao ce "travail" je ne vais pas me répéter, non ?) qui font de leur monde ce qu’ils peuvent par leurs actes qui contiennent leur pensée.

D’autre part, à considérer que (re)mettre sur le tapis (après avoir mûrement réfléchis sur sa pertinence) la question de la petite bourgeoisie peut justement nous aider à sortir de ces conneries de chapelles parce qu’elle tire directement du matérialisme son sens. Dans la mesure où aujourd’hui, il me semble (“semblait” après les réactions, mais si Chomdu n’est pas lisible, tant pis, je laisserai à d’autres le soin de trouver des formes plus attrayantes et je retourne à mon hamac) que nous pouvons dépasser la dimension péjorative pour en faire un outil théorique pertinent. Non, chère Louve, je ne “méprise” pas la petite bourgeoisie (quoique certains petit bourgeois...). On ne méprise une catégorie sociologique (est-ce le bon terme ?).

Même si ce cher Copas constate que « Chaque jour la classe ouvrière dans le monde se renforce et elle atteint un niveau qu’elle n’a jamais atteint en proportion de la population mondiale », il n’empêche que la petite bourgeoisie (telle que j’ai proposé d’en situer les contours dans chomdu en m’appuyant sur Marx, Poulantzas et Paul Beaud), qui “contient” la classe moyenne mais pas seulement (si j’ai bien compris), reste hégémonique "culturellement" et idéologiquement (c’est pour ça qu’elle a été fabriquée par la bourgeoisie). C’est bien parce que néanmoins cela bouge (« L’autre grande information c’est la liquidation d’une grande partie des autres classes, la paysannerie, par exemple, voit ses effectifs attaqués fortement dans de grands pays et rejoindre le prolétariat des villes. » Copas) que cette question peut aujourd’hui reprendre sa pertinence théorique.

Pour valoir ce que de droit.

Camaradement (fraternel, ça fait famille...)

P’tit Nico