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17 octobre 1961 : Les 140 Algériens disparus à Paris

Publie le mardi 16 octobre 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

Rassemblement
Mercredi 17 octobre 2007 à 18h30
au Pont St Michel à Paris Là où tant de victimes ont été jetées à la Seine il y a 46 ans
Pour exiger :
 la reconnaissance officielle du crime commis par l’Etat français les 17 et 18 octobre 1961
 la liberté d’accès effective aux archives pour tous, historiens et citoyens
 le développement de la recherche historique sur ces questions dans un cadre franco-algérien et international

de Laffitte mourad

Au matin du mardi 17 octobre 1961, la police sait qu’une manifestation de masse se prépare ; des cars de police quadrillent la ville, des policiers cernent les bouches de métro aux portes de Paris, prêts à arrêter les manifestants.

Aux portes de Paris, à la sortie des métros Étoile, Opéra, dans les couloirs de la station Concorde, sur les Grands Boulevards, les manifestants seront systématiquement matraqués, à coups de crosse, de gourdin, de bâton, souvent jusqu’à ce qu’ils s’effondrent. Les policiers frappent au visage, au ventre, des manifestants qui ne font montre à aucun moment d’aucune violence ni d’aucune résistance.

Sur le boulevard Bonne-Nouvelle, au pont de Neuilly, au Pont-Neuf d’Argenteuil et en d’autres lieux, les policiers tirent sur les manifestants. Sur les ponts aux portes de Paris et sur le pont Saint-Michel, des hommes sont précipités à la Seine. En plein Paris et pendant plusieurs heures se déroule une véritable chasse au faciès, à laquelle la population parisienne assiste et collabore même parfois. Le préfet de police M. Papon suit toutes les opérations et se rend lui-même à l’Etoile, pour constater leur " bon déroulement ". Il a aussi connaissance de toutes les liaisons radio de la police. Il sait donc que de faux messages d’information circulent selon lesquels des policiers auraient été tués. Il ne les démentira pas.

Plus de dix mille Algériens sont interpellés. Ils sont internés au palais des Sports, au Parc des Expositions, au stade de Coubertin, au Centre d’Identification de Vincennes, pendant près de quatre jours. Quatre jours pendant lesquels les violences continuent. A leur arrivée, les manifestants sont systématiquement battus. Dans l’enceinte des lieux d’internement, on assiste à des exécutions et nombreux sont ceux qui meurent de blessures non soignées. Au lendemain de la manifestation, le bilan officiel est de deux morts algériens. Il fait état de " tirs échangés " entre la police et les manifestants. Malgré les efforts de quelques parlementaires, le gouvernement empêche la création d’une commission d’enquête. Aucune des plaintes déposées n’aboutira.

S’il n’est pas possible de déterminer exactement combien d’Algériens furent tués le 17 octobre 1961 et les jours qui suivirent, il reste que le chiffre de plusieurs centaines de morts, avancé par J-L. Einaudi dans son livre La Bataille de Paris à partir de l’étude de registres de cimetières, de témoignages et de documents internes du F.L.N., est le plus vraisemblable. De nombreuses archives administratives qui auraient été essentielles au dénombrement des victimes ont aujourd’hui disparu.

Ceci explique pourquoi le rapport Mandelkern - commandité par le gouvernement et rendu public en 1998 - et le livre de J-P. Brunet, qui tous deux se fondent sur les archives existantes de la préfecture de Police, concluent à un nombre de morts bien inférieur - autour d’une quarantaine. Le rapport Mandelkern reprend du reste à son compte la version selon laquelle des tirs auraient été échangés entre les manifestants et la police.

Messages

  • Cette commémoration est extrêmement importante, n’en déplaise aux gens qui fustigent la "repentance" et l’assimilent à la "haine de soi" (des "camarades" qui seraient mieux en brun plutôt qu’en rouge, sans doute.)

    Savoir reconnaître, Etat ou individu ou organisation, que sur certains sujets, on a été en dessous de tout, on a été criminels, qu’on A EU TORT, pour, d’une part la simple nécessité morale de demander PARDON aux victimes, et d’autre part , faire quelque chose de constructif de cette autocritique, en analysant les faits de l’époque, dans une perspective d’avenir aussi, ça me semble être une démarche communiste, à 100 %.

    D’autant que sur ce "coup-là" de l’indépendance en Algérie, nous (contrairement à "d’autres") on était plutôt du "bon côté de la barrière", comme en témoignent certains camarades qui ont été bastonnés dans les manifs de soutiens aux résistants Algériens et ont vu d’autres copains et copines tomber sous leurs yeux, à Charonne par exemple.

    (C’est pas opportuniste mais il faut aussi rappeler les vérités qu’on veut nous voler.)

    Aussi, poursuivons ce combat qui était celui de nos camarades avant nous, et rendez vous demain pour commémorer et demander que toute la lumière soit faite.

    La Louve

    Je précise pour finir que la plupart des photos de ce massacre sont celles d’Elie Kagan, reporter issu de la résistance qui travaillait alors pour Témoignage Chrétien et Libération et qu’un très beau livre est en venteintitulé "17 octobre 61" , chez Acte Sud je crois, les archives de Kagan étant conservées à la BIDC.

    Bibliothèque de documentation internationale contemporaine
    6, Allée de l’Université F-92001 Nanterre Cedex
    et

    Musée d’histoire contemporaine - BDIC,
    Hôtel National des Invalides, 129 rue de Grenelle, 75007 PARIS
    Tél. : 33-(0)1.44.42.42.44. - Fax : 33-(0)1.44.18.93.84

  • (des "camarades" qui seraient mieux en brun plutôt qu’en rouge, sans doute.)

    Merci la Louve de re-preciser ce point.

    Et merci et honneur à tous les communistes français qui sont tombes pour l’independance de L’Algerie

    Amities

    Un Algérien

  • ET LE GOUVERNEMENT ALGERIENNE ,ELLE’ N’EST PAS CONSERNER CE NE SONT PAS DES ALGERIENS TOUT CES VICTIMES ?

  • Bjr, étant P.N., je n’arrive plus à retrouver la liste qui a été faite des morts du 17 octobre... Je l’avais vu sur le site de http://djazair.dzblog.com/ mais plus moyen d’y remettre la main. Afin tout cela pour te dire qu’il y a un travail de mémoire à faire mais sans tomber dans l’extrême... Cordialement. Michel

    De la rue Suffren à B.E.O.,