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Moi, petit bourgeois, pour le communisme

6 décembre 2008, 11:09, par P’tit Nico

C’est un très beau texte et il m’a presque mis les larmes aux yeux.<

Aurais-je raté mon coup ? Provoquer l’émotion (je sais que tu le sais, et je "sais" (dans le sens de l’empathie rogérienne) ce que tu exprimes, mais nous ne sommes pas seuls devant l’écran (en fait si, mais non...), chère LL, que je connais seulement par ses textes sur Bellaciao, je dis ça pour les intimes paranoïaques du site, pas plus que je ne connais les auteurs du site, d’ailleurs. Si je le choisis pour partager mes réflexions, voire, parfois, mes conneries, anonymes, c’est pour avoir constaté son ouverture (ce n’est pas parce que des gens sectaires s’y expriment que le site l’est. Et je ne conteste pas leur droit à la sélection des commentaires vu que ça les engage juridiquement eux-mêmes, ce qu’un contributeur moyen ne peut vraiment évaluer. On doit faire avec ça, les hommes sont ce qu’ils sont aujourd’hui et Big Brother veille. Chacun est bien obligé de m’accepter sur parole, c’est ça internet. Putain que j’aime les digressions, excuse-moi, LL. Donc, je continue)... par la littérature, qui a les mêmes effets qu’une manifestation de masse, en plus subtil, est si facile. D’ailleurs, c’est vraiment une manifestation de masse qui se diffuse individuellement du moins pour les genres littéraires les plus manipulateurs (puisqu’il ne se situent pas comme tels) qui se vendent le plus : ceux qui nous racontent des histoires, surtout quand elles elles nous « émeuvent » (ah, la misère...).

Il n’est évidemment pas question, là, de nier (quelle absurdité) un phénomène animal (oui, y a pas que l’HOMME !), l’émotion, mais d’être toujours vigilant parce que c’est justement celui qui est le plus manipulable, surtout dans le contexte de toutes nos misères : économique, matérielle, sexuelle, politique, intellectuelle, morale... (digression (miam) : cette liste à la Prévert "doit" être signifiante, « en tant que liste ! ». Égrener, « décortiquer » des éléments décomposés d’une réalité, d’un "vécu", pour l’analyser “scientifiquement”, dans le but d’en maitriser (« maître et possesseur de la nature ») les effets (pour les manipuler... ou se protéger de cette manipulation en la dénonçant) est « forcément » une atteinte à l’intégrité humaine (à "décortiqué, ée", dans le Petit Robert, on a : « qui a subi une ablation totale du cortex ». Brrr...).

En ce sens, ceux qui dénoncent ce « coupage des cheveux en quatre » qu’ils attribuent (bêtement) aux « intellectuels » ont raison. C’est une « technique » de la fonction idéologique des intellectuels « bourgeois » qui éloigne "structurellement" l’intellectuel professionnel "pour le communisme" de ceux qu’il veut aider, les ouvriers.

Mais ils ont tort aussi (d’après moi, mais comme c’est moi qui écris, ça devrait être évident que ce n’est pas une Vérité), dans la mesure où ils renforcent ainsi l’anti intellectualisme ouvrier (de certains, comme toujours), c’est-à-dire, non seulement la prévention contre les intellectuels professionnels “forcément” bourgeois, mais contre l’utilisation de sa propre intelligence, cette « intelligence pratique », cette « pensée rationnelle-pratique » liée à l’« acte » (merci Gérard Mendel) de l’être humain (et là, les animaux non humains, mais « supérieurs » dans l’échelle animale, ne retirez pas l’échelle s’il vous plaît, je crois pas, mais va savoir, même s’ils n’ont pas la parole verbale ils se confrontent à la résolution des problèmes qu’impose la réalité matérielle et il faut bien qu’ils prennent des décisions non instinctuelles. Voir l’aberration de la connotation péjorative du nom « âne » pour un animal sensible et super... intelligent). Forme d’intelligence qui a été tellement dévalorisée, niée, effacée par la bourgeoisie que l’ouvrier, le “manuel”, ne peut même plus se la reconnaitre (effet de l’idéologie comme puissance matérielle), alors qu’il l’utilise en permanence, même à la chaîne (réalité physique, concrète). Or, pour éviter cela, ils sont bien obligés de passer par le discours rationnel pour l’expliquer. sous peine de tomber dans l’activisme (ce que me semble exprimer et bien poser le texte de la CNT que je cite).

C’est en tout cas la contradiction de l’intellectuel pour le communisme comme l’explique Sartre (merci LL pour avoir ressorti ces extraits).

Par ailleurs, cette intelligence pratique dont est dotée l’ouvrier et qui fait défaut à l’intellectuel bourgeois (dans la plupart des cas - y en a bricolent -, et qui n’est pas le cas de ceux qui ont une activité « pratique » comme les chirurgiens par exemple) justifie (entre autre) le rôle déterminant du travailleur dans le processus révolutionnaire.

C’est pourquoi, pour en revenir à l’émotion, la merde dans laquelle on est (l’inversion de l’idéologie bourgeoise) lorsqu’on utilise le mode discursif (explication par l’expression écrite, orale ou cinématographique, merci Debord). D’où, la nécessité de travailler cette expression pour limiter les effets de ce processus. D’où mon style (digressions, autodérision, décalage) qui est certainement imbuvable pour la plupart des lecteurs (je fais ce que je peux, et je peux peu...). Il faut croire que je n’accorde pas une importance fondamentale à nos verbiages, même savants, comme déterminante pour l’action révolutionnaire, et qu’il faut donc les prendre pour ce qu’ils sont : l’expression de LA misère capitaliste ou bourgeoise ou ce qu’on veut. Je souhaite que les potes de la CNT arrivent vraiment à ne pas s’y noyer, ce que je ne constate pas forcément chez certains d’entre-eux que j’ai côtoyé (mais eux aussi ils font ce qu’ils peuvent).

Ce que tu appelles "démocratie du travail" et moi plus "antiquement" "démocratie prolétarienne"

Laissons à César ce qui est à Reich, c’est lui qui l’utilise et le propose, le reprenant d’ailleurs, d’après ce qu’il en dit d’un anonyme., ce qui me plaît assez.

Si les mots ont une importance (et ils en ont une), ils ne sont utiles et opératoires que s’ils sont issus de et forgés par un groupe, une communauté (j’ai du mal avec ce mot), « en acte » (voir Gérard Mendel pour la distinction entre « acte » et « action »).
Je ne pense pas que ces deux expressions recouvrent la même chose, notamment le même moment dans le « processus » vers le communisme. La démocratie prolétarienne se situant après la dictature du prolétariat et avant le communisme réalisé, la démocratie du travail étant la base organique ou concrète du communisme vivant. Comme cela apparaît me semble-t-il dans les extraits que Reich cite de Lénine. Je suis sûr que quelques « autorités » garantes des textes fondateurs qui sévissent (oh, le vilain mot, mais c’est un compliment) sur Bellaciao vont le préciser.

Lacan avait une bonne vanne sur ceux qui disent "ne vouloir que notre bien" - en gros ils disaient que "vouloir le bien d’autrui", c’était ce que professaient les voleurs

J’adore cette expression que je ne connaissais pas, merci ; D’ailleurs, je ne connais pas Lacan, pour moi c’’est illisible. Comme quoi...

Bon courage,

solidairement

P’tit Nico