A Montreuil la rouge, le maire sortant s’en prend aux "usurpateurs" de la liste Voynet

Mercredi 5 mars, meeting de soutien au maire sortant (app. PCF) Jean-Pierre Brard, à Montreuil. Début de réunion orageuse : quand l’animateur appelle à "gagner et faire barrage à Nicolas Sarkozy", trois jeunes gens se lèvent pour qu’on "arrête de s’acharner contre un homme".
La salle proteste, une militante PS dénonce la politique
d’immigration du chef de l’Etat, un fauteur de trouble se fait arracher
le micro... Il s’agissait en fait de "jeunes comédiens, les Intermittos, invités par la mairie", qui saluent au passage "la réactivité" des présents. La salle rigole.

Mais, malgré la bonne humeur et les plus de 600 personnes présentes, l’heure est à la mobilisation. Montreuil, ville acquise à la gauche, n’est pas menacée par la droite... mais par les divisions de la gauche. Face au maire, soutenu par le PS et le PCF, l’écologiste Dominique Voynet mène une liste concurrente, avec le soutien de socialistes dissidents.
Carole, militante PS, lit au meeting "un petit mot" d’Ariane Ascaride et Robert Guédiguian , qui donne le ton : "L’apparition de Dominique Voynet à Montreuil, sans aucun programme, nous semble relever de la seule carrière personnelle", écrivent l’actrice et le cinéaste, qui vivent à Montreuil. Fervents applaudissements. La secrétaire nationale du PCF – parti dont Jean-Pierre Brard n’est plus adhérent – Marie-George Buffet, la voix cassée, s’en prend à une droite "qui veut nous faire croire que les municipales ne sont pas politiques", et insiste : "On a trois jours pour gagner." Julien Dray, porte-parole du PS, dénonce sans ménagement les socialistes qui ont rejoint la liste de Dominique Voynet.

Julien Dray :

Franc succès, que le maire décline de nouveau en remerciant ses hôtes d’être venus, alors qu’ils sont "très sollicités".

Jean-Pierre Brard :

Le maire, qui n’a que quelques mots pour la candidate de l’UMP, que François Fillon vient soutenir jeudi, cible ses attaques sur la "vanité" de la liste Voynet. Il n’entend pas lui laisser le champ libre sur la question de l’environnement. En vidéo, l’ancien numéro 2 de Greenpeace Bruno Rebelle, numéro 11 sur la liste, promet "un plan de réhabilitation des logements anciens", qui va "réduire les charges locatives", met en avant le projet d’"écoquartiers socialement accessibles". Tous les colistiers parlent "développement durable", évoquent les 27 km de pistes cyclables déjà construites. "On a eu la première centrale photovoltaïque du pays en 1998 avec Greenpeace", rappelle Jean-Pierre Brard, qui affirme que "les partisans de M^me Voynet s’étaient opposés aux panneaux solaires parce que c’était trop cher." Il moque son projet de piscine en plein air, "anticipant le réchauffement climatique". Et soutient : "Nous sommes les seuls à dire comment nous allons financer nos propositions ambitieuses, en créant des emplois" – l’objectif est fixé à 30 000 d’ici à 2020 – qui généreront des rentrées de taxe professionnelle.

Juliette Prados, candidate pour la première fois, en 8^e position sur la liste d’union, explique que le ralliement du PS local à Jean-Pierre Brard – décidé par la direction nationale, malgré les réticences des militants – s’est accompagné d’avancées.

Juliette Prados :

Kamel, militant PS "loyal", "espère que la décision de la direction ne sera pas contredite par les résultats", car "ce serait une catastrophe, qui voudrait dire que le PS s’est vraiment planté".

Kamel :

Pour l’instant, il veut y croire. Même s’il sait, comme d’autres militants socialistes, que la guerre fratricide entre les forces de gauche à Montreuil pourrait laisser des traces.