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Contre la dictature de la bourgeoisie et du capitalisme : la démocratie prolétarienne !

22 juin 2008, 16:52

"Reculer sur les mots, c’est reculer dans ses idées, donc reculer dans ses principes et dans ses actes."

Cette phrase résume les arguments de ceux qui en restent (purs et durs mais quelque peu figés et bloqués) au langage d’une époque antérieure à toute une période historique où les déviations de la gestion de l’Etat menée par les communistes soviétiques ont porté atteinte dans les faits, au sens véritable et profond de l’expression "dictature du prolétariat".

A savoir : transformation du sens de "prise en mains par le prolétariat et pouvoir de gestion et de contrôle du prolétariat dans les affaires de l’Etat" en "pouvoir d’un parti unique" (bien sûr sensé représenter les intérêts du prolétariat), mais au sein duquel la contestation et la confrontation d’idées ont fini par être muselées - (par commodité et facilité de gestion sans doute car les difficultés étaient nombreuses, mais aussi par le jeu des égos et de l’ambition égotique) - pour devenir un regrettable "pouvoir personnel dictatorial" avec les ombres et déviations que l’on sait.

Même si, rejetant la critique bourgeoise et manipulatrice du stalinisme nous faisons une critique marxiste, il n’en reste pas moins que : quelles qu’en soient les raisons et les causes, et malgré d’incomparables grandes avancées sociales, culturelles et économiques par rapport au régime tzariste, on ne peut même plus dire avec une belle désinvolture mais toujours dangereuse (vu ce qui couve toujours sous la cendre des égos humains) "la fin justifie les moyens" puisque l’expérience n’a pas abouti et que l’URSS et son socialisme n’existe plus.

Ce n’est pas tant l’idéologie bourgeoise qui a déformé la notion initiale du concept de l’expression "dictature du prolétariat", mais son application progressivement déviée dans les faits (quelles qu’en soient les causes) par les pionniers de la construction du socialisme que furent les communistes russes. Dès lors, la Bourgeoisie avait beau jeu d’utiliser et de manipuler les erreurs et les failles à son profit personnel.

D’autre part, indépendamment du fait que nous vivons sous la dictature de la bourgeoisie capitaliste, tous les dictateurs des sociétés humaines ont laissé une image pour le moins toujours négative dans l’histoire.

Hitler, Franco, Mussolini, Pol Pott, de plus en plus Sarkozy, entre autres et ... Staline sans circonstances atténuantes, car c’est quand même triste - hier comme aujourd’hui - que lorsque l’on s’appuie sur la philosophie marxiste on n’ait pas une conscience aigüe des pièges du pouvoir et des gardes-fous structurels, organisationnels de "démocratie prolétarienne" (bien belle et pertinente expression) à mettre en place et à appliquer.

Or, à plus forte raison si l’on considère les arguments ci-dessus => dans dictature il y a dictateur et vice-versa. Que nous le voulions ou non cela fait sens dans la signification des mots et dans l’imaginaire des gens.

Et la révolution on la fait aussi avec l’imaginaire et la motivation claire et sans ambiguïté des gens, pas à coups d’expressions marxistes totemnisées par un intellect sec et exclusif, aveugle à l’importance du phénomène linguistique qui bouge avec le temps, résolument insensible => (parce que ça fait plus révolutionnaire !!!????) à la charge émotionnelle des mots porteurs d’images et de réminiscences douloureuses pour bien des gens et qui empêchent l’ouverture à nos idées communistes et à nos propositions de rupture avec le système capitaliste.

Pour ma part, c’est bien parce que je suis d’accord avec le concept initial de "pouvoir du prolétariat et démocratie prolétarienne" que je tiens compte des éléments de réflexion ci-dessus.

Et si je trouve l’expression "dictature de la Bourgeoisie" parfaitement appropriée non seulement au sens de la notion initiale mais aussi et surtout pour toute la charge négative que le mot dictature a emmagasiné au cours de l’histoire, je trouve, pour toutes les raisons expliquées plus haut, que l’expression "dictature du prolétariat" est aujourd’hui dommageable et inapproprié pour les mêmes raisons.

La grande Bourgeoisie, elle, en est bien consciente, et avec son intelligence machiavélique coutumière exploite idéologiquement cet aspect émotionnel et psychologique des faits et de l’histoire en agitant des épouvantails pour éloigner ceux qui n’ont que leur force de travail de notre projet de société, pendant que nous continuons à répéter ingénument peut-être mais avec entêtement des mots désormais à double sens en restant résolument aveugles sur le fait que leur signification intellectuelle initiale, ne correspond pas à la signification émotionnelle et tragique portée, imprimée, ressentie dans la tête, le coeur et la conscience des gens.

Faire l’impasse sur cette réalité me semble d’une inconscience regrettable.

Je parle du mot "dictature" et de rien d’autre et je dois dire que l’expression "démocratie prolétarienne" me semble déjouer parfaitement les manipulations perverses de l’idéologie bourgeoise en nous permettant de parler (sans ambiguïté et interprétation erronée possible) du concept initial (largement explicité par les intervenants), tout en nous permettant de gagner du temps au lieu de le perdre dans des justifications d’expression qui n’en finissent pas de se heurter à l’ambiguïté évidente du mot qui réveille bien des suspicions, des résistances et des doutes difficiles à éliminer par les discours intellectuels.

Maguy