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4 fois plus de chances que les autres d’être contrôlés par la police

Publie le mardi 15 janvier 2008 par Open-Publishing

Le Temps I International I Article

Une police affectée dans les banlieues françaises sensibles

FRANCE. La création d’« unités territoriales de quartier » est une forme de désaveu pour le président Nicolas Sarkozy.

Sylvain Besson, Paris
Mardi 15 janvier 2008

C’est une petite révolution dans le traitement de la violence qui secoue régulièrement les banlieues françaises. La ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a annoncé lundi la création de trois « unités territoriales de quartier » destinées à assurer « une présence visible et dissuasive » dans les cités les plus sensibles de France. L’une des premières unités sera implantée à Clichy-sous-Bois, la ville d’où étaient parties les émeutes de l’automne 2005.

Fortes d’une dizaine de volontaires chacune, ces unités devront être expérimentées et « formées à l’activité en milieu difficile ». Elles seront « sur le terrain pour faire respecter l’autorité de l’Etat [...] là où il le faut et à l’heure où il le faut », selon la ministre. Même si celle-ci ne le dit pas, la création de ces unités, qui devraient se multiplier si les premiers essais sont concluants, constitue un désaveu de la politique menée par Nicolas Sarkozy entre 2002 et 2007.

« Police de proximité »

Alors ministre de l’Intérieur, celui-ci avait supprimé la « police de proximité » instaurée par le précédent gouvernement socialiste pour rétablir le calme dans les quartiers sensibles. Nicolas Sarkozy reprochait à ses membres de ne pas lutter contre la délinquance et de se contenter de jouer au football avec les jeunes des cités. La « police de proximité » avait été remplacée par des passages rapides de policiers municipaux ou nationaux, et des incursions ponctuelles d’unités plus lourdes. Mais cette combinaison n’a pas permis d’endiguer les incidents et l’insécurité qui règne dans certains quartiers.

A l’avenir, une partie des attributions de l’ancienne « police de proximité » devrait être reprise par des « délégués à la cohésion », chargés des contacts avec la population dans les banlieues les plus difficiles. Là aussi, on peut lire dans cette mesure une critique en creux des policiers de l’ère Sarkozy, considérés comme trop jeunes et manquant de renseignements sur les zones où ils opèrent.

Discrimination raciale

Pour le sociologue Sebastian Roché, spécialiste des problèmes d’insécurité, les mesures exposées par la ministre Michèle Alliot-Marie vont dans le bon sens. Mais selon lui, la réimplantation des forces de l’ordre dans les banlieues ne sera une réussite que si elle se fait progressivement et avec des unités importantes, ce dont ne disposait pas la « police de proximité ». Il faudra aussi que les autorités reconnaissent l’existence d’un problème lancinant de discrimination raciale : en France, les jeunes d’origine arabe ou africaine ont quatre fois plus de chances que les autres d’être contrôlés par la police.