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un article sur le NPA de michel Onfray

7 juin 2009, 16:07, par Boujot Yves

Lisons ce que M. Onfray pensait il y a peu d’une des principales composantes du Front de Gauche, pour ne pas dire la principale, je veux parler du PCF. Mais laissons le maître exposer. On est en Février 2007. Lisons :

"Lu dans "Libération" ce mercredi l’interpellation de José Bové par un ex-ajusteur communiste, Maurice, à qui il dit que le Parti Communiste "n’a pas trahi les ouvriers".
Mon pauvre Maurice, il faut vraiment être un dévot de la religion communiste pour ne pas voir que, pendant presque un siècle, ce parti a fonctionné comme l’Eglise avec son inquisition, ses bûchers, ses orthodoxes célébrés, ses hétérodoxes persécutés, condamnés, emprisonnés et que, dans cette logique totalitaire, la classe ouvrière a été le cadet de ses soucis !
Les Communistes auraient pu profiter de subventions de la CIA et des Etats-Unis tant leur rôle contre-révolutionnaire est avéré dans le XX° siècle...
Le PCF n’a pas trahi les ouvriers, cher Maurice, lorsque Molotov le communiste et Ribbentrop le national-socialiste signent le pacte Germano-soviétique le 23 août 1939 et conviennent d’un partage de l’Europe à l’amiable avec viol de la Pologne et cadeau des pays Baltes aux marxistes-léninistes.
Ce pacte auquel consent le parti communiste français permet à Hitler de ne pas s’éparpiller sur deux fronts, donc d’être extrêmement performant quand il envahit la France. Pendant qu’Hitler vaque à ses petites affaires mondiales, Staline lui livre les antifascistes présents sur le sol Allemand et Autrichien, dont Margaret Buber-Neuman. Il faudra l’attaque de l’URSS par le III° Reich en juin 1941 pour que les communistes russes deviennent anti-nazis...
Le PCF n’a pas trahi les ouvriers, cher Maurice, quand, de conserve avec Maurice Thorez et Jacques Duclos, il négocie avec Otto Abetz en 1940 l’autorisation pour « L’humanité » de reparaître sous régime d’occupation nazie et que, pour ce faire, certains de ses émissaires jouent de la corde antisémite commune avec les nationaux-socialistes pour obtenir ce droit à revenir dans les kiosques... La haine raciale du Juif chez les nazis effectue un trajet commun, sur le principe des compagnons de route, avec la haine marxiste des Juifs confiscateurs du grand Capital...
Le PCF n’a pas trahi les ouvriers, cher Maurice, quand, pendant quarante deux ans , il a soutenu un régime sanguinaire, tyrannique, dictatorial, colonial, impérialiste, inhumain, carcéral, disciplinaire, y compris pour la classe ouvrière, sous prétexte que les ouvriers, entre goulag et Kolyma, ne dormaient pas sous les ponts , de fait, ils s’entassaient dans des appartements communautaires, disposaient d’études supérieures gratuites pour leurs enfants , certes, supérieures sur le principe , mais inférieures dans les faits par leurs contenus doctrinaires...
Le PCF n’a pas trahi les ouvriers, cher Maurice, quand il a rompu en 1989 avec sa soviétophilie, si longtemps utile pour remplir les caisses du parti et financer les salaires des permanents qui constituaient la bureaucratie du parti place du Colonel Fabien, au moment très tardif de la chute du mur de Berlin, c’est à dire quand on ne pouvait plus tresser de couronnes de laurier au soviet suprême et à ses momies. Que n’a-t-il, ce parti qui n’a jamais trahi les ouvriers, soutenu Gorbatchev quand ce grand homme aspirait à la Perestroïka et à la Glasnost, cet homme vilipendé par tous, y compris les communistes français, pour avoir voulu brader l’URSS quand il souhaitait la conserver à gauche, et ne pas la vendre aux libéraux, ce qui pourtant fut fait, avec Eltsine, et un peu grâce au parti frère français ...
Le PCF n’a pas trahi les ouvriers, cher Maurice, quand il a accepté, en Mai 68, d’envoyer un obscur syndicaliste de la CGT qui deviendra célèbre, Henri Krasucki, rencontrer un autre obscur envoyé par Pompidou qui, lui aussi, deviendra célèbre et avouera plus tard être allé à cette réunion secrète dans une sous pente avec un revolver sous sa veste, Jacques Chirac, pour négocier le principe des accords de Grenelle qui, de fait, arrêtaient la grève, éloignaient la perspective révolutionnaire, et justifiaient la fameuse reprise du travail ( ah ! le fameux « il faut savoir arrêter une grève « !) sous prétexte d’une augmentation de salaire dont le pouvoir et les syndicats savaient qu’elle serait bien vite absorbée par l’augmentation du coût de la vie dans les mois suivants...
Le PCF n’a pas trahi les ouvriers, cher Maurice, quand il a vendu son âme pour une assiette de lentilles, plusieurs fois depuis Mai 81, en acceptant des strapontins de ministres dans des gouvernements qui, se disant de gauche, menaient une politique de droite, dont certains nationalisaient plus que le gouvernement Balladur. Un pied revendicatif dans l’usine, un autre dans les palais dorés des ministères, une parole à gauche, une pratique de collaboration avec le libéralisme, des banderoles entre Nation et République, des cocktails chics à Matignon et des électeurs, pas dupes, qui quittent le parti et s’en vont, pour certains, vers le Front National...
Le PCF n’a pas trahi les ouvriers, cher Maurice, en prétendant pendant des mois aspirer à une candidature unique de la gauche antilibérale, certes, bien sûr, évidemment, mais pourvu qu’elle se fasse sous le nom de Marie Georges Buffet, et sous le logo du Parti Communiste Français, non sans avoir sollicité les militants en amont pour noyauter, vieilles habitudes, les comités antilibéraux partout où c’était possible afin de laisser croire à une réelle et naturelle présence de leur première secrétaire artificiellement plébiscitée.
Le PCF n’a pas trahi les ouvriers, cher Maurice, lors des négociations avec le Parti Socialiste pour conserver après les présidentielles les prébendes électorales - des municipales aux législatives, en passant par les sénatoriales et autres consultations cantonales, départementales et régionales- obtenues avec la complicité d’un PS qui assure, par le choix de ses candidats et ses alliances, la réélection des permanents du Parti, des salariés de la bureaucratie, pourvu que la parole de gauche pendant la campagne n’empêche pas ensuite une pratique gouvernementale commune.
Mon cher Maurice, je crains que votre dévotion au Parti - comme d’autres dévots sacrifient à Bernadette Soubirous- vous empêche de faire de l’histoire, notamment celle de votre Eglise , car vous auriez vu que le Parti Communiste Français, qui a commencé par revendiquer et s’approprier tous les fusillés et la plupart des résistants français alors qu’il collaborait avec le régime nazi, puis continué à se dire révolutionnaire pendant qu’il participait au gouvernement d’un Lionel Jospin qui affirmait que son projet présidentiel ne serait pas socialiste, ce Parti, donc, a fourni en couleuvres pendant un demi siècles la classe ouvrière qui mendie aujourd’hui, et pour cause, un peu des miettes du festin de Jean-Marie Le Pen... Le score de ce dernier, le PCF est en un peu responsable, malheureusement."

C’est pur comme du Platon, droit comme du Kant et clownesque comme du Onfray.
Je crois que là le Front de Gauche a fait une super recrue. Bon courage pour demain.