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Contre la dictature de la bourgeoisie et du capitalisme : la démocratie prolétarienne !

20 juin 2008, 00:24, par Copas

Pour LL,

Ce n’est pas la démocratie prolétarienne que je trouve vaporeuse en soi, ce sont les flous dans la façon dont on en parle.

Une bonne idée c’est une démarche ayant une chair réelle, le reste...

Tu précises un peu et ça me fait plaisir.

Je crains que dans ce débat, concernant la plupart des grands états de la planète où la classe ouvrière est maintenant dominante en poids numérique, on cherche à englober dans une définition des états qui ont commencé une marche vers le socialisme dans des circonstances historiquement très marquées par l’agressivité de l’impérialisme et la faiblesse de la classe ouvrière , impliquant par là dés le départ une série de problèmes qui font que n’y existe pas de démocratie prolétarienne ni de démocratie ouvrière (Cuba, Vénézuela), mais de grandes conquêtes et un chemin complexe vers le socialisme.

Les grandes sociétés prolétariennes mondiales, urbaines, avec leurs gigantesques classes ouvrières et leurs couches lumpen-prolétarisées non négligeables, dans tous les champs continentaux sont la grande tendance planétaire. La grande tendance planétaire c’est également le laminage des autres classes sociales (paysannerie et même laminage dans les vieilles métropoles industrielles d’une partie des petites classes intermédiaires ainsi que prolétarisation de couches sociales favorisées dans la classe ouvrière).

C’est dire que le prolétariat, si souvent contourné par la gauche radicale et servant de masse de manœuvre aux partis de gauche est une question ré-émergente en force dans les questions stratégiques des communistes (ici dit au sens général).

La question de la démocratie prolétarienne, sa qualité, est donc au centre de nos batailles.

Ca c’est mes banalités.

On parle donc de la qualité de celle-ci, et nous sommes toujours en partie dans les flous , sans trop indiquer au travers de quels processus concrets on souhaite avancer vers cet objectif.

Je pense toujours qu’il n’est pas suffisant d’indiquer "ben c’est le prolétariat qui démocratiquement...."....

Je ne mesestime pas le fait qu’il soit vain de proposer un plan et des structures qui tournent bien rond sur le papier, mais il est clair pour moi qu’il est nécessaire d’en préciser quand même une série de points et de lever des hypothèques.

Par exemple que le règne d’un parti ne peut incarner la démocratie prolétarienne.
Que ce n’est pas non plus 51% de députés prolétaires, ce n’est pas mettre non plus 51% de fesses de prolétaires sur les coussins moelleux de dirigeants de la machine d’état.

La démocratie prolétarienne est pour moi un processus qui, accompli, porte nom de socialisme (société de transition vers une société sans classes).

C’est le versant organisationnel, à chaque étape , de la bataille politique, vers un état prolétarien (il faudrait d’ailleurs songer à utiliser un autre mot qu’état pour bien montrer la différence de nature fondamentale avec l’état bourgeois).

Il faut donc en définir à minima les termes. Pour moi cette bataille en cours s’incarne dans des structures qui s’approchent le + de l’auto-organisation (AG démocratiques, comités sous controle étroit des travailleurs, coordinations, intersyndicales acceptant de se mettre sous controle de l’ensemble des travailleurs, etc, on peut imaginer 1000 structures plus ou moins allant dans ce sens de l’apprentissage par l’ensemble des travailleurs de la démocratie prolétarienne, ...)...

Les organes de démocratie prolétarienne qui se montent (ou pas pour l’instant) dans les batailles du mouvement social sont les embryons de l’état rival à l’état bourgeois. L’apprentissage par le syndicalisme est également l’un des principaux vecteurs d’avancée pour un certain nombre de prolétaires, mais des conceptions étroites du syndicalisme bloquent le chemin vers un apprentissage plus large qui implique + de travailleurs, à chaque occasion possible, dans la démocratie ouvrière.

Il n’est pas anodin d’ailleurs que les dernières très grandes mobilisations populaires gagnantes en France aient été fortement marquées par des structures d’auto-organisation (coordinations infirmières, de cheminots et des jeunes contre le CPE). Apparté : de part et d’autres, il n’y a pas lieu d’opposer syndicalisme et auto-organisation comme cela se fit , tant de certains syndicalistes très appareils, comme des anars essayant d’opposer des structures de nature différente par bien des aspects mais nullement contradictoires.

C’est un des chemins qui est complémentaire à d’autres traitant des questions géographiques et des questions d’isolement de travailleurs dans des petites ou très petites entreprises.

On peut parler d’autres chemins, ce que je veux dire par là, c’est qu’il faut s’engager plus précisément dans les batailles du jour vers des objectifs plus lointains .
Autrement dit développer un objectif qui décrit un peu mieux la réalité organisationnelle de la société désirée et la stratégie qu’on met en œuvre pour y arriver.

Sinon on va nous prendre pour des gens qui parlent du sexe des anges.

Les grands débats généraux sur les points d’arrivée déterminent des stratégies organisationnelles actuelles . Ces grands débats ne doivent pas partir d’un rapprochement dévot sur l’interprétation des textes de Marx pour résoudre des problèmes qui sont du ressort de la responsabilité des générations actuelles.

Sans compter que bien des problèmes sur l’exercice du pouvoir par le prolétariat n’étaient pas encore des problèmes d’actualité du temps de Marx (le seul exemple qu’il avait était la commune de Paris, des soulèvements populaires et des révolutions bourgeoises). Il n’y avait pas encore eu de grandes révolutions posant directement le problème du socialisme dans des sociétés où existaient des grandes concentrations ouvrières. Il tire un max de la commune de Paris mais il n’a pas assez à se mettre sous la dent en expériences concrètes de tentatives de révolutions socialistes pour en décomposer les processus à l’œuvre.

Son regard critique nous a bien manqué au 20eme siècle. J’aurai bien aimé qu’il soit là pour décrire au menu le processus d’écartement du processus soviétique en URSS au profit d’une caste volontariste devenant de plus en plus autoritaire et hierarchiste au poin de se retourner violemment contre les objectifs fondamentaux du socialisme.

Nous ne pouvons, nous, contourner le 20eme siècle et devons nous approprier toutes les expériences de ce siècle là pour rechercher ce qui est porteur d’espoir de ce qu’il est valable d’éviter dans les états où le prolétariat fut puissant.