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Après avoir vaincu les liquidateurs, les communistes italiens font le bilan de 2 ans de reconstruction

8 mars 2010, 14:19, par Roberto Ferrario

merci Rachid de confirme se que je écrit a propos de Domenico Losurdo... ;-)


Staline : histoire et critique d’une légende noire

de Domenico Losurdo

Avec un essai de Luciano Canfora

Carocci, Milano 2008, pp. 388, euro 29,50.

Il fut un temps où des hommes d’état illustres, tels Churchill ou De Gasperi, et des intellectuels de premier plan, tels Croce, Arendt, Bobbio, Thomas Mann, Kojève, Laski, regardèrent avec respect, sympathie, et même admiration Staline et le pays qu’il dirigeait. Au déclenchement de la Guerre Froide et plus encore avec la publication du Rapport Khrouchtchev, l’image s’est inversée et Staline est devenu un « monstre » , comparable seulement à Hitler. Feraient preuve de naïveté ceux qui voudraient conclure de ce revirement la vérité définitive sur le leader soviétique, en survolant de manière désinvolte les contradictions et les intérêts qui en sont à l’origine. Les contradictions radicales entre les diverses représentations de Staline devraient inciter l’historien non à accorder une valeur absolue à l’une, mais à les remettre en question toutes. Et c’est ce que fait Domenico Losurdo, en analysant les tragédies du vingtième siècle avec une méthode comparative qui ne laisse rien hors champ, et en contextualisant nombre des accusations portées contre Staline, dans cet ouvrage, essai historique, historiographique et philosophique à la fois, qui ne manquera pas de créer la polémique.


Il s’agit, dans l’ouvrage de Losurdo sur Staline, d’une histoire de l’image de Staline et non d’une biographie ni d’une histoire politique du système auquel son nom est couramment associé. Mais remettre en cause les clichés de l’antistalinisme habituel, y compris dans les rangs communistes depuis 1956 nécessite aussi de revenir sur le fond de la question de l’évaluation de l’histoire soviétique de 1922 à 1953, et même au-delà, puisque les catégories de l’antistalinisme ont été généralisées à l’étude d’autres États dirigés par des partis communistes, et d’autres personnalités, Chine et Mao, Cuba et Castro, Yougoslavie et Tito.

L’étude de la légende noire se mêle donc pour partie à une réhabilitation de la personnalité et de la figure d’homme d’État de Staline, qui est bien distingué du régime politique. Le point de départ étant la constatation que l’image de Staline était plutôt positive dans le monde, propagande de part et d’autre mise à part, au moment de sa mort en mars 1953. C’est la diffusion du rapport Khrouchtchev qui a précipité « le dieu aux enfers ». Ce rapport est une des principales cibles de Losurdo. Selon lui, il s’agit d’un document de la lutte interne à la direction du PCUS dont la crédibilité est pratiquement nulle, et dont la plupart des assertions portant sur Staline sont tout simplement inventées.


(...)En conséquence, nombre de clichés sur Staline me semblent définitivement ruinés, et Losurdo y parvient facilement en regroupant les conclusions ou les découvertes des historiens récents, postérieurs à l’ouverture des archives soviétiques). Il est donc acquis que :

Staline n’était ni médiocre, ni stupide, ni paranoïaque

Staline ne s’est pas effondré au moment de l’invasion hitlérienne, et n’a jamais cru en la bonne foi d’Hitler. Son commandement a joué un rôle militaire décisif, et les généraux soviétiques les plus importants l’ont confirmé.

Staline a réprimé toute opposition en URSS. Mais cela signifie, contrairement à la légende du chef paranoïaque qu’il y avait une opposition.

Staline était totalement exempt de racisme ou d’antisémitisme et ne peut pas être accusé de génocide, ni envers les Ukrainiens, ni aucun autre peuple.

Losurdo considère au passage comme acquis par l’évolution de l’état de la question historique que les bilans avancés par Khrouchtchev comme par Courtois sont exagérés environ dix fois. Ce qui signifie que la répression politique en URSS sous toutes ses formes a causé la mort d’environ 2 millions de personnes entre 1922 (fin de la guerre civile) et 1953, et un nombre très faible de victimes depuis 1953. C’est beaucoup moins que les chiffres hyperboliques qui ont circulés sous l’influence de Conquest et de Soljenitsyne. Mais c’est encore beaucoup.(...)


(...)Certains des aspects les plus terribles de l’État soviétique s’expliquent donc en dernière analyse d’abord par l’hostilité permanente du monde entier contre un pays pauvre et contre une grande nation révolutionnaire, et d’autre part, par l’héritage de despotisme de l’ancienne Russie, qui n’a pas connu de période démocratique bourgeoise.

Losurdo souligne aussi le rôle d’une dialectique immanente aux mouvements révolutionnaires qui lierait indissolublement l’exigence de la liberté absolue immédiate (et le rêve de la société communiste) à l’imposition de la Terreur, suivant le principe de la dialectique de la « loi du cœur » dans la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel.

Losurdo invalide, en bon hégélien, toute critique de Staline et de sa pratique historique basée sur l’opposition de l’idéal au réel en les mettant sur le même plan, et donc sur l’idée d’un bon idéal communiste opposable à un monstre singulier et en définitive inexplicable qui s’appellerait Staline. Il s’agit donc pour le mouvement communiste de renoncer à la ligne hypocrite de repli tactique où il s’est piteusement abrité en Occident après le rapport Khrouchtchev, et qu’Althusser a attaqué toute sa vie sous le nom d’humanisme. Garaudy, Sève étant de bons représentants du khrouchtchevisme humaniste en France. Et du stalinisme d’appareil aussi.(...)


etc etc etc